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Les indépendants partagés entre liberté et stress

Une enquête Ifop menée auprès de 400 entrepreneurs français de moins de 10 salariés révèle que les indépendants, malgré un niveau de stressé élevé, une charge de travail écrasante et un équilibre vie pro/vie perso plus qu’instable, ne veulent pas troquer leur indépendance et leur liberté pour la stabilité du salariat.

Les indépendants partagés entre liberté et stress
Parmi les “grands travailleurs” (plus de 50 h par semaine), sont sur-représentés les dirigeants d’entreprise individuelle (63 %) et les indépendants des secteurs de l’agriculture, de l’industrie et de la construction (53 %). © Getty Images

88 % des entrepreneurs se disent heureux professionnellement. Mais, dans le même temps, 60 % se disent « trop stressés », notamment par « la hausse des coûts de l’énergie et des charges », « la baisse du chiffre d’affaires de leur entreprise » ou encore par « une charge de travail trop importante ».

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A noter qu’un entrepreneur sur dix se dit à la fois malheureux dans sa vie professionnelle et stressé. Pour 21 % d’entre eux, leur santé se dégrade, avec une moyenne de 46 h de travail par semaine, voire plus de 50 h pour 43 %, soit six jours sur sept de travail. Le nombre d’heures travaillées est logiquement très corrélé au niveau de stress et à l’état de santé général.

Pour 21 % d’entre eux, leur santé se dégrade

Dans cette catégorie “grands travailleurs” (plus de 50 h par semaine) sont sur-représentés les dirigeants d’entreprise individuelle (63 %) et les indépendants des secteurs de l’agriculture, de l’industrie et de la construction (53 %).*

Peu de repos pour les entrepreneurs

Et la naissance d’un enfant n’y change rien. « Même lors d’une naissance, ils ne se laissent aucun répit ». Ainsi, environ sept femmes sur dix ont repris leur activité professionnelle avant la fin de leur congé maternité, dont plus d’un tiers sont revenues après une semaine seulement de congé maternité. De leur côté, 69 % des hommes entrepreneurs ne prennent aucun congé paternité, se limitant au congé de naissance obligatoire de 3 jours.

« Même lors d’une naissance, ils ne se laissent aucun répit ».

Toujours en termes de congé, neuf entrepreneurs sur dix prennent moins de cinq semaines de vacances, dont 61 % trois semaines ou moins. A noter que le départ en vacances est un moment générateur de stress pour un entrepreneur sur trois.

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Entre conquête et fidélisation

Les principaux enjeux de ces indépendants en 2023 ? La conquête de nouveaux clients (58 %), la fidélisation du portefeuille existant (36 %), l’amélioration de la performance financière de leur entreprise (27 %), et, dans une moindre mesure, l’augmentation de leurs prix (18 %) ou encore la diversification de leurs activités et de leurs missions (14 %).

A noter que près d’un tiers des entrepreneurs de moins de 35 ans envisage de diversifier leurs activités ou leurs missions en 2023.

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Rester entrepreneur malgré tout

Malgré le stress et la charge de travail, 86 % d’entre eux déclarent ne pas vouloir redevenir salarié dans les prochains mois dont plus de la moitié « Non certainement pas » – alors que 84 % étaient salariés avant de devenir entrepreneurs. Ils semblent ainsi unanimes sur le fait que le statut d’indépendant rime avec liberté de décisions, d’organisation et autonomie : « liberté d’organiser leur emploi du temps comme ils souhaitent » (77 %) ou encore « liberté de développer leurs propres idées sans contrainte et en adéquation avec leurs valeurs » (55 %). Et, de façon plus minoritaire, la possibilité de « choisir avec qui vous travaillez » (49 %) ou encore de « choisir les sujets sur lesquels vous souhaitez travailler » (35 %).

86 % d’entre eux déclarent ne pas vouloir redevenir salarié

A contrario, « l’absence de sécurité financière », « le poids des charges et impôts » et, dans une moindre mesure, « la difficulté de réaliser des projets personnels » sont les principaux inconvénients cités. In fine, leur épanouissement personnel est encore perfectible puisque seulement 17 % se disent « très heureux ».

*Enquête menée avec l’Ifop pour le néoassureur Stello en mars 2023 auprès de 400 entrepreneurs français de moins de 10 salariés, dont 79 % qui sont sans salarié.

Charlotte de Saintignon

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