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Covid-19 : les TPE/PME craignent pour leur survie

Les dernières enquêtes des organisations patronales représentatives CPME et U2P mettent en avant les craintes des chefs d’entreprise pour la pérennité de leur TPE/PME dans le contexte sanitaire actuel. Principaux enseignements de ces deux études.

Covid-19 : les TPE/PME craignent pour leur survie
Plus de la moitié des dirigeants TPE/PME considèrent que le couvre-feu freine leur activité. © Adobe Stock

La majorité des dirigeants (54 %) craignent pour la pérennité de leur TPE/PME selon une récente étude de la CPME [*]. Ils n’étaient que 47 % lors d’une précédente enquête en septembre. Un chef d’entreprise sur deux (49 %) estime « ne pas être en capacité de supporter un troisième confinement ». Si cette menace a pour le moment été écartée par l’exécutif, les effets du couvre-feu se font néanmoins cruellement ressentir pour tous ces commerces.

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Ainsi, plus de la moitié des entrepreneurs (53 %) considèrent que le couvre-feu freine leur activité. « La campagne automne-hiver a été désastreuse avec moins 80 % au mois de novembre », se lamente Jean-Pierre Gonet, président de la Fédération des détaillants en chaussures de France (FDCF) représentant 3 600 entreprises et 4 700 magasins. Bilan, l’année 2020 a enregistré une baisse d’activité de 19 % pour le secteur par rapport à l’an passé.

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90 000 entreprises pourraient fermer dans les prochains mois

Si ces érosions restent très variables selon les secteurs, les deux tiers des TPE/PME (65 %) ont connu une baisse d’activité au cours des deux derniers mois de 2020 par rapport à la même période en 2019. Un chiffre similaire révélé par l’enquête de l’U2P [**], avec 71 % des chefs d’entreprise de proximité qui font état d’une baisse de chiffre d’affaires, dont 13 % qui notent une chute supérieure à 50 %. Sur l’ensemble de l’année 2020, l’activité des entreprises de proximité s’affiche ainsi à – 12,5 %.

Le secteur le plus touché : les hôtels, cafés, restaurants, dont le chiffre d’affaires s’est contracté de 55 %, avec 7 % d’entre eux qui ont dû licencier. À l’autre extrémité, 68 % des commerçants de l’alimentation ont réussi à maintenir ou à développer leur activité (+ 1,5 % en moyenne) par rapport à 2019. Conséquence ? Une dégradation de la trésorerie pour la moitié des entreprises (52 %). Ainsi, selon la CPME, 45 % des 220 000 entreprises ayant utilisé leur prêt garanti par l’Etat (PGE) doutent de leur capacité à le rembourser, contre seulement une sur trois (34 %) il y a quatre mois. 33 % auraient le sentiment que leur entreprise est « sous perfusion de l’État ».

« J’ai des retours quotidiens de confrères qui sont en plan de sauvegarde. En temps normal cela permet d’éviter les dépôts de bilan mais dans la situation actuelle, c’est l’arbre qui cache la forêt. »

Autre signe inquiétant : parmi les TPE/PME ayant bénéficié de reports de cotisations fiscales ou sociales, plus d’une sur trois (36 %) pense ne pas être en capacité de les rembourser, contre 28 % en septembre. L’étude de l’U2P est plus optimiste, avec seulement 8 % des chefs d’entreprise qui estiment ne pas être en mesure de rembourser les aides contractées et 52 % qui considèrent que « la situation financière de leur entreprise est saine ».

In fine, 3 % d’entre eux, soit 90 000 entreprises, anticipent une fermeture au cours des prochains mois. « J’ai des retours quotidiens de confrères qui sont en plan de sauvegarde. En temps normal cela permet d’éviter les dépôts de bilan mais dans la situation actuelle, c’est l’arbre qui cache la forêt. On craint que beaucoup aient du mal à remonter la pente à cause de leur manque de trésorerie : les entreprises ont creusé leurs dettes et ont atteint un fort niveau d’endettement », alarme Jean-Pierre Gonet.

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La moitié des dirigeants ont accéléré leur transition numérique

Les perspectives pour les mois à venir ? 52 % prévoient une baisse de chiffre d’affaires dans les prochains mois et 25 % envisagent de réduire leurs effectifs selon la CPME. Si dans le secteur de la chaussure, le mois de décembre a été bon avec plus de 27 % d’activité, janvier a été « une catastrophe, avec des soldes historiquement faibles qui ont été un marasme », explique Jean-Pierre Gonet.

Pour « entrevoir le bout du tunnel », 68 % des artisans, commerçants et professionnels libéraux, souffrant du manque de visibilité, demandent « le maintien du Fonds de solidarité pour toutes les entreprises dont le chiffre d’affaires demeure inférieur de 50 % à son niveau de 2019 ». Pour rappel, depuis le 1er janvier, seules les entreprises administrativement fermées et les entreprises des secteurs qui leur sont étroitement liés peuvent encore en bénéficier.

« Les entreprises de proximité sont en équilibre précaire. Si certains dispositifs, en particulier l’activité partielle, ne sont pas maintenus jusqu’à la fin de l’année, elles pourraient ne pas survivre aux prochains mois »

Deuxième requête : 60 % réclament une annulation des charges sociales de l’année 2020 pour celles qui ont subi des fermetures administratives. « Les entreprises de proximité sont en équilibre précaire. Si certains dispositifs, en particulier l’activité partielle, ne sont pas maintenus jusqu’à la fin de l’année, elles pourraient ne pas survivre aux prochains mois », déclare Dominique Métayer, président de l’U2P, dans un communiqué.

Malgré ce contexte morose, les dirigeants essaient de se projeter dans l’avenir. Parmi les quelques signaux positifs, l’étude de la CPME met en avant la transition numérique des entreprises. Ainsi, pour la moitié (49 %) des répondants, la crise actuelle l’a accéléré. Là aussi, l’équipement reste très variable selon les secteurs d’activité : « La plupart des détaillants du secteur de la chaussure ne sont pas équipés », regrette Jean-Pierre Gonet dont la fédération teste actuellement plusieurs solutions pour ses adhérents pour leur permettre a minima de « maintenir un dialogue avec leurs clients ».

Enfin, pour faire face à la situation, une très forte majorité des chefs d’entreprise (65 %) se dit prête à organiser des campagnes de vaccination dans les locaux professionnels. En revanche, seul un quart (26 %) des dirigeants se sent concerné par le plan de relance du gouvernement.

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Charlotte de Saintignon

[*] Enquête CPME « Bilan et perspectives 2021 dans les TPE/PME » réalisée auprès de 2 400 dirigeants de TPE/PME entre le 7 et le 20 janvier 2021.

[**] Enquête U2P – Xerfi menée en janvier 2021 auprès de 6 200 artisans, commerçants de proximité et professionnels libéraux.

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