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Bourgogne-Franche-Comté : la région la plus industrialisée de France

Plus d’un salarié du privé sur quatre travaille dans l'industrie en Bourgogne-Franche-Comté. Le maillage important de PME et TPE, souvent sous-traitantes, permet de faire vivre les territoires ruraux. Explications de Benoît de Charrette, président préfigurateur de la chambre de commerce et d’industrie régionale Bourgogne-Franche-Comté.

Bourgogne-Franche-Comté : la région la plus industrialisée de France

« La région Bourgogne couvre 6 % du territoire national », notait la CCI de Bourgogne en 2015. Avec une autre particularité : dans les années 1950, la Bourgogne a créé la Super Cocotte Seb, les avions Jodel et les collants  Dim. Elle fabrique désormais le cœur des centrales nucléaires, les bogies (1) du TGV, les pansements Urgo et les cosmétiques des Laboratoires Vendôme », complète Qapanews fin août 2015. Cette réalité industrielle bourguignonne ne s’est pas démentie depuis son mariage avec la Franche-Comté : la nouvelle région, qui compte désormais huit départements et représente 9 % du territoire français, est en tête des 13 nouvelles régions selon le critère de la part des emplois industriels dans l’emploi total (17 % contre 12 % en moyenne métropolitaine). Comme dans le reste du pays, les petits établissements économiques, tous secteurs confondus, prédominent : près de 99 % des 242 680 établissements actifs que comptait la région au 1er janvier 2014 comprenaient moins de 50 salariés (dont 162 800 qui n’en avaient aucun). Quatre secteurs rassemblent 56 % des effectifs de l’industrie : la métallurgie et la fabrication de produits métalliques ; le matériel de transport ; les denrées alimentaires, boissons et produits à base de tabac ; les produits en caoutchouc et en plastique et autres produits minéraux non métalliques (Insee, Flash Bourgogne-Franche-Comté n°01, janvier 2016). Autre motif de satisfaction, cette fois-ci dans les services : la fréquentation touristique dans l’hôtellerie et dans l’hôtellerie de plein air s’élève fin 2015 « à des niveaux rarement atteints depuis 2010 ». Avec 2 405 200 nuitées enregistrées durant le troisième trimestre 2015, la fréquentation hôtelière en Bourgogne-Franche-Comté a augmenté de 5,6 % par rapport au troisième trimestre 2014.

« Des PME détentrices de très bons savoir-faire »…

Benoît de Charrette, président préfigurateur de la CCIC Bourgogne-France-Comté (2), dépeint cette nouvelle région caractérisée par « un fort maillage territorial des PME et TPE, souvent sous-traitantes d’entreprises » qui ont un siège social hors de la Bourgogne-Franche-Comté. Alstom, PSA, Michelin par exemple travaillent avec des PME ou TPE « détentrices de très bons savoir-faire ». Souvent constituées de capitaux familiaux, celles-ci font vivre des zones très rurales qu’anime également une filière agro-alimentaire puissante, conférant une forte identité aux territoires (le « comté » dans le Doubs, les vins « Nuits-Saint-Georges » en Bourgogne). Benoît de Charette a un double objectif : « essayer de transformer les produits sur place et donc conquérir de la valeur ajoutée » par la création de filières, et favoriser les transmissions d’entreprises. Enfin, il estime que la nouvelle région « possède des limites administratives mais pas économiques, ce qui signifie qu’il faut irriguer au mieux les flux économiques avec les grands voisins que sont la Suisse, l’Ile-de-France et Rhône-Alpes-Auvergne ». Le prix du foncier, moins cher que dans d’autres régions, est l’un des atouts pour attirer les nouveaux chefs d’entreprises.

… mais seules 38 % des PME bourguignonnes devraient investir cette année

Il y a en effet matière à progresser dans la compétition qui s’annonce entre les régions : selon une enquête de BPI-France (2), les créations de micro-entreprises sont en baisse en 2015, même si, au total, « le volume des créations reste stable ». Un point positif : les défaillances d’entreprises (cumulées sur douze mois) enregistrées à la fin du troisième trimestre 2015 sont en baisse de 0,7 % en France métropolitaine par rapport au trimestre dernier, mais de 2,9 % dans la nouvelle région. Toutefois, si globalement l’économie régionale semble plutôt performante, le point noir reste l’emploi. La même enquête indique que les PME ont vu l’an dernier leur situation s’améliorer globalement bien qu’avec de sensibles contrastes selon les régions, que ce soit en termes d’activité, d’emploi, de trésorerie. Selon cette même enquête et d’après les chefs d’entreprise interrogés, l’évolution du chiffre d’affaires (CA) en France pour 2016 était estimée à 3 % et celui des effectifs à 3 % également. Mais pour la Bourgogne (4), le CA des PME devrait augmenter de 10 % et les effectifs diminuer de 5 %. Dernier indicateur inquiétant que doit prendre en compte la future CCI : seules 38 % des PME (44 % au niveau national) ont des projets d’investissement pour 2016 dont 14 % avec des montants en hausse par rapport à 2015 et 9 % en baisse.

  1. (1) Chariot situé sous un wagon.
  2. La CCI Bourgogne-Franche-Comté sera officiellement créée le 1er janvier 2017. En attendant, les deux régions qui ont fusionné sur le plan politique mais pas encore sur le plan économique, ont choisi d’être « en ordre de bataille » et de « parler d’une seule voix ».
  3. BPI France-Le Lab, PME 62ème enquête de conjoncture, janvier 2016 avec les anciennes régions.
  4. Données non disponibles pour la Franche-Comté.

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