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Entreprendre au féminin : encore des freins à lever

Ce ne serait pas tant le manque de confiance en elles qui freinerait les femmes pour se lancer dans l’entrepreneuriat que la peur de ne pas dégager assez de revenus et d’échouer. C’est ce que met en avant le baromètre de l’Observatoire BNP Paribas de l’Entrepreneuriat Féminin, réalisé par Occurrence. Résultats de cette première étude qui lève le voile sur les freins et les principales motivations des femmes entrepreneures.

Entreprendre au féminin : encore des freins à lever

Deux tiers des femmes (67%) craignent de ne pas dégager assez de revenus et d’échouer en créant leur entreprise. Dans le détail, la peur de ne pas dégager assez de revenu est cité par 37% d’entre elles et la peur de l’échec financier et du manque de clients par 30%. « Ce sont des freins psychologiques forts » souligne Céline Mas, associée du cabinet d’études et de conseil en communication Occurrence, et présidente d’ONU Femmes France. Souvent présenté comme l’un des freins majeurs de l’entrepreneuriat féminin, le manque de confiance en soi n’est finalement mentionné que par 16% des femmes et n’apparaîtrait donc pas comme un critère discriminant. Les craintes pécuniaires évoquées pourraient en partie s’expliquer par le manque d’ambition de certaines femmes : l’étude met ainsi en avant que seules 11% d’entre elles créent une entreprise pour gagner plus d’argent. Leurs motivations sont toutes autres : 46% souhaitent se sentir plus autonomes, 28% donner plus de sens à leur vie et 22% obtenir une vie personnelle et privée plus équilibrée. Pari réussi puisqu’aujourd’hui une entrepreneure sur deux considère avoir amélioré cet équilibre. Côté financement, il apparaîtrait aussi que les femmes ne seraient pas très gourmandes : 8 entrepreneures sur 10 lancent leur entreprise avec leurs propres économies. Seulement 10% seraient passées par un prêt bancaire et 7% par une levée de fonds. « Elles sont dans une sorte d’autarcie économique » commente Céline Mas. Parmi les difficultés qu’elles relèvent en tant qu’entrepreneures, elles pointent d’ailleurs notamment du doigt l’insuffisance de financement et leur insécurité financière.

1 femme sur 2 n’est pas membre d’un réseau professionnel

Les secteurs dans lesquels elles évoluent jouent peut-être également un rôle. Le plus convoité étant celui des services (en particulier dans le domaine de la santé (15%) et du commerce (11%)) et pour 34% dans d’autres activités de services. En revanche, elles sont peu nombreuses à se lancer dans les secteurs scientifiques et techniques (3%) ou dans la finance et l’assurance (2%). « Des choix qui corroborent les stéréotypes avec des fonctions régaliennes de finance et de tech’ toujours réservées aux hommes », souligne Céline Mas. Le statut qu’elles plébiscitent le plus confirme ce manque d’ambitions : l’auto-entreprise, qui est le choix de 4 femmes sur 10. Autre explication possible, même si les entrepreneures encouragent les femmes qui veulent se lancer à s’entourer de structures accompagnantes, de réseaux professionnels et d’entrepreneurs et experts, dans les faits, elles ne seraient elles-mêmes pas assez entourées. Ainsi, une entrepreneure sur deux n’est pas membre d’un réseau professionnel. Pourtant, elles rencontrent les mêmes difficultés que les hommes en tant qu’entrepreneures : concurrence, complexité administrative, manque de visibilité… « Les femmes doivent surmonter quelques blocages, comme moins hésiter à lever des fonds et à demander plus, déléguer certaines tâches opérationnelles pour prendre de la hauteur, et fréquenter plus de réseaux professionnels,  » facteurs d’accélération majeurs  » commente Marie-Claire Capobianco, directrice des réseaux France et membre du Comité exécutif de BNP Paribas.

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4 femmes sur 5 ont confiance dans l’avenir

Un chiffre semble néanmoins plus encourageant : 60% des femmes interrogées veulent au moins doubler leur chiffre d’affaires dans les 5 ans. Reste à le comparer avec la vision de l’avenir des hommes entrepreneurs que l’étude ne fournit pas. Il convient également de noter que la majorité d’entre elles (82%) ont confiance en l’avenir et 40% donnent comme premier conseil d’ « oser franchir le pas » de la création. « Elles ont un mental vaillant et restent dans une démarche offensive malgré les difficultés dont elles sont conscientes », observe Céline Mas. Peut-être parce l’âge moyen de ces femmes entrepreneures est de 43 ans, et que leur entreprise a déjà en moyenne 9 ans d’existence. « Ce sont donc des femmes qui ont réussi à surmonter ce que l’on appelle la vallée de la mort » note Céline Mas, ces premières années difficiles pour l’entreprise durant lesquelles elle encoure un risque majeur de disparition. In fine, les femmes sont encore trop peu nombreuses puisque moins du tiers des nouvelles entreprises françaises sont créées par la gente féminine. « Un chiffre qui ne bouge pas depuis plusieurs années déplore Marie-Claire Capobianco qui répète qu’il faut réussir à passer enfin de 30% à 40% ».  

*Baromètre Occurrence pour l’Observatoire de l’entrepreneuriat au féminin réalisé auprès de 810 femmes entrepreneures entre avril et mai 2018 

Charlotte de Saintignon

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