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Cloud : les entreprises n'ont pas la tête dans les nuages
En plein débat sur la surveillance et l'accès aux données, une étude de l'Insee montre que l'usage du cloud computing est encore peu répandu dans les entreprises françaises. Principales raisons invoquées : un coût trop élevé et des risques de sécurité.
Seules 12% des entreprises françaises d’au moins 10 personnes ont acheté des services de cloud computing (1) en 2014. C’est ce que révèle une enquête de l’Insee (voir ci-dessous) à laquelle 11680 personnes ont répondu (2). Derrière ce chiffre, des disparités. Comme pour la plupart des technologies de l’information et de la communication, ce sont les plus petites structures qui opposent le plus de résistance, avec 9% de convaincues. A l’inverse, 36% des sociétés de plus de 250 personnes se sont mises à l’informatique en nuage.
Trop cher pour les petites, trop risqué pour les grandes
La taille de l’entreprise influe également sur les facteurs limitant l’utilisation du cloud. Pour les structures de moins de 20 personnes, le coût élevé des services offerts par le cloud (34%) et le manque de connaissance (32%) constituent les freins les plus importants. Pour les plus grandes, ce sont avant tout les risques de sécurité (56%) qui sont mis en avant, suivis par l’incertitude de localisation des données (46%) et de législation (45%). Des résultats qui coïncident avec les constatations du récent rapport de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques. Et ce n’est sans doute pas le projet de loi relatif au renseignement, actuellement en discussion au Parlement, qui lèvera ces inquiétudes. Le texte, qui suscite déjà de fortes polémiques, prévoit d’élargir le spectre des techniques de surveillance.
Cloud privé ou public, sans distinction
Autre enseignement intéressant de l’étude, ces réticences concernent aussi bien les services de cloud public que privé. En particulier, « l’accès à des serveurs dédiés (cloud privé) ne diminue pas les craintes des utilisateurs sur la sécurisation des données », souligne l’Insee. Les entreprises du panel ne semblent donc pas percevoir les garanties potentielles de ce type de solution, à savoir l’impossibilité pour les autres clients d’accéder au même serveur et la personnalisation du niveau de sécurité. D’ailleurs, les consommatrices de cloud y ont recours, à parts presque égales, via des serveurs partagés entre plusieurs clients (cloud public) et des serveurs dédiés à leur entreprise.
Faible recours aux logiciels de comptabilité
Ces mêmes sociétés ont une utilisation plutôt classique de l’informatique en nuage. Elles achètent principalement des services de messagerie (62%), de stockage de fichiers (61%) et d’hébergement de base de données (49%). Cependant, rien n’est précisé quant à la nature de ces informations, lesquelles peuvent être a priori confidentielles. En revanche, l’Insee indique qu’à peine un quart des entreprises consommatrices recourent à des logiciels de comptabilité ou de gestion de la relation clients (GRC). Là où des données sensibles sont nécessairement répertoriées.
Retard technologique
Ce constat mitigé de l’usage du cloud computing place la France à la traîne par rapport à ses voisins européens (dont la moyenne est de 19%). La Finlande, l’Italie et les Pays-Bas constituent le trio de tête des pays les plus friands de ces services. Et ce n’est pas la seule technologie qui fait défaut dans l’Hexagone. La radio-identification – même si elle progresse – reste encore peu utilisée par les entreprises françaises (7% contre 10% dans l’Union européenne). Là encore, ce sont les plus grandes structures qui portent ce chiffre : 30% d’entre elles utilisent cette méthode qui permet d’identifier des personnes ou de contrôler des accès de l’entreprise, ou encore de suivre des produits dans la chaîne de production et de commercialisation.
Autre preuve du retard français : le partage électronique de l’information en interne n’est pas encore rentré dans les pratiques courantes des entreprises. Un quart d’entre elles se servent d’une application GRC pour faciliter l’accès à l’information sur la clientèle à différents services de l’entreprise (contre 28% en Europe). En revanche, la France se situe un peu au-dessus de la moyenne européenne concernant l’utilisation des progiciels de gestion intégrée (35% contre 31%).
(1) Les services cloud pris en compte dans cette étude sont payants, mobilisables par l’utilisateur à la demande et en libre-service (sans besoin d’intervention du prestataire une fois installés)., et modulables selon les besoins de l’entreprise.
(2) Etude réalisée début 2014 auprès d’un échantillon de 16000 unités légales, sociétés ou entreprises individuelles, actives, occupant au moins 10 personnes (salariés ou non). 73% y ont répondu.
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