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Défaillances d’entreprises : les PME font bande à part

Selon la dernière étude du cabinet Altarès publiée le 21 janvier, les défaillances d’entreprises sont au plus bas depuis 10 ans. Une embellie de façade pour les PME qui connaissent encore un taux en hausse.

Défaillances d’entreprises : les PME font bande à part
« Chaque jour, une société de plus de 50 salariés tombait en défaillance cette année », note Thierry Millon, directeur des études Altarès. © Adobe Stock

C’est dommage, il y aurait eu de quoi se réjouir. Le nombre de défaillances d’entreprises a reculé de 4,8 % pour atteindre son plus bas niveau depuis 10 ans en enregistrant 52 002 procédures. L’année 2019 a même fini en beauté avec un 4e trimestre d’avant-crise : 13 514 jugements ont été recensés (- 8,8 % par rapport au 4e trimestre 2018). Avec le record tombé du nombre d’entreprises créées, le carton plein n’était pas loin. C’était sans compter sur les PME de plus de 50 salariés dont les défaillances se multiplient à contre-courant depuis deux ans.

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Défaillances d’entreprises : les PME toujours aussi impactées

À part, les PME poursuivent leur chute amorcée l’an dernier (+ 14,1 %). « Cette année, ce sont les PME qui ont été durement impactées », retient Thierry Millon, directeur des études Altares. Avec 347 défaillances sur l’année, elles affichent une augmentation de 13,9 points par rapport à 2018. Le dernier trimestre n’est guère plus reluisant avec une hausse de 10,1 % (après + 12,7 % fin 2018 et + 14,5 % fin 2017).

Avec les TPE de moins de 3 salariés qui représentent 3 procédures sur 4, ce sont les PME comptant entre 50 et 99 salariés qui accusent le coup. «  Chaque jour, une société de plus de 50 salariés tombait en défaillance cette année », précise Thierry Millon. Une augmentation de 20 % a été enregistrée sur l’année 2019 avec une recrudescence de 33 % pour le dernier trimestre. Parmi ces PME en faillite, près du tiers provient de l’industrie manufacturière. Secteur dans lequel la hausse du nombre de créations a été la plus forte sur l’année (+ 33,5 %).

Résultat ? En dépit du nombre de défaillances en baisse, le nombre d’emplois menacés est en hausse (+ 1,6 %). D’une manière générale, du côté des petites entreprises, gare à l’emphase. « L’absence de cessation de paiement – et donc de défaillance en 2019 – masque en réalité des trésoreries toujours sur le fil. La survie de nombre d’entre elles passe par de fortes mesures d’économies à commencer par l’acceptation de ne plus se verser un salaire en attendant », note lucide Thierry Millon.

Défaillances d’entreprises : les boulangeries mangent leur pain blanc

L’industrie agroalimentaire présente un nombre de défaillances en baisse de 14 %. L’activité boulangerie et boulangerie-pâtisserie qui représente plus de 80 % des entreprises défaillantes dans le secteur jouit d’une nette amélioration (- 13 % pour 2019 et – 17 % au dernier trimestre). Idem pour le secteur de la restauration qui connait une baisse globale de 5,5 % avec un recul de 8,1 % au 4e trimestre après une année 2018 difficile. Du bon côté de la barrière, citons aussi les services à la personne (- 6,3 %), le commerce de détail (- 6,7 %) ou le second œuvre (- 8,4 %).

À l’inverse, les services informatiques et édition de logiciels (+ 4,3 % sur l’année ; + 30 % du côté des portails internet) et les transports (+ 5,3 % ; + 8 % pour le fret interurbain) virent au rouge. Signe que le papier tire de plus en plus sa révérence, les imprimeries de labeur s’évanouissent en fin d’année (+ 86 % au 4e trimestre). Activités de nettoyage de bâtiment, maçonnerie générale, mécanique industrielle et taxis sont également sur la mauvaise pente.

Défaillances d’entreprises : quid pour 2020 ?

En trompe l’œil, l’éclaircie sera en plus de courte durée. « La croissance 2020 est attendue au mieux stable et plus certainement en retrait par rapport à 2019, prévient le directeur des études Altares. Dans ces conditions, on peut difficilement prévoir de descendre sous le seuil des 52 000 procédures collectives l’année prochaine. » L’impact des tensions sociales de fin et début d’année sur les trésoreries est également à prévoir.

Matthieu Barry

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