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La résidence principale de l’entrepreneur reste insaisissable après l’arrêt de son activité

Même en cas d’arrêt de l’activité, la protection légale de la résidence principale de l’entrepreneur perdure jusqu’à ce que les droits des créanciers auxquels elle est opposable soient éteints.

La résidence principale de l’entrepreneur reste insaisissable après l’arrêt de son activité
Cette solution ne devrait pas être remise en cause par la loi n° 2022-172 du 14 février 2022 qui a créé le nouveau statut d'entrepreneur individuel. © Getty Images

Quelques mois après avoir cessé son activité et été radié du répertoire des métiers, un artisan est mis en liquidation judiciaire. Le liquidateur est autorisé par le juge-commissaire à faire vendre aux enchères la résidence principale de l’artisan et de son épouse. Ces derniers s’y opposent, soutenant que l’insaisissabilité de leur logement (C. com., art. L. 526-1) est opposable à la procédure collective.

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Une cour d’appel écarte cet argument : ayant été radié du registre des métiers depuis 9 mois à la date à laquelle la procédure collective avait été ouverte à son encontre, l’artisan ne pouvait pas bénéficier de l’insaisissabilité de sa résidence principale, compte tenu de la rédaction restrictive de l’article L. 526-1 du code de commerce, même si ses dettes professionnelles avaient été contractées quand il était en activité.

Portée de l’insaisissabilité de plein droit de la résidence principale

La Cour de cassation censure cette décision. L’insaisissabilité de plein droit des droits de la personne immatriculée à un registre de publicité légale à caractère professionnel sur l’immeuble où est fixée sa résidence principale n’a d’effet qu’à l’égard des créanciers dont les droits naissent à l’occasion de l’activité de cette personne. Il en résulte que les effets de l’insaisissabilité subsistent aussi longtemps que les droits des créanciers auxquels elle est opposable ne sont pas éteints, de sorte que la cessation de l’activité professionnelle de la personne précédemment immatriculée ne met pas fin, par elle-même, à ses effets (Cass. com., 11 sept. 2024, n° 22-13.482).

La cessation d’activité ne met pas fin aux effets de la déclaration d’insaisissabilité

La Cour de cassation fait ici application à l’insaisissabilité de plein droit d’un principe qu’elle avait déjà affirmé pour la déclaration d’insaisissabilité (Cass. com., 17 nov. 2021, n° 20-20.821).

Lorsque la déclaration d’insaisissabilité ou l’insaisissabilité de droit est opposable à la procédure collective, le bien concerné est hors procédure (Cass. com., 13 mars 2012, n° 10-27.087) et il ne peut pas être vendu dans le cadre de celle-ci pour apurer le passif (par exemple, Cass. com., 24 mars 2015, n° 14-10.175).

Un droit de saisie du fisc en cas de manœuvres frauduleuses

Rappelons que l’administration fiscale dispose néanmoins d’un droit de saisie en cas de manœuvres frauduleuses de l’entrepreneur ou d’inobservation grave et répétée par celui-ci de ses obligations fiscales (C. com., art. L. 526-1, al. 3).

De son côté, le liquidateur judiciaire n’est pas complètement démuni. Il peut notamment contester l’insaisissabilité si le bien qu’il entend faire vendre n’était plus la résidence principale de l’entrepreneur lors de l’ouverture de la procédure collective.

 

L’équipe NetPME

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