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Crédit aux TPE/PME : les banques critiquées

Attaquées par Arnaud Montebourg, les banques françaises répondent s'intéresser de près au crédit alloué aux TPE et aux PME. Pourtant, deux études récentes montrent que plus l'entreprise est petite plus elle éprouve de difficultés de financement par des crédits bancaires.

Crédit aux TPE/PME : les banques critiquées

Le ministre de l’économie hausse le ton à l’égard des banques. Lundi, Arnaud Montebourg leur a demandé, lors d’une réunion avec la fédération bancaire française (FBF), de s’engager pour l’accès au crédit des PME et TPE. En toile de fond, le ministre de l’économie met en avant une étude récente qui laisse à penser que les TPE sont mal loties. Selon la Banque de France, environ 60% de ces entreprises auraient obtenu un crédit au cours du 1er trimestre 2014. Jean-Laurent Bonnafé, président de cette fédération professionnelle, n’a pas apprécié l’envolée du ministre. Par voie de communiqué de presse, il répond que « le développement du crédit aux PME et TPE est au cœur des stratégies de chacune des banques françaises ». Il avance que « la France est le pays de la zone euro où la progression de l’encours de crédit aux entreprises a été la plus significative depuis 2008. L’encours de crédit aux PME/TPE a encore augmenté de 0,9% à fin mars 2014, et 8 PME sur 10 obtiennent les crédits demandés, à des taux qui sont parmi les plus bas de la zone euro (Sources : BDF/BCE) ».

Difficultés d’accès au crédit de trésorerie pour les TPE

Qu’en est-il vraiment ? L’étude de la Banque de France mise en exergue par le ministre de l’économie montre clairement que les TPE ont souffert au 1er trimestre 2014 d’un moins bon accès au crédit que les PME. Sur cette période, seules 61 % des demandes de nouveau crédit de trésorerie ont été satisfaites, en totalité ou en grande partie, pour les TPE (entreprises de 0 à 9 salariés dans cette étude) contre 70 % pour les PME (entreprises de 10 à 249 salariés dans cette étude) et 79 % pour les ETI (entreprises de taille intermédiaire ; entre 250 et 4999 salariés), estime cette enquête réalisée auprès de 1700 TPE, 3500 PME et 400 ETI. Pour les nouveaux crédits d’investissement, les taux sont plus élevés. Ils s’élèvent à 84 % pour les TPE, 92 % pour les PME et 90% pour les ETI.

96 % des grandes entreprises obtiennent un crédit selon la BCE

Cette étude de la Banque de France semble donc résumer les chiffres avancés par la FBF en matière de crédits obtenus par les PME grâce à l’effet des crédits d’investissement. Mais l’accès aux crédits de trésorerie est en-dessous de la moyenne revendiquée de 8 PME sur 10.

Qu’en est-il des statistiques de la Banque centrale européenne (BCE) auxquelles la FBF semble faire référence ? Nous avons retrouvé une enquête récente, qui porte sur la période d’octobre 2013 à mars 2014, qui fournit des éclairages très intéressants. Elle révèle que 57 % des micro-entreprises implantées en France (entités de 1 à 9 salariés, selon cette étude) qui ont demandé un crédit (hors découverts et lignes de crédit) sur cette période l’ont obtenu, en totalité ou en grande partie. La proportion passe à 77% pour les petites entreprises (entités de 10 à 49 salariés pour cette étude) et grimpe à 90% pour les moyennes entreprises (entités de 50 à 249 salariés pour cette étude). La moyenne d’accès au crédit bancaire fournie par la BCE s’élève ainsi à 73 % pour les PME et non pas à 80% comme le prétend la FBF. Une proportion qui passe à 96% pour les grandes entreprises (entités d’au moins 250 salariés)

Très faible demande de nouveaux crédits

Autre indicateur, que ne mentionne pas la FBF, la très faible proportion d’entreprises ayant demandé un nouveau crédit. Selon l’étude de la Banque de France, seules 6% des PME ont sollicité un crédit de trésorerie au 1er trimestre 2014 contre 10% pour les TPE. Ses taux s’élèvent respectivement à 19 et 10% en matière de crédit d’investissement. Les chiffres relevés par la BCE en matière de crédit bancaire, toujours hors découverts et lignes de crédit, sont plus élevés : 25% pour les micro, 32% pour les petites et 41% pour les moyennes entreprises. Néanmoins, la majorité de ces entreprises ne sollicitent pas de prêt bancaire. Dans l’ensemble, cela tient avant tout au fait qu’elles déclarent disposer de suffisamment de fonds internes. Peu d’entre elles craignent un rejet de l’établissement financier. Mais environ 30 % des micro et des petites entreprises déclarent ne pas demander de crédit bancaire pour une autre raison. Une raison qui reste à élucider.

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