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Les difficultés d’approvisionnement au plus haut

Les difficultés d’approvisionnement, qui avaient un peu reflué en début d'année, se sont à nouveau renforcées en avril, indique l’Insee dans son point de conjecture du 9 mai. Des niveaux jamais atteints pour l’industrie et le bâtiment.

Les difficultés d’approvisionnement au plus haut
Selon la Banque de France, la hausse des difficultés d'approvisionnement en avril concerne plus particulièrement les secteurs de l’aéronautique et autres transports (+ 15 %), les produits en caoutchouc, plastique (+ 14 %), et la chimie (+ 13 %). © Getty Images

La forte demande mondiale post-covid a buté au printemps sur une offre bridée par la guerre en Ukraine et le confinement chinois. Résultats : les difficultés d’approvisionnement repartent à la hausse en avril après une légère accalmie en début d’année, selon l’Insee. Comme en octobre dernier, 45 % des industriels se disent confrontés à ces difficultés, soit le niveau le plus haut jamais enregistré par l’institut depuis 1991. Même son de cloche pour 39 % des entreprises du BTP. Une proportion, là aussi, inédite.

Difficultés d'approvisionnement banque de france mai 2022

Graphique représentant la part des entreprises indiquant des difficultés d’approvisionnement (en %, données brutes), tiré du point sur la conjoncture française à début mai 2022 réalisé par la Banque de France.

Les indicateurs de la Banque de France ne disent pas l’inverse : 65 % des industriels ont estimé le mois dernier que les difficultés d’approvisionnement ont pesé sur leur activité (un record depuis l’introduction de cette question en mai 2021). Une proportion qui se maintient à un niveau élevé du côté du BTP (54 % en avril contre 55 % en mars et 56 % en octobre 2021). La hausse des difficultés d’avril concerne plus particulièrement les secteurs de l’aéronautique et autres transports (+ 15 %), les produits en caoutchouc, plastique (+ 14 %), et la chimie (+ 13 %).

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Hausse « spectaculaire » des prix de production…

Selon les chefs d’entreprise interrogés par la Banque de France, cette nouvelle augmentation des difficultés d’approvisionnement s’accompagne d’une hausse des prix des matières premières et des produits finis. « Les prix agricoles à la production ont ainsi connu une accélération spectaculaire en mars, à + 27 % sur un an, avec notamment + 69 % pour les céréales, dans le contexte de la guerre en Ukraine », corrobore l’Insee.

Prix de production mai 2022 Insee

Graphique représentant les prix de production dans l’industrie (hors énergie) et dans l’agriculture (glissement annuel en %), tiré du point de conjecture du 9 mai 2022 réalisé par l’Insee.

Il en va de même pour les prix de production industriels (+ 24 % sur un an, une hausse tirée par l’énergie et la cokéfaction-raffinage, + 11 % si l’on retire ces produits), pour la construction (+ 5 % sur un an au quatrième trimestre 2021) et les services (+ 3,5 % sur un an, avec + 75 % pour le seul transport maritime et côtier de fret).

La hausse des prix de l’énergie (79 %), celle des prix des intrants non-énergétique (72 %) et les problèmes d’approvisionnement (délais de livraison, pénuries, coût du transport, etc., 72 %) sont particulièrement redoutées par près de la moitié des TPE/PME interrogées fin avril par Bpifrance avec Rexecode (49 %) qui estiment que les conséquences de la guerre en Ukraine seront fortement pénalisantes pour leur activité.

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…qui se répercute sur l’inflation

« Ces vives hausses des prix de production ont d’ores et déjà commencé à se répercuter, certes partiellement et progressivement, sur les prix à la consommation. Ce mouvement se poursuivrait au cours des prochains mois », prévient l’Insee dans son point de conjecture. Les prix à la consommation progresseraient de 5 à 5,5 % sur un an (6 % pour l’alimentation, 25 % pour les prix de l’énergie).

Selon le dernier baromètre trimestriel de Bpifrance avec Rexecode, 61 % des TPE/PME interrogées fin avril prévoient d’augmenter leurs prix de vente en 2022 (contre 58 % en février) de + 5,6 % en moyenne. Ce, pour répercuter la hausse du prix des intrants (hors énergie, 80 %) et celle des prix énergétiques (42 %). Une hausse des coûts telle, que 44 % des TPE/PME anticipent une dégradation de leur marge nette cette année (29 % une baisse légère, 15 % une baisse franche). Une proportion en forte hausse depuis 3 mois (+ 10 %).

Inflation mai 2022 Insee conjecture

Graphique représentant l’Inflation d’ensemble et les contributions par poste (glissement annuel en % et contributions en points), tiré du point de conjecture du 9 mai 2022 réalisé par l’Insee. 

 

De quoi nourrir in fine l’inflation qui s’élèverait à + 5,2 % sur un an en mai (après + 4,8 % en avril), puis + 5,4 % en juin, selon l’Insee. La baisse du pouvoir d’achat des ménages aurait ainsi chuté de – 1,5 % au 1er trimestre 2022 par rapport au trimestre précédent. Elle baisserait de – 0,5 % au 2ème trimestre 2022. Malgré ces indicateurs, l’institut mise sur une « croissance modeste » à la mi-année 2022 de + 2,6 % (le PIB progresserait de 0,23 % au 2ème trimestre 2022). Un pari à prendre avec des pincettes.

72 % des TPE/PME sont confrontées à des difficultés d’approvisionnement

La grande majorité des TPE/PME interrogées durant la deuxième quinzaine d’avril par Bpifrance avec Rexecode sont confrontées à des difficultés d’approvisionnement (72 %). La part de celles estimant que ces difficultés limitent fortement leur activité a bondi en avril (22 % contre 18 % en février dernier). 70 % des dirigeants confrontés à ces difficultés jugent qu’elles se sont intensifiées au cours des 3 derniers mois (contre 59 % en février).

La majorité des dirigeants s’attendent à ce que les difficultés d’approvisionnement se poursuivent. 43 % estiment qu’elles ne se résorberont qu’au bout d’un an minimum, contre 30 % se montrant plus confiants (moins d’un an).

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Matthieu Barry

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