Actu
Transition numérique : le retard des TPE pourrait leur porter préjudice
Les TPE françaises accusent un retard important dans leur passage au numérique. Rencontre avec Florence Saubatte, consultante en stratégie digitale pour comprendre ce qui ralentit l’évolution des petites sociétés et quelles en sont les conséquences.
La France est le 8ème pays le plus avancé dans la transformation numérique des entreprises, selon une étude de novembre 2016 du cabinet Vanson Bourne. Si ce classement est honorable, toutes les entreprises françaises ne s’adaptent pas au numérique à la même vitesse. L’engagement des PME, ETI et grandes entreprises est bien avancé contrairement à celui des TPE qui peinent à entamer leur transition digitale. Selon une étude Sage de novembre 2016, plus des deux tiers des PME et ETI ont entamé leur transformation tandis que c’est le cas de seulement 16% des TPE.
Florence Saubatte, dirigeante d’Altitud’RH et consultante, accompagne quotidiennement les entreprises dans leur passage au numérique. Selon elle, il est urgent que les sociétés, même les plus petites, s’adaptent rapidement à ces nouveaux usages : « On vit dans un monde avec une utilisation mobile à titre individuel et tout est impacté. Tout se fait par internet aujourd’hui. Le monde est en train de changer radicalement et il faut créer une prise de conscience chez les chefs d’entreprises pour qu’ils ne repoussent pas leur engagement dans la transformation numérique. » Pour se faire, les dirigeants doivent passer outre les freins qui les empêchent d’évoluer.
« Les dirigeants de TPE ont peur de ne pas savoir maîtriser les outils digitaux »
Les chefs de petites entreprises sont susceptibles de se sentir rapidement dépassés par tous ces usages numériques à intégrer dans la gestion quotidienne de leur activité. « Les changements se font très lentement, confirme Florence Saubatte. Les dirigeants de TPE ont peur de ne pas savoir utiliser les outils digitaux et de mal gérer les réseaux sociaux professionnels. » Cette crainte n’est pas le seul argument avancé pour ne pas entamer sa transition numérique : le coût, le manque de compétence en interne et l’inquiétude pour la sécurité des données relatives à l’entreprise sont aussi avancés. D’ailleurs, les dirigeants sondés par McKinsey France pensent que la transition numérique fera croître leur résultat opérationnel de 7% seulement. Un mauvais investissement, estiment-ils, face aux nombreuses adaptations qu’exige une transition numérique.
« La croissance des entreprises présentent sur internet et les réseaux sociaux est six fois supérieure aux autres »
Pourtant, ces estimations ne reflètent pas la réalité. La même étude de McKinsey France révèle que réussir sa transition numérique augmenterait le résultat opérationnel de 40 % et qu’il baisserait de 20% pour les sociétés qui ne parviendraient pas à s’adapter. Florence Saubatte se veut aussi rassurante en ce qui concerne l’usage des réseaux sociaux : « Aujourd’hui, les internautes sont saturés d’information, il n’est donc pas nécessaire pour les entreprises d’investir tous les réseaux sociaux ! Quelques-uns bien choisis suffisent pour obtenir une bonne visibilité numérique. » Il faut malgré tout être conscient qu’une simple présence sur le web n’est pas suffisante. La société doit se différencier de ses concurrentes, proposer une expérience client originale et s’adapter rapidement à cette ère numérique où tout va très vite. « La croissance des entreprises présentent sur internet et sur les réseaux sociaux est six fois supérieure aux autres. Mais les sociétés doivent aller au-delà et développer leur attractivité pour séduire des clients ou des jeunes talents » explique la fondatrice d’Altitud’RH.
« Il faut développer le travail collectif pour réussir sa transition digitale »
Plus les entreprises sont petites, plus il est facile pour un chef d’entreprise d’entraîner ses employés dans cette transition numérique. Et pour l’aider dans sa mutation, l’employeur doit favoriser le travail en équipe en mélangeant notamment les générations. C’est cette méthode que prône l’experte : « De nos jours, quatre générations cohabitent en entreprise. Il est indispensable d’identifier les compétences de chacun et de ne pas sous-estimer la force du collectif. Chaque génération peut apporter à l’autre que ce soit par l’apprentissage des usages numériques ou un partage d’expérience professionnelle. »
La patience est aussi de rigueur lorsque l’on entame sa transition numérique : acquérir une bonne visibilité numérique demande environ 2 années dans n’importe quel secteur. Florence Saubatte alerte les retardataires qui ne devraient pas tarder à se digitaliser s’ils désirent rester compétitifs. « Bientôt, la génération Y sera à la tête des entreprises. Si les sociétés dirigées par les plus de 50 ans ne prennent pas le tournant aujourd’hui, elles vont avoir du mal à survivre. »
Melissa Carles
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire.
Commentaires