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Plan France Relance : l’aide exceptionnelle à l’apprentissage a généré un surcroît de 80 000 emplois

Le comité d’évaluation de France Relance a rendu le 16 janvier son rapport final. Verdict ? Le volet « cohésion sociale » a démontré son efficacité mais les aides à l'apprentissage doivent être davantage ciblées sur les moins qualifiés. Les NEET (ni en emploi, ni en études, ni en formation) restent la bête noire des politiques publiques.

Plan France Relance : l’aide exceptionnelle à l’apprentissage a généré un surcroît de 80 000 emplois
Le comité d’évaluation salue la belle performance de l’apprentissage : le plan a généré un surcroît de 80 000 emplois grâce à l’aide exceptionnelle (50 % des entrées supplémentaires) - chacun ayant nécessité 20 000 €, en moyenne, d'investissement public. © Getty Images

Le volet « cohésion sociale  » du plan de relance a-t-il été 100 % efficace ? Lancé en juillet 2020 par Jean Castex, alors Premier ministre, et doté de 36 Mds€, le volet emploi/formation reposait sur trois chantiers : le plan jeune, l’activité partielle longue durée (APLD) combinée avec le FNE-Formation et l’investissement dans les compétences. Il intégrait les aides à l’embauche des jeunes, les aides à l’apprentissage mais aussi plusieurs dispositifs de réinsertion notamment le plan d’investissement dans les compétences (PIC).

Trois ans et demi après, le comité d’évaluation France Relance, présidé par l’économiste Xavier Jaravel et constitué de politiques, de partenaires sociaux, de représentants d’associations et d’administrations (Dares, DG Trésor) ainsi que d’experts (dont Yannick Lhorty), reste prudent. Certes, « l’objectif macroéconomique de court terme a été atteint : 350 000 emplois ont été créés en 2022, permettant ainsi à la France d’enregistrer une reprise plus rapide de l’emploi », soulignent les auteurs dans un rapport présenté le 16 janvier. Mais le coup de pouce n’a pas été spectaculaire : « la contribution du plan a été minoritaire ». La France a retrouvé son niveau d’avant crise dès fin 2021/début 2022 alors sans ces mesures la reprise aurait eu lieu en 2023.

Surtout, à moyen terme, son effet pourrait s’estomper : l’impact du plan a d’ores et déjà été atténué par de nouveaux soubresauts économiques (la hausse des taux d’intérêt, celle de l’inflation et la guerre en Ukraine).

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Apprentissage : un coût moyen de 20 000 € par emploi

Reste que sur le plan de l’emploi, le plan a démontré son efficacité. Parmi l’arsenal de mesures anti-crise, le comité d’évaluation salue la belle performance de l’apprentissage : le plan a généré un surcroît de 80 000 emplois grâce à l’aide exceptionnelle (50 % des entrées supplémentaires) – chacun ayant nécessité 20 000 €, en moyenne, d’investissement public.

Soit un « dispositif efficient » pour le comité. Ce coût moyen correspondant à « la fourchette basse de ce qu’on peut trouver dans les politiques publiques de l’emploi déployées en France », selon Xavier Jaravel.

Toutes les entreprises ont perçu ce coup de pouce mais celles de moins de 250 employés ont été les grandes bénéficiaires car aucune condition n’était exigée. Au-delà, les sociétés devaient s’engager à atteindre un certain seuil de contrats d’alternance ou de contrats favorisant l’insertion professionnelle dans leur effectif.

Pour le comité, la progression de l’alternance aura des « effets positifs sur l’insertion dans l’emploi », à diplôme donné, les sortants de CFA ayant un taux d’emploi « nettement plus élevé que les sortants de lycées professionnels ».

Les jeunes peu qualifiés, grands perdants du plan de relance ?

En 2022, le taux d’emploi des jeunes est de 5,4 points plus élevés qu’en 2019. Mais la part des NEET (ni en emploi, ni en études, ni en formation) parmi les 15-29 ans est de 12 % en 2022. C’est 1 point de moins qu’en 2019 (13 %).

Une évolution à mettre au crédit du plan « un jeune, une solution » recentré sur les jeunes les moins qualifiés. Mais qui reste très modeste.

FNE-formation : un dispositif difficile à « évaluer »

L’autre mesure du volet « Cohésion sociale » du plan porte sur la formation financée par le FNE-Formation pendant l’activité partielle de longue durée (APLD). Un dispositif présenté comme un « bouclier anti-licenciement » par Elisabeth Borne, à l’époque ministre du travail. « Il s’agit d’éviter que les entreprises se séparent des salariés et des compétences dont elles auront besoin dans la reprise en combinant activité partielle de longue durée avec le financement de formation ».

Mais à ce stade, « il n’a pas été possible de mener une analyse détaillée croisant le recours à l’APLD et au FNE-Formation ». En effet, alors que 760 000 salariés ont été placés au moins une fois en APLD entre 2020 et décembre 2022, seuls 152 000 stagiaires ont bénéficié du FNE-Formation. D’autres travaux plus poussés sont actuellement menés par la Dares, notamment sur la qualité de la formation et l’acquisition de nouvelles compétences. Ils devraient aboutir dans l’année.

Parmi les points de vigilance, le comité d’évaluation reconnaît que l’aide exceptionnelle à l’apprentissage est « perfectible », notamment en la ciblant davantage sur les moins qualifiés. De fait, selon le bilan, 55 000 des contrats en alternance ont été fléchés depuis 2020 vers le niveau supérieur ou égal au baccalauréat, contre 25 000 vers niveau strictement inférieur.

Pour l’heure, cette recommandation n’a pas été suivie par l’exécutif. Lequel a reconduit l’aide exceptionnelle pour 2024 dans les mêmes conditions que les années précédentes.

En revanche, les contrats de professionnalisation expérimentaux (bien que prolongés en 2024) ne sont plus couverts par cette aide.

Coup de pouce à l’emploi dans le bâtiment

Selon le rapport, les aides au bâtiment, MaPrimeRenov’ et le soutien à la rénovation des bâtiments publics ont eu des « effets significatifs sur l’emploi », de l’ordre de 100 000 dans la construction en 2022, pour un coût moyen de 60 000 € par emploi créé via les mesures de subvention à la rénovation.

Lire aussi Alternance : l’aide à l’embauche est prolongée en 2024

Anne Bariet

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