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Initiative France : les entrepreneurs optimistes malgré la crise et l’inflation

La dernière enquête du réseau d’accompagnement et de financement Initiative France, qui a accompagné plus de 20 000 entreprises en 2022, révèle le bonheur des Français à entreprendre « envers et contre tout ». Si les dirigeants d’entreprise confirment être bousculés par les conséquences de la guerre en Ukraine, et notamment par les hausses des prix des matières premières, ils n’en demeurent pas moins satisfaits de leur choix d’avoir créer leur entreprise.

Initiative France : les entrepreneurs optimistes malgré la crise et l’inflation
L’enquête d'Initiative France révèle que malgré les difficultés qu’ils rencontrent, les entrepreneurs soutenus par le réseau gardent un état d’esprit positif (61%). © Getty Images

« C’est jouissif d’être son propre patron », s’exclame Cerise Steiner, qui a créé en mars 2021 à Marseille les Fabricoleuses, une entreprise de rénovation exclusivement féminine. « Quand on est entrepreneur, on ne vit que pour son entreprise. Tous les matins, je me lève à 5h30 sans réveil, le cerveau déjà en action. On mange et on dort pour son entreprise. C’est extrêmement présent ». De fait, la frontière entre vie privée et vie professionnelle est très fine. « Tout se mélange », poursuit la jeune entrepreneure. Ce que confirme Patricia Lexcellent, déléguée générale du réseau Initiative France : leurs deux vies, personnelle et professionnelle, sont tellement « imbriquées » que la question de l’équilibre entre les deux ne se pose pas de la même manière que pour des salariés. « C’est un choix de leur part. Ils ont plus le sentiment de maîtriser leur temps et ont le choix de s’organiser à leur rythme et comme ils l’entendent. D’où une satisfaction plus forte de leur part ».

Autre élément qui fait toute la différence, le fait d’être aligné par rapport à leurs valeurs personnellement et professionnellement. À l’image de Cerise Steiner, les dirigeants d’entreprise interrogés par le réseau Initiative France semblent pour la grande majorité « vivre la création d’entreprise comme un facteur d’épanouissement », indique Patricia Lexcellent. Ainsi, deux tiers disent être plus heureux maintenant qu’ils ont créé leur entreprise que dans leur activité professionnelle antérieure. L’enquête d’Initiative France révèle également que malgré les difficultés qu’ils rencontrent, ils gardent un état d’esprit positif pour 61% d’entre eux. « Ils sont motivés et combatifs », confirme Patricia Lexcellent. Un optimisme d’autant plus marqué chez les entrepreneurs qui se sont lancés il y a moins de 3 ans (67 %) et qui sont encore dans une dynamique positive.

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La crise énergétique et l’inflation, des fardeaux lourds à porter

Principale difficulté rencontrée par les dirigeants, la hausse des prix des matières premières, pour 58 % d’entre eux. Avec certains secteurs plus concernés que d’autres : 86 % des agriculteurs, 80 % des gérants d’hôtels-cafés-restaurants et 69 % des professionnels de l’industrie et de l’artisanat. Autre difficulté, les coûts de l’énergie, pour 45 % d’entre eux, et notamment pour les gérants d’hôtels-cafés-restaurants (70 %) et les agriculteurs (53 %). « Ces deux phénomènes cumulés entraînent une réelle tension sur leur trésorerie », prévient Patricia Lexcellent. Pour les trois quarts des entrepreneurs, celle-ci est en baisse ou stable. Néanmoins, « Ils ont pris les devants et ont mis en place des plans de sobriété ou fait évoluer leur modèle économique » commente-t-elle. Résultat, ils restent globalement confiants en l’avenir.

Ainsi, ils sont 62 % à anticiper une situation économique « meilleure ou stable » en 2023.À l’image de tous ces entrepreneurs, Cerise Steiner a connu des moments compliqués ces derniers mois. Il y a trois semaines, son moral était « catastrophique », entre la hausse des matières premières sur la peinture et le béton ciré et le mauvais casting de l’une de ses salariées. « Pourtant, je ne suis pas la plus impactée dans le bâtiment par les hausses de prix de l’énergie. Mais j’ai cru que l’entreprise allait péricliter », confie-t-elle. La cheffe d’entreprise a dû en outre faire face à des retards de paiement qui ont bien failli la mettre à terre. « De juin à octobre, trois chantiers ont été retardés à cause des difficultés d’approvisionnement : le matériel des précédents corps d’état n’est jamais arrivé à temps ». Effet boule de neige, la cheffe d’entreprise a payé les frais de ces retards par des décalages de trésorerie pour son entreprise.

« On ne lâche rien, on y croit toujours même lorsque l’on fait face à des défaites et on va de l’avant. Le métier de chef d’entreprise ne s’apprend pas, il n’y a ni formation ni manuel. C’est expérientiel, il faut faire des erreurs »

« Mes dettes se sont accumulées et je n’étais pas autorisée à avoir un découvert bancaire car je n’avais pas de premier bilan. Ces trois mois ont été les pires de ma vie de chef d’entreprise ». Malgré des appels au secours auprès de Bpifrance et de la médiation du crédit, l’entrepreneure ne parvient à obtenir aucun prêt pour renflouer sa trésorerie. « On rencontre davantage de difficultés lorsque l’on est une femme pour obtenir des prêts bancaires. Les établissements prêtent plus volontiers aux entreprises qui réussissent et aux hommes » reconnaît-elle. C’est finalement grâce à un prêt d’un proche qu’elle trouve son salut pour continuer l’aventure. « On ne lâche rien, on y croit toujours même lorsque l’on fait face à des défaites et on va de l’avant. Le métier de chef d’entreprise ne s’apprend pas, il n’y a ni formation ni manuel. C’est expérientiel, il faut faire des erreurs », conclut celle qui se félicite d’avoir un carnet de commandes rempli jusqu’à cet été. « La vie de chef d’entreprise est finalement très liée à la santé financière de son entreprise », lâche-t-elle dans un sourire.

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L’entrepreneuriat indissociable des transitions écologique, sociale et sociétale

L’enquête menée par Initiative France révèle également l’importance de la RSE pour les entrepreneurs. Deux sur trois considèrent l’impact écologique, social et sociétal de leur entreprise comme « au moins aussi important que l’enjeu économique ». Plus d’un tiers d’entre eux souhaite mettre en place une mesure des impacts. Une prise de conscience encore plus marquée chez les jeunes de moins de 35 ans et chez les femmes. Cerise Steiner ne fait pas exception puisque l’entrepreneuse organise des chantiers participatifs, dans un centre social pour femmes éloignées de l’emploi ou pour rénover les bureaux d’un centre qui accompagne des personnes atteintes de troubles mentaux.

* Enquête nationale conduite auprès de 1732 entrepreneurs soutenus par le réseau Initiative France entre le 10 novembre et le 13 décembre 2022.

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Charlotte de Saintignon

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