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Geoffroy Roux de Bézieux dresse le bilan de son mandat marqué par les crises

Alors que Geoffroy Roux de Bézieux quitte la présidence du Medef en juillet, il a dressé le bilan de son mandat le 20 juin, lors d’une conférence de presse. Le patron des patrons s’est félicité de la reprise du dialogue social et s’est dit attaché à la construction d’un nouvel agenda autonome d’ici à l’été pour arrêter les futures négociations entre les partenaires sociaux.

Geoffroy Roux de Bézieux dresse le bilan de son mandat marqué par les crises
Après des rencontres bilatérales avec l’exécutif à la mi-mai, "il y a une volonté partagée entre organisations syndicales et patronales de se saisir de l’opportunité qui nous est donnée de négocier de manière autonome", a insisté GRB. © AFP

Un mandat marqué par les crises. Elu en 2018, Geoffroy Roux de Bézieux, qui quitte la présidence de l’organisation patronale le 6 juillet prochain, a dû affronter de multiples crises, des Gilets Jaunes, en 2018 à la guerre en Ukraine en 2022, en passant par la crise sanitaire et la réforme des retraites. « Il est difficile de faire mieux », a-t-il souligné, en rappelant que le Medef a été en première ligne sur de nombreux sujets, notamment durant le Covid, où il a enchaîné les réunions, avec Bruno le Maire, le ministre de l’économie, pour mettre en place les dispositifs de soutien aux entreprises.

Mais « GDR » a surtout mis en avant la féminisation de l’organisation syndicale avec 31 % de femmes au sein du comité exécutif où elles exercent 41 % des mandats. Il s’est également réjouit du rééquilibrage interne de l’organisation, avec plus de pouvoir confiée aux régions, leurs représentants siégeant désormais à la commission exécutive.

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Construction d’un agenda social autonome

Surtout, il s’est félicité de « la reprise d’un dialogue régulier avec les syndicats », avec des rencontres « entre numéros un [patronaux et syndicaux] qui n’existaient plus » quand il est arrivé à la tête du Medef. Des réunions qui constituent « l’une des plus grandes réussites de mon mandat ».

Dès son arrivée, il s’est attelé à la construction d’un agenda social autonome. Avec à son actif, la signature de plusieurs accords nationaux interprofessionnels (ANI) dont celui du partage de la valeur qualifié « d’historique par son contenu et le moment où il a été signé », en plein conflit sur la réforme des retraites.

Il finalise avant son départ une nouvelle feuille de route pour arrêter les thématiques communes. Une première réunion a eu lieu le 5 juin avec les organisations patronales et syndicales et une prochaine est programmée d’ici à la fin du mois.

Agenda social : une négociation sur l’emploi des seniors

À ce stade, l’agenda social n’est pas encore calé. Les partenaires sociaux ont, toutefois, convenu d’une négociation sur l’emploi des seniors « assez large » qui n’aborderait pas uniquement l’Index ou le CDI seniors mais les problématiques de recrutement et de maintien dans l’emploi des seniors, avec une déclinaison au niveau des branches professionnelles.

D’autres sujets comme la valorisation des parcours syndicaux devraient figurer au menu des discussions. « Avec la limitation des mandats, il y a un sujet de reconversion des délégués syndicaux après leur passage au CSE », a-t-il expliqué. De même, l’assurance chômage devrait être au menu de l’agenda social, à la fois les règles d’indemnisation, fixées temporairement par la loi jusqu’au 31 décembre 2023 et la question de la gouvernance.

Reste toutefois des points de blocage, à l’instar des sujets sur d’éventuelles « négociations nationales sur les salaires » ou encore de la révision des ordonnances de 2017 ; deux thématiques qui constituent une ligne rouge pour le patronat.

De même, Geoffroy Roux de Bézieux a fermé la porte à une discussion sur la conditionnalité des aides publiques, également réclamée par les organisations syndicales qui souhaitent remettre à plat l’ensemble des exonérations fiscales et sociales accordées aux entreprises.

Seule quasi-certitude : l’agenda social devrait être divisé en deux blocs, un bloc dialogue social qui traitera des sujets qui ne nécessitent pas de lettre de cadrage et un bloc L.1 (en référence à l’article L.1 du code du travail qui prévoit une concertation des partenaires sociaux avant toute réforme du gouvernement portant sur les relations individuelles et collectives du travail, l’emploi et la formation professionnelle).

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« Une place pour la démocratie sociale »

Pas question, en effet, de laisser la main au gouvernement : après des rencontres bilatérales avec l’exécutif à la mi-mai, « il y a une volonté partagée entre organisations syndicales et patronales de se saisir de l’opportunité qui nous est donnée de négocier de manière autonome ».

« La réforme des retraites a rebattu les cartes du dialogue social. On a beaucoup reproché au gouvernement de dédaigner, de court-circuiter les partenaires sociaux. On a une chance de retrouver une place pour la démocratie sociale. Ce qui implique aussi un espace de responsabilités parce que si on n’arrive à se mettre d’accord sur les sujets qu’il nous confie, évidemment, le retour de bâton sera fort », prévient-il. Autrement dit, « ce sera un échec des partenaires sociaux et le gouvernement serait légitime alors à prendre la main ».

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Défense du paritarisme de gestion

Le mandat de Geoffroy Roux de Bézieux a également été marqué par la défense du paritarisme de gestion. Une proposition de campagne. En 2018, le candidat revendiquait, en effet, la « transformation du paritarisme » pour « obtenir une véritable autonomie de décision et de gestion ». Il s’était d’ailleurs engagé à n’accepter la responsabilité gestionnaire d’instances paritaires que si le Medef a la responsabilité pleine et entière de la gestion, sans interférence de l’Etat.

S’il s’est targué s’avoir réussi à donner une gestion paritaire renforcée à la branche AT/MP, à travers l’ANI de mai dernier, il n’a toutefois pas obtenu gain de cause sur l’assurance chômage, repris en main par l’Etat. Malgré cette ingérence, le Medef se dit légitime à rester dans la gouvernance, le financement du système provenant en partie des « cotisations des entreprises ».

De plus, des menaces subsistent, prévient Geoffroy Roux de Bézieux, en référence à la gouvernance de France Travail qui devrait réunir, outre l’Etat et les partenaires sociaux, des représentants des collectivités à chacun des niveaux territoriaux (bassin d’emploi, département, région).

Le 6 juillet, le Medef élira son onzième président, Dominique Carlac’h ou Patrick Martin. Le ou la future numéro un sera alors confronté à des nouveaux interlocuteurs à la tête des principales organisations syndicales, Sophie Binet, à la CGT et Marylise Léon, à la CFDT.

Arrêts de travail : le Medef opposé à l’augmentation des jours de carence

Alors que le gouvernement a annoncé, lundi, vouloir lutter contre les arrêts maladie, le Medef s’est dit opposé à l’augmentation des jours de carence en cas d’arrêt maladie. « Dans beaucoup d’entreprises et de conventions collectives les jours de carence », au nombre de trois dans le secteur privé, « sont pris en charge » par l’employeur, a indiqué Geoffroy Roux de Bézieux.

Le Medef doit « réfléchir aux pratiques managériales », et aux « raisons pour lesquelles dans certains cas ce sentiment de mal-être augmente ».

Il s’est déclaré en faveur d’une « mesure d’ordre public » qui prendrait la forme d’un « jour de carence qui ne pourrait être remboursé par personne ».

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Anne Bariet

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