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Le covoiturage domicile-travail pour réduire le risque routier

Le risque routier reste l'un des principaux auxquels doit faire face toute entreprise. Si le risque dans le cadre des missions induites par le travail est pris en compte par l'employeur, celui auquel s'exposent tous les matins les collaborateurs pour rallier l'entreprise l'est beaucoup plus rarement. Au salon Préventica, l'association PSRE expose sa démarche de prévention.

Le covoiturage domicile-travail pour réduire le risque routier

« L’an dernier, durant d’une période un peu stressante pour l’ensemble d’une équipe, car tous les salariés travaillaient dur pour décrocher un marché important, deux de nos collègues ont eu des accidents de voiture lors de leur trajet matinal : plus de peur que de mal pour le premier, qui a juste eu une fracture du poignet. Le second y est resté. » Lorsque la responsable santé-sécurité de cette PME du secteur de la communication basée en Midi-Pyrénées raconte le drame qu’a vécu son entreprise il y a quelques mois, elle est encore volontairement brutale dans ses mots. « Cela a été comme un électrochoc pour nous, j’aimerais qu’il en soit de même ailleurs. » Elle assistait hier à une conférence sur le risque routier proposée au salon Préventica qui se tient à Nantes jusqu’à jeudi soir.

323 morts en 2012

En 2012, selon les statistiques de l’Assurance maladie, les accidents de trajet ont fait 323 morts et entraîné 8 103 incapacités permanentes. Ils ont aussi donné lieu à 90 092 arrêts de travail, soit 6 102 853 jours d’incapacité temporaire. « Sur un bassin d’emploi de 10 000 personnes, cela signifie 50 accidents avec arrêt de travail et 3 500 journées de travail perdues », illustre Gérard Ploquin, administrateur et délégué de l’association PSRE (promotion et suivi de la sécurité routière en entreprise). Selon les chiffres constatés par l’association au fil de ses interventions, un employeur sur quatre « s’intéresse à la sécurité du trajet domicile-travail », un sur six a mis en place des actions de prévention, et seulement un sur huit s’est engagé dans une démarche plus globale comme peut l’être le travail sur un PDE (plan de déplacement entreprise) ou un PDIE (plan de déplacement inter-entreprises).

Course matinale

Après la projection d’un court film, Gérard Ploquin interpelle la salle : « Qui ne se reconnaît pas dans les personnages ? ». Difficile de ne pas s’identifier à la petite famille qui se lève et entame la course matinale : pas le temps de prendre un petit-déjeuner complet, vite déposer le petit à l’école et échanger quelques mots avec un enseignant, puis déposer son conjoint en s’arrêtant « en vrac » sur un trottoir. Enfin seul, on peut appuyer un peu plus sur l’accélérateur pour arriver à l’heure à la réunion, tout en pestant contre les feux rouges qui ensuite s’enchaînent… On finit par en griller un. Et c’est l’accident.

Le risque « mission » et le risque « trajet »

« Le risque routier dans le cadre des missions du travail est en général pris en compte dans le document unique de prévention des risques ; le risque trajet l’est rarement », fait remarquer Gérard Ploquin. Deux types de leviers peuvent être actionnés : ceux liés au territoire, et ceux relevant de l’entreprise même. L’association, qui veut démontrer l’efficacité d’une approche concertée sur un même territoire entre tous les acteurs, a accompagné plusieurs bassins d’emplois. Claire Victoire travaille à la communauté d’agglomération La Carène, qui englobe Saint-Nazaire et les communes alentours. Elle plante le décor : « c’est 117 000 habitants où l’on constate une dissociation croissante entre les pôles d’emploi et les zones d’habitat, les trajets domicile-travail représentent un quart de déplacements et 80 % de ceux-ci se font en voiture ».

Transports en commun adaptés

Une ligne de bus à « haut niveau de service » a été installée, avec un gros travail de communication vers les entreprises et les actifs, une tarification multimodale qui permet de prendre le TER et le bus avec un même ticket, ou encore la création d’abris sécurisés pour les vélos. « Mis bout à bout, tout ceci fait sens, et pour les entreprises, cela constitue un PDE », commente-elle. Le département est aussi intervenu dans le secteur pour développer le covoiturage. « On sait que l’on est plus prudent si l’on n’est pas seul dans la voiture », commente Gérard Ploquin. Sans compter que l’on a tendance à être moins en retard, on joue moins avec la montre si l’on s’est engagé à récupérer plusieurs personnes.

Covoiturage

« Le covoiturage était déjà développé sur des entreprises comme Airbus ou les chantiers navals de Saint-Nazaire, de façon spontanée entre les salariés : on retrouvait des amas de voitures garées sur le bas-côté, aux anciens arrêts des cars, ce qui posait des problèmes de sécurité », explique Marc Letourneux, chargé de mission « covoiturage » en Loire-Atlantique. Le secteur a été maillé de parkings de covoiturage bien visibles, qui ont permis de valoriser la pratique. En parallèle, le conseil général a développé des outils pour la mise en contact des covoitureurs, avec une base de données qui référence précisément les zones d’activité. Aujourd’hui, le site référence 11 000 annonces de trajets réguliers dans le département. La responsable santé-sécurité de l’entreprise qui a perdu l’an dernier un de ses collaborateurs repart de la conférence bien décidée à contacter les PME voisines de la sienne pour développer le covoiturage dans sa zone d’activité.

 

 

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