Interview

Stéphane Blies, co-fondateur de la plateforme pour les entrepreneurs solidaires Weeql.com

Réseau social dédié aux entrepreneurs, Weeql.com est une plateforme solidaire. Son but ? Mutualiser l’énergie des entrepreneurs en leur permettant de bénéficier de réductions et de troquer entre eux leurs produits et services. Le tout, de manière totalement gratuite. Explications.

Stéphane Blies, co-fondateur de la plateforme pour les entrepreneurs solidaires Weeql.com

Pouvez-vous présenter votre plateforme ?

Weeql est une plateforme dédiée aux très petites entreprises. Son lancement officiel est prévu pour le 1er janvier 2011.
Avec mon frère, Nicolas, et Marion Guth, on y développe des outils alternatifs et notamment le TicketProm et le TicketTroc. La base de notre plateforme, en effet, c’est la solidarité. A l’inscription, tout nouveau membre est donc obligé de proposer une remise ou une gratuité sur l’un de ses produits. En retour, il profite des « tickets » des autres. Ce « TicketProm » plaît beaucoup car il donne le sentiment d’accéder à des exclusivités.
Par ailleurs, avec TicketTroc, les entrepreneurs peuvent faire des échanges de services. On n’a rien inventé ici, ce système d’échange existant aux Etats-Unis sous le nom de « bartering », mais forcément, en situation de crise, le troc fonctionne bien.

Que recouvre la notion de « funky business » que vous mettez en avant ?

Le funky business, ce sont avant tout des entrepreneurs décomplexés, qui sont fiers d’être entrepreneurs, mais qui ne se résument pas à ça. Nous voulons les rendre humains car nous trouvons que le métier est souvent mal considéré en France. Le statut de l’auto-entrepreneur a un peu changé ça car on voit l’humain derrière l’entrepreneur, mais dans les entreprises plus importantes, on ressent souvent la haine de l’entrepreneur. Nous-mêmes, nous en avons souffert.
Avec le funky business, on veut rendre l’entrepreneur plus humain, en affirmant : « Oui, je suis entrepreneur, mais je suis aussi autre chose, regardez… »

A qui s’adresse votre plateforme ?

On s’adresse aux entreprises de moins de trois salariés, essentiellement des auto-entrepreneurs, des artisans… On a remarqué que parmi les 2000 préinscrits, beaucoup avaient pour particularité d’avoir créé leur boîte dans le cadre d’une passion.
On pensait attirer plutôt les moins de 45 ans, mais on a eu la surprise de voir que notre initiative intéressait en fait tous les types d’âges. On reçoit notamment beaucoup de mails de personnes qui disent qu’ils ne sont pas jeunes, mais qui pensent qu’ils sont « funky ».

Club des gaypreneurs, des grannypreneurs, des mompreneurs… on reproche souvent aux Français de catégoriser les gens. Ca ne vous gêne pas d’encourager cette tendance avec ces communautés ?

On est tout à fait conscient que Weeql ne peut pas intéresser tout le monde, même si notre but n’est pas de faire du communautarisme. D’ailleurs, on suscite parfois des réactions très fortes, mais c’est parce que nous sommes novateurs. En revanche, avec ceux qui s’y reconnaissent, on tisse un lien très fort et c’est aussi dans ce sens-là qu’on s’affirme comme étant « décomplexés ».
On est d’ailleurs ouvert aussi à l’autodérision : si certains veulent créer des groupes décalés du type « je suis blonde et chef d’entreprise », ce n’est pas un problème !

Que répondez-vous à ceux qui vous disent que vous versez soit dans l’angélisme, soit, à l’inverse, dans le marketing ?

Il y a du marketing dans notre démarche, c’est évident, puisqu’on surfe sur tout ce qui est mouvement gay, granny, mompreneurs… Néanmoins, notre démarche s’inspire d’un livre paru dans les années 2000 qui jetait les bases du funky business (NDLR : « Funky Business » par Jonas Ridderstrale et Kjell Nordstrom). On l’a ensuite adapté à notre sauce en voulant dépoussiérer les clubs d’affaires, ces derniers étant souvent très sclérosés.
Quant à faire de l’angélisme, peut-être que c’est le cas puisqu’on s’adresse à des gens qui ont besoin de dépasser la seule notion d’entrepreneurs, qui ne sont pas là forcément pour gagner beaucoup d’argent, mais pour développer un rêve. Cet enthousiasme-là nous ressemble beaucoup.

Quel est votre modèle économique ?

Weeql est une association qui fonctionne avec la publicité classique et l’appel aux dons des membres selon le principe de Wikipedia.
Nous voulons que la plateforme reste gratuite et en accès libre. Le but est de créer une communauté avec un maximum d’outils grâce à des partenariats et de monter des projets en parallèle.

Quels sont vos objectifs ?

On ambitionne les 20.000 membres en septembre 2011 sur la francophonie, sachant qu’on a aussi prévu d’ouvrir en Belgique, en Suisse et au Luxembourg. On a apparemment plus de potentiel de développement en Belgique, les Belges étant plus ouverts au concept…

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME

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