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La première liste des formations éligibles fait la part belle aux salariés qualifiés

La liste nationale et interprofessionnelle des formations a été élaborée à partir de deux sources : le Répertoire national des certifications professionnelles et les commissions paritaires nationales de l'emploi des branches professionnelles. Plus de 2000 formations y sont répertoriées. Pour le moment.

La première liste des formations éligibles fait la part belle aux salariés qualifiés

Maintes fois annoncée, plusieurs fois reportée, la première liste nationale et interprofessionnelle des formations éligibles au compte personnel de formation est désormais connue. Le Copanef (Comité paritaire interprofessionnel national pour l’emploi) a déterminé, hier, plus de 2000 de formations. 482 cursus ont été définis à partir du RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles), ciblés sur les fonctions support (finance, ressources humaines, comptabilité, commercial/achat…), déclinables quel que soit le secteur d’activité. Et 1552 formations métiers ont été sélectionnés par les commissions paritaires nationales de l’emploi (CNPE) des branches professionnelles. Chaque salarié pourra, dès le 5 janvier, consulter cette liste unique, en se connectant sur son compte personnel via le site moncompteformation.gouv.fr.

Un travail de longue haleine

« Un travail de bénédictins », a relevé aussitôt Florence Poivey, vice-présidente du Copanef. La tâche était, en effet, ardue. « L’objectif était d’identifier les formations qui correspondent aux besoins économiques avérés », précise Christian Janin, le président de cette instance.

Des formations ciblées dans neuf métiers support

Pour définir les fonctions support, les membres du Copanef se sont appuyés sur les travaux des cabinets Bouteille et Willems (voir en pièce jointe ci-dessous) et les certifications du RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). 2400 certifications avaient été initialement retenues. Aussi ont-ils dû se résoudre à quelques coupes claires pour identifier les 482 formations ad hoc.

Une soixantaine de cursus pour les RH

Y figurent, par exemple, les métiers des ressources humaines. Une soixantaine de formations y est répertoriée, de responsable ressources humaines à gestionnaire de paie, en passant par assistant de recrutement ou responsable en management des ressources humaines. 3% des cursus débouchent sur une certification, délivrée par des écoles de commerce, écoles spécialisées (type IGS) ou universités, de niveau I (bac+5), 6% sur une certification de niveau II (bac+3 et 4) et 4% de niveau III (bac+2). De même, une soixantaine de formations en management y est détaillée dont 9% de niveau I et 5% de niveau II.

41 branches ont défini des formations « métiers »

S’y ajoute les 1552 certifications « métiers » remontées par les CPNE de branches. 41 d’entre elles ont rendu leur copie, couvrant « 7,5 millions de salariés, soit 32% de la population des salariés », indique Florence Poivey.

La part belle aux formations diplômantes

Reste que cette première liste nationale fait la part belle aux formations diplômantes, délivrées par l’Education nationale, notamment pour les cursus sélectionnés par les branches. Nombre d’entre eux débouchent, en effet, sur un master, un titre d’ingénieur ou une licence professionnelle. Mais ces formations sont-elles bien adaptées aux besoins des entreprises qui souhaitent des stages plus opérationnels ? D’autant que ces études au long cours ne sont guère compatibles avec les 150 heures du CPF. « Sauf à y adjoindre des financements complémentaires », reconnaît Florence Poivey. Une manne qui peut provenir soit des branches professionnelles ou du salarié lui-même ». Rares sont, en effet, les prestataires, écoles ou organismes, qui ont mis en place des blocs de certification. A l’instar de l’Afpa qui propose des « briques » (d’environ 175 heures) modulaires pour s’adapter au CPF.

Les niveaux I et II sur-représentés

Par ailleurs, les niveaux I et II sont sur-représentés. On compte ainsi parmi la liste des métiers support 32% de formations de niveau I, 37% de niveau II, contre 6% de niveau IV (bac) et 2% de niveau V (CAP et infra). Et ce, en dépit des intentions du Copanef qui souhaitait « davantage cibler les plus bas niveaux de qualifications ». Or, « 85% des 2500 certifications répertoriées au RNCP sont de niveaux I et II, poursuit l’expert. Soit des titres inaccessibles pour les trois quarts des salariés ». Idem pour les listes remontées des CPNE. Les niveaux V et IV y sont rares.
En outre, il n’existe, pour l’heure, aucune concordance entre les formations éligibles au CPF et leur durée. D’où la difficulté pour l’utilisateur de s’approprier le dispositif. Comment pourra-t-il choisir, en effet, une formation sans connaître le nombre d’heures inscrites dans ces cursus?

Une liste qui reste à compléter

Cette liste nationale n’est, toutefois, pas exhaustive. Elle a vocation à être complétée. C’est un « work in progress », a confirmé Christian Janin. Une nouvelle version sera disponible d’ici le 15 janvier. Elle inclura les formations liées à d’autres fonctions support, comme le marketing, ou transverses à tous les champs professionnels tels l’informatique, les transports ou encore la propreté, encore non répertoriées. Inutile donc de rechercher des formations de « community manager » ou des stages dédiés au « big data », des compétences en vogue actuellement. « Nous devons encore sélectionner ces formations parmi plus de 2 000 cursus recensés par le Syntec », a argué Christian Janin.
Cette liste sera également complétée par celles des branches professionnelles (une cinquantaine d’entre elles ont quasiment finalisé le processus, intégrant de nombreux CQP et CQI) et des régions (via le Coparef). Le Copanef a ensuite prévu deux autres révisions de la liste nationale, la première en mai-juin 2015 et une deuxième en octobre 2015.
Mais, prévient Christian Janin, « on est sur une liste de compromis. Le CPF n’est pas l’outil de toutes les certifications ». Au risque, sinon de « faire une publicité mensongère ». Dit autrement, tous les salariés ne pourront pas suivre toutes les formations de leur choix via ce nouveau dispositif. Gare aux déceptions !

 

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