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Plan de lutte contre les fraudes : le bilan 1 an après et les mesures à venir

Plan de lutte contre les fraudes : le bilan 1 an après et les mesures à venir

Le Conseil d'Evaluation des Fraudes rendra de premières conclusions de la mise en oeuvre de ces mesures avant l'été. Ce sera l'occasion de disposer de chiffres actualisés en matière de fraudes à la TVA ou encore de fraude évitée. © Getty Images

Moins d’un an après la présentation du Plan de lutte contre les fraudes, le gouvernement affirme que les premiers résultats sont là.  Selon le Premier ministre, Gabriel Attal, ce plan a d’ores et déjà permis à l’État de renforcer les effectifs de lutte contre la fraude, de déployer de nouveaux outils et de durcir les sanctions à l’encontre des fraudeurs (Bilan du Plan de lutte contre les fraudes sociales, fiscales et douanières, 20 mars 2024). Trois axes essentiels ont été mis en œuvre : traquer la fraude aux aides publiques, traquer la fraude à l’ère du numérique, traquer la fraude à la source.

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Focus sur les premiers résultats en matière de fraudes sociale et fiscale

Renforcement des effectifs de lutte contre la fraude

Le ministre délégué aux Comptes publics de France, Thomas Cazenave l’affirme, « Les agents sont au cœur de ce plan ». D’ici 2027, l’État s’engage à renforcer les effectifs de lutte contre la fraude, avec :

Les chiffres de la lutte contre la fraude fiscale

Les mises en recouvrement atteignent un record historique, 15,2 Md€ en 2023 soit plus 600 M€ par rapport à 2022 et 3,5 Md€ de plus qu’en 2019. Comme le Premier ministre l’avait annoncé, l’année dernière, le nombre de contrôles fiscaux, notamment sur les particuliers aux plus hauts revenus, a augmenté de 25 % et le nombre de perquisitions fiscales a progressé de 30 %.

« Être intraitable sur les gros schémas de fraude pour alléger la pression sur le petit contribuable. »

C’est la tendance de la lutte contre la fraude fiscale. Depuis la mise en place du droit à l’erreur par la loi ESSOC en janvier 2019, près de 230 000 régularisations sont intervenues en cours de contrôle et représentent 6 Md€ de droits et intérêts de retard régularisés. Jamais, autant de contribuables n’avaient bénéficié d’annulation de pénalité sur la base de leur bonne foi. La proportion des contrôles se concluant par une acceptation des contribuables progresse fortement, et représente désormais quasiment un contrôle sur deux.

Les chiffres de la lutte contre la fraude sociale

« Doubler nos résultats contre la fraude sociale entre 2022 et 2027 », c’était l’objectif de Gabriel Attal pour atteindre au cumulé 3 Md€ de préjudice détecté et évité par les CAF et l’assurance vieillesse d’ici 2027.

Objectif dépassé. En un an seulement, le nombre de redressements Urssaf a augmenté de 50 % sur la fraude sociale des entreprises avec 1,2 Md€ redressés en 2023 contre 800 M€ en 2022 et 500 M€ en 2017.

Y ont notamment contribué, la mise en place en 2023 d’un guichet de régularisation des micro-entrepreneurs (qui a permis 34 M€ de redressements), ainsi que le doublement du nombre de recrutements d’inspecteurs.

« 5,5 Md€ de redressements sur le quinquennat »

C’est l’objectif fixé aux Urssaf par le gouvernement, rehaussé de 10 % par le Premier ministre compte tenu de ces premiers résultats.

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Traquer la fraude aux aides publiques

Pour Thomas Cazenave, « il n’est pas concevable que l’argent des contribuables soit détourné au profit de ceux qui n’y ont pas le droit. »  Afin de lutter contre les détournements des aides, le Plan anti-fraudes a déjà permis la mise en place de plusieurs outils.

De nouveaux outils

Pour lutter contre la fraude aux aides publiques de nouveaux outils ont été mis en place et des services renforcés :

Exemple : grâce au CODAF, la justice a été saisie du cas d’un salon de coiffure qui avait pu déclarer 70 contrats d’apprentissage pour un préjudice de 100 000 €, alors que la loi prévoit un maximum de 2 apprentis par maître d’apprentissage.

De nouvelles sanctions

Dans la loi de finances 2024, une sanction administrative a été créée en cas de fraude aux aides publiques. Depuis le 31 décembre 2023, en cas de fourniture d’informations inexactes ou incomplètes pour l’attribution d’une aide publique la somme à restituer par le fraudeur est assortie d’une majoration de 40 % en cas de manquement délibéré ou 80 % en cas de manœuvres frauduleuses (Code des relations entre le public et l’administration, art. L. 115-1).

Exemple :  les fraudes au bonus écologique ou au bonus vélo sont désormais sanctionnables directement par l’administration alors qu’elle devait auparavant saisir la justice.

De nouvelles mesures anti-abus

Afin d’éviter les pratiques de carrousels de TVA constatées avec les quotas carbones, le dispositif d’autoliquidation de la TVA par le client prévu pour les transferts de certificats de garantie de capacité concernant l’électricité et les garanties d’origine du biogaz est étendu aux certificats et garanties d’origine de l’électricité, de gaz renouvelable, de biogaz, de l’hydrogène renouvelable et bas carbone et aux certificats de production de biogaz (CGI, art. 283, 2 septies, al. 2).

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Traquer la fraude à l’ère numérique

Plus d’1 Md€ supplémentaires devraient être alloués à la modernisation des outils numériques de détection et de lutte contre les fraudes.

Évolution des méthodes

Au fil des innovations technologiques, la fraude évolue et les méthodes pour lutter contre aussi.

En matière fiscale, parmi les mesures annoncées par le Plan de lutte contre les fraudes et déjà mises en œuvre :

Exemple : pourra être visée une entreprise qui ne déclare aucun revenu alors même qu’elle propose des dizaines d’annonces de voitures de luxe sur un site d’annonces en ligne.

Exemple : avec le dispositif « Foncier innovant », 140 000 piscines non déclarées ont été détectées grâce à l’IA dans 9 départements, soit des rappels de 40M€ au titre de la taxe foncière.

En matière sociale également, afin de lutter contre la sous-déclaration des cotisations sociales évaluée à plus 800 M€ par an, l’article 6 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 prévoit la mise en place dès 2027 du précompte des cotisations sociales des micro-entrepreneurs. Les plateformes numériques devront déclarer les chiffres d’affaires réalisés par leur intermédiaire et précompter les cotisations et contributions sociales (ainsi que les taxes et le versement libératoire de l’impôt sur le revenu) des vendeurs et prestataires relevant du régime auto-entrepreneur ou ayant opté pour l’affiliation au régime général.

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Traquer la fraude à la source

Identifier le plus en amont possible les fraudes

Pour traquer la fraude fiscale à la source, depuis le 1er janvier 2024 :

En outre, avec la transposition de la directive « Pilier 2 » un impôt minimum mondial de 15 % des grands groupes multinationaux est mis en place pour les exercices ouverts à compter du 31 décembre 2023, avec une première collecte dès 2026 (LF 2024, art. 33).

En matière sociale, depuis le 1er janvier 2024 :

Les organismes sociaux ont désormais un accès automatisé au fichier des comptes bancaires (Ficoba) pour identifier ceux qui sont frauduleux. Par ailleurs, une base interministérielle de RIB frauduleux est mise en place et sera effective d’ici 2025 dans le champ social et d’ici 2027 pour tous les organismes qui versent des aides publiques.

Les mesures à venir du Plan de lutte contre les fraudes

MESURE STATUT
1 – Exploiter pleinement la facturation électronique pour lutter contre les fraudes fiscales À venir
6 – Responsabiliser les plateformes du e-commerce En finalisation

(d’ici juin)

12 – Expérimenter la suspension provisoire, à la demande de Tracfin, du versement des aides publiques en cas de suspicion de fraude organisée

 

À venir

 

14 –  Lutter contre l’utilisation de la transmission universelle de patrimoine dans les schémas de fraude :

–  Rendre obligatoire la publication de la TUP exclusivement au BODACC ;

–  Doubler le délai légal d’opposition (soit 2 mois au lieu d’1 mois), afin de permettre aux créanciers, (dont les administrations) de faire opposition le cas échéant.

À venir
15 –  Imposer la production d’une attestation fiscale et sociale lors de la procédure de liquidation amiable en matière de lutte contre les sociétés éphémères En finalisation (d’ici juin)
17 –  Évaluer l’option d’une migration du NIR vers la carte d’identité A venir
21A – Prévoir la possibilité pour le juge de prononcer des peines de TIG en cas de fraude fiscale et créer une offre de TIP au sein de la DGFiP En finalisation (d’ici avril)
22 –  Accéder au fichier PNR sur les données de voyage pour mieux repérer la fraude à la résidence sociale et fiscale En finalisation
27 –  Adopter une stratégie nationale en matière d’échanges internationaux pour promouvoir la lutte contre l’opacité de détention patrimoniale au plan international En finalisation
29 –  Améliorer le partage d’informations entre services de lutte contre les fraudes À venir
30A –  Conclure un nouveau partenariat de lutte contre la fraude DGFiP/DGDDI En finalisation (d’ici juin)
30B – Conclure un nouveau partenariat de lutte contre la fraude entre la DGFiP et l’URSSAF caisse nationale En finalisation
33 – Renforcer l’accompagnement des entreprises en matière fiscale En finalisation (d’ici 2025)

Sandy Allebe

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