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Patrick Martin, nouveau président du Medef

Grand favori, Patrick Martin a été élu président de l’organisation patronale avec 73,18% des suffrages exprimés, le 6 juillet, lors de l’Assemblée générale de l’élection. Parmi ses priorités sociales, faire de Medef un acteur central du débat public, poursuivre le dialogue social, faire évoluer le paritarisme de gestion et réformer les lycées professionnels.

Patrick Martin, nouveau président du Medef
Patrick Martin, nouveau président du Medef. © AFP

Fin du suspense. Patrick Martin est devenu le 6 juillet le patron des patrons français, succédant à Geoffroy Roux de Bézieux aux commandes du Medef depuis 2018. Le président de l’organisation patronale a été largement élu avec 73,18 % des voix à l’assemblée générale, qui s’est tenue, au Hangar Y, à Meudon (92), pour un mandat de cinq ans non renouvelable. Les fédérations du Syntec, de la métallurgie, du bâtiment, du travail temporaire, des assurances, des industries électriques, électroniques et communication (FIEEC) lui ont apporté son soutien. Au total, 1 123 grands électeurs issus des fédérations professionnelles et des Medef territoriaux étaient appelés à voter, par voie électronique, entre le 4 et le 6 avril. 1 023 se sont exprimés.

Son adversaire, Dominique Carlac’h, présidente de l’entreprise de conseil en innovation D& Consultants et porte-parole du Medef, a, elle, obtenu 26,82 %.

Le nouvel homme fort du Medef, président-délégué du groupe familial Martin Belaysoud Expansion (distribution de fournitures industrielles), jusqu’ici président délégué du Medef, prendra, à 63 ans, ses fonctions le 17 juillet.

Il ne s’agit pas de sa première tentative. Dès 2018, il s’est porté candidat à la présidence du Medef, avant d’y renoncer et de laisser la voie à Geoffroy Roux de Bézieux.

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Lancement d’une plateforme collaborative et d’un Medef « Labs »

Diplômé de l’Essec et de Sciences Po, titulaire d’une licence de droit, cet ancien président du Medef Auvergne-Rhône-Alpes de 2016 à 2018, souhaite positionner l’organisation patronale comme un acteur central du débat public.

Pour alimenter les réflexions, il prévoit de mettre en place une plateforme collaborative afin de permettre aux adhérents de contribuer aux débats des commissions. Il souhaite également créer un « Medef Labs », pour enrichir les discussions d’avis d’experts, d’ONG, de membres de think tanks et d’associations qui « défendent l’entreprise ».

Pas de programme disruptif pour autant : « sous l’impulsion de Geoffroy Roux de Bézieux, notre organisation s’est transformée. Il nous appartient de poursuivre et d’amplifier cette dynamique », avait-il annoncé dans son programme de campagne.

Laisser « l’espace et la liberté de négociation » aux partenaires sociaux

Parmi ses axes de travail, Patrick Martin a insisté sur l’importance du dialogue social. D’une part, en allant plus loin dans le transfert de sujets aujourd’hui traités par la loi vers la négociation collective (modalités de rupture du contrat de travail, congés payés…). D’autre part, en laissant « l’espace et la liberté de négociation » aux partenaires sociaux, dans le cadre d’un document d’orientation, conformément à l’article 1 du code du travail. Il en est convaincu : les organisations patronales et syndicales montrent « qu’ils savent trouver des solutions ensemble : l’accord sur le partage de la valeur, celui sur la santé au travail ou sur la prise en compte des aspects environnementaux, constituent de belles réussites communes de leur part ».

Il hérite d’ailleurs du nouvel agenda social, juste finalisé par son prédécesseur et il sera reçu le 12 juillet, à Matignon, avec les autres numéros un des organisations. Question méthode toutefois, il a rappelé, lors du Grand oral des candidats, en mai dernier, qu’il s’agit de « réaffirmer nos convictions, sans concessions vis-à-vis des organisations syndicales ».

Il a réitéré également son attachement au paritarisme de gestion. En prônant une règle simple : « les organismes paritaires devront être soumis à un processus d’évaluation du service rendu aux adhérents ».

« Nous devons collectivement travailler plus »

Autre projet : il s’est dit favorable à la réduction des charges sociales, « un puissant levier de création d’emploi ». Laquelle doit être étendue « au-delà du plafond actuel de 2,5 Smic ». Par ailleurs, à rebours de la semaine de quatre jours, il a affirmé que devons « collectivement travailler plus » pour « retrouver la valeur travail », sans détailler ses propositions.

Côté formation, il milite pour la réforme des lycées professionnels et souhaite porter le taux d’insertion de ces jeunes de 40 % à 70 %, d’ici à 2027, soit des résultats similaires à ceux des apprentis. Il propose aussi que 5 000 enseignants contractuels puissent être recrutés dans les lycées professionnels parmi les professionnels en activité.

Il demande, en outre, que les entreprises soient bénéficiaires du conseil en évolution professionnelle, financé par France compétences pour les aider à anticiper les transitions professionnelles.

Sur l’assurance chômage, il prône la fin des malus sur les contrats courts, « très pénalisants dans certains secteurs » et suggère, à la place, que les périodes de chômage soit utilisées pour des actions de formation.

Enfin, le nouvel élu devra s’atteler à un chantier d’urgence : celui de la défiance des entreprises. Selon un des derniers baromètres réalisés par l’Ifop pour Fiducial, 54 % des patrons de très petites entreprises portent un jugement sévère sur les organisations patronales interprofessionnelles nationales, en particulier le Medef. Patrick Martin a désormais cinq ans pour inverser la tendance.

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Anne Bariet

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