Actu

Remettre à plat le dispositif de soutien à l'export

Reconquérir l’exportation par les PME qui ne totalisent pour l’heure que 13% des exportations françaises. C’est l’objectif affiché par le gouvernement lors de la journée Bercy financement export 2018. Pour inciter les chefs d’entreprise à se lancer et pallier leurs incertitudes, le gouvernement veut à la fois mieux les guider et les former et leur proposer une palette de prêts et de garanties.

Remettre à plat le dispositif de soutien à l'export

« Avec des marges rétablies et une confiance au plus haut, les PME veulent de plus en plus se tourner vers l’international, se réjouit Christophe Lecourtier, DG de Business France. Notre dispositif d’accompagnement doit se mettre au diapason de cette envie plus forte des PME d’exporter. Nous voulons leur donner l’envie et la confiance pour aller à l’international. Le problème est qu’elles ne savent pas par où commencer tant l’environnement est complexe. » D’où l’idée d’une adresse unique dans chaque région à laquelle s’adresser pour se préparer à l’aventure de l’export.

Mise en réseau des acteurs via un guichet unique

S’il y a « profusion des offres de soutien » note Richard Yung*, ils ne sont pas toujours coordonnés et connus. « Le problème des petites entreprises est qu’elles ne sont pas au courant de ce qu’elles peuvent faire et des aides auxquelles elles peuvent prétendre », déplore le sénateur des Français de l’étranger. Prenant l’exemple des entreprises italiennes qui performent à l’étranger grâce à un système de coaching, le binôme propose un guichet unique dans chaque région pour mettre en relation toutes les aides. Regroupant les principaux acteurs du commerce à l’international, il sera doté d’un réseau de consultants chargés d’aider les chefs d’entreprise à se préparer. « Il faut aller au plus près du terrain pour toucher les PME » note Eric Kayser, président de la Maison Kayser. Cette idée d’une « Team France export » a été reprise par le Premier ministre Edouard Philippe le 23 février dernier. Même chose à l’étranger où un correspondant unique, de Business France ou de tout opérateur privé, sera nommé pour soutenir les PME dans chaque pays. « Démarchées par trop d’acteurs, les entreprises ont besoin d’interlocuteurs uniques de proximité ». Ils seront chargés de faire l’inventaire des questions que se posent les chefs d’entreprise dans une logique de conseil et de les conduire vers les bons partenaires. « Quand on sait qu’une entreprise sur trois qui exporte en année 1 disparait en année 2, il y a un vrai besoin de diagnostiquer les besoins des entreprises, de les préparer et de les orienter vers la bonne solution et les bons marchés » signale le DG de Business France. La plateforme numérique qui va regrouper l’ensemble des offres pour l’export d’accompagnement et de financement, privé comme public, permettra elle aussi de mieux les orienter.

Une assurance prospection simplifiée

Dans le check-up à l’exportation, la clé de la réussite reste également le financement. « Le pendant du guichet unique, c’est la banque unique à l’export » soutient Christophe Lecourtier. D’où l’idée du coach conseiller pour faire connaître au chef d’entreprise à toutes les solutions existantes. Bpifrance devient ainsi « l’interlocuteur privilégié » et le guichet unique pour les financements exports publics des PME. Pour Eric Kayser, « si personne n’est là pour les accompagner, cela ne marche pas. Il faut mettre en place des formations à la carte et prendre la main des chefs d’entreprise. » L’idée est de simplifier au maximum les offres existantes et de rendre les dossiers à monter moins techniques pour les chefs d’entreprise. En témoigne la simplification de l’assurance prospection. Cette assurance censée faciliter le démarrage de l’export permet aux entreprises de bénéficier d’une avance de trésorerie sur les dépenses engagées dans la prospection à l’étranger. La procédure d’inscription et le nombre d’échanges nécessaires vont notamment être réduits. Avec cette nouvelle formule, Bpifrance prévoit d’augmenter en 2018 d’au moins 30% le nombre de contrats Assurance Prospection. Et pour « donner plus de visibilité et de souplesse aux entreprises, le gouvernement propose une avance de trésorerie » ajoute Delphine Gény Stephann – soit une avance de cash immédiate de 50% de leur budget prévisionnel. La secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances de conclure que les entreprises ont besoin de « moins d’incertitudes dans cette aventure risquée qu’est l’export. L’Etat est là avec une palette de prêts et de garanties à compléter. » D’où le lancement du « Pass’Export », un « dispositif premium » qui permet aux entreprises pendant une durée déterminée de bénéficier du maximum de garanties publiques auprès des banques sans avoir à faire de démarches administratives.

Changer la culture des entrepreneurs

Mais la plus grande difficulté reste d’ordre culturel. « Il ne suffit pas de changer des instruments, il reste un travail sur le long terme à faire. Les freins sont dans la tête des chefs d’entreprise. Ils ne vont pas forcément se projeter à l’international » regrette Richard Yung. « Il faut travailler massivement la psychologie des entrepreneurs qui appréhendent de se lancer et de ne pas savoir faire. Nous devons dialoguer avec eux pour qu’ils aient confiance » confirme Nicolas Dufourcq. D’où la volonté du gouvernement de faire du porte à porte de masse pour aller chercher les primo exportateurs dans les territoires. « Plus qu’un guichet unique, il s’agit d’une ruche d’où sortiront les conseillers pour aller au contact des entreprises et les sensibiliser à l’international » conclut Christophe Lecourtier.

* co auteur avec Eric Kayser du rapport qui va alimenter le volet « conquête de l’international » du Pacte

Charlotte de Saintignon

Laisser un commentaire

Suivant