Produire Made in France fédère clients et salariés

Le 14 mars dernier s’est tenue à l’Institut d’administration des entreprises de Paris la conférence sur le Made In France, organisée par Référence DMD, une entreprise de conseil marketing et digital. Nous y avons rencontré Yves Jégo, président fondateur du label Origine France Garantie et deux entrepreneurs : Agnès Beuchet et Thomas Huriez.

« Connaître l’origine d’une marque répond au besoin de traçabilité et de transparence. On a besoin de savoir ce que l’on consomme et d’où ça vient. C’est un élément de choix pour le consommateur » amorce Yves Jégo, président fondateur du label Origine France Garantie. Toutes les études témoignent de l’engouement de plus en plus important pour le Made in France. Il serait depuis plusieurs années un critère de choix pour plus de 70% des Français (Étude Credoc).

Ainsi, les consommateurs préfèrent opter pour une entreprise qu’ils ne connaissent pas mais qui produit sur le territoire plutôt que pour une marque connue qui ne fabrique pas en France. Pour les chefs d’entreprise, le Made in France constituerait l’une des raisons de leur réussite. Selon un sondage réalisé pour le salon MIF Expo, pour 73% d’entre eux, c’est un pilier de l’ADN de leur marque et 62% constatent que c’est un argument qui a un impact fort sur les ventes. « Un argument dont  la valeur porte au-delà des frontières » fait remarquer Yves Jégo : « Le Made in France est aussi porteur d’exportations ».

Après le Made in France, la certification Origine France Garantie

Et pour aller encore plus loin, la certification Origine France Garantie vise à valoriser la production des entreprises. Créée il y a 8 ans suite au rapport parlementaire « En finir avec la mondialisation anonyme – La traçabilité au service des consommateurs et de l’emploi » d’Yves Jégo, quelque 600 entreprises auraient obtenu le label, qui est décerné pour 3 ans. Pour l’acquérir, elles doivent entamer une démarche d’audit pour prouver que leur produit ou leur gamme de produit respecte deux critères : ses caractéristiques essentielles doivent provenir du territoire français et 50% au moins du prix de revient unitaire doit être acquis en France.

La marque de textile éco-responsable 1083 a ainsi été créée par et pour le Made in France. C’est sur le produit le plus mondialisé et le plus polluant du textile, le jean, que Thomas Huriez a misé en cherchant à le relocaliser et à le rapprocher du consommateur. La marque, qui conçoit ses produits dans le Tarn, le fait savoir, notamment sur les réseaux sociaux. Sur Instagram, elle explique ses secrets de fabrication et les bénéfices du produire en France sur l’emploi local et sur l’écologie. « C’est plus puissant que n’importe quelle carte de fidélité » assure le président fondateur.

Le Made in France pour contrôler ses approvisionnements et mieux maîtriser ses stocks

Agnès Beuchet, qui a racheté la marque de loisirs créatifs Mako moulages en 2013 et relancé les fameux jouets en plâtre de la marque, faire du Made in France était une évidence. A la fois pour respecter l’origine et le patrimoine de la marque en vogue dans les années 70 et pour rassurer les parents sur la fabrication. Après avoir fait un tour de France pour trouver des filières de fabrication françaises, l’entrepreneure se félicite aujourd’hui de son choix. « Fabriquer en France permet d’être plus souple et réactif, de réapprovisionner rapidement les magasins en cas de rupture de stock et offre donc un avantage concurrentiel. »

Thomas Huriez se réjouit de son côté de ces circuits courts qui permettent de maîtriser sa filière en se rendant directement dans les usines de fabrication. « Se rapprocher d’une production en flux tendus permet de limiter le cycle de fabrication, la surproduction et donc le BFR. » Malgré la réduction des frais de transport induit par le produire en France, exigences et qualité supérieures ont néanmoins un coût. « Je marge moins que mes concurrents chinois qui fabriquent en Chine », indique Agnès Beuchet.

Autre avantage pour ces entreprises du Made in France, créer de l’implication et de la valeur au sein même de l’entreprise et rassurer les collaborateurs qui ne risquent plus de voir la production délocalisée. « La démarche est positive en termes de communication interne » assure Yves Jégo. Thomas Huriez va même plus loin, en soutenant que le MIF permet aux salariés de comprendre ce qu’ils font et donc de donner du sens à leur travail et in fine d’être plus engagés. « On a moins de mal à recruter quand on fait du MIF. Je reçois plein de candidatures spontanées ! » se réjouit-il.

Charlotte de Saintignon