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[Dossier 1/3] Le coworking : des espaces sur-mesure pour entrepreneurs

Les lieux de travail partagés, dits espaces de coworking, se multiplient en France. Et pour cause, la demande ne cesse d’augmenter. Le jeune entrepreneur y trouve un parfait compromis pour y commencer son activité : une communauté qui le soutient et un local sans engagement.

[Dossier 1/3] Le coworking : des espaces sur-mesure pour entrepreneurs

« Ici, il n’y a pas de bail. On peut partir à tout moment, c’est sans contrainte. » Sébastien Loste, 31 ans, est entrepreneur. Il a repris en 2014 Telerys Communication, une TPE prestataire de services télécom, spécialisée dans le B to B, auprès des TPE/PME. Cette société compte pour le moment cinq salariés, un chiffre que le jeune patron compte bien faire évoluer : « Nous avons prévu de doubler voire tripler notre effectif en 2017 » nous confie-t-il. Un projet que les espaces de coworking proposés par Nextdoor permettent de réaliser. L’entreprise possède quatre sites en Île-de-France, soit 15 800 m² au total qui cherchent déjà à gagner du terrain.

La demande pour intégrer des espaces de coworking à Paris est en effet très forte : « C’est le prix de l’immobilier parisien qui fait que beaucoup de petites entreprises sont très mal logées, expose le président de Nextdoor, Philippe Morel. Ici, nous proposons un cadre agréable et des bureaux à 30 voire 50% moins chers que les prix du marché dans la capitale. C’est le cas aussi dans les grandes métropoles mais à une moindre échelle.» Le succès de Nextdoor s’inscrit dans une tendance générale : le nombre d’espaces de coworking en France est passé de 250 à 360 entre 2015 et 2016 selon une étude de Bureaux à Partager (BAP) en partenariat avec La Fonderie. Qu’est-ce qui explique un tel engouement des indépendants pour ces espaces de travail partagés ? Une offre souple qui correspond aux attentes de la nouvelle génération d’entrepreneurs.

Un moyen de briser la solitude de l’entrepreneur

Avant l’apparition des espaces de coworking en France en 2008, de nombreux projets entrepreneuriaux débutaient dans le salon des futurs chefs d’entreprise. Une situation qui comporte son lot de désagréments comme en témoigne Sébastien Loste : « Lorsque l’on devient entrepreneur, lancer son activité demande beaucoup de temps. On a notre famille bien sûr, mais on est souvent seuls et cette solitude peut nous peser. Ici, on peut sortir de notre grotte en restant dans une ambiance d’entreprise. » Lui, loue un bureau privatif dans le centre Nextdoor situé dans le quartier de la Défense mais cela ne l’empêche pas d’aller à la rencontre des autres coworkeurs. « Être installés dans un espace de coworking nous permet d’être au contact de boîtes jeunes et dynamiques et donc de se constituer un réseau plus facilement » témoigne-t-il. Un partage d’expérience qui est utile pour faire évoluer ses idées et les confronter aux avis d’autres experts. L’étude de BAP révèle d’ailleurs que 59 % des espaces voient leurs coworkeurs travailler ensemble.

Contrairement aux idées reçues, le coworking n’est pas réservé au secteur du numérique. Tous les entrepreneurs sont concernés, y compris les artisans. Camille et Clémentine*, toutes deux céramistes et associées, ont intégré l’espace de coworking de la Maison Revel, à Pantin (93). Elles partagent leur atelier avec deux autres céramistes d’horizons différents et avec qui elles n’hésitent pas à échanger des conseils et des techniques. « Nous nous apportons beaucoup mutuellement, expliquent-elles. Nous travaillons à côté de Koïchi Sato, un céramiste japonais installé récemment France et qui a appris d’autres techniques que nous ne maîtrisons pas. Il nous fait découvrir ses outils et sa manière de travailler, nous lui apprenons les méthodes françaises : c’est un échange qui profite à tous. »

La souplesse de l’offre séduit les jeunes chefs d’entreprises

Au-delà de la convivialité, la souplesse commune aux offres de coworking attire les jeunes entreprises. Comme chez Nextdoor, une majorité de ces espaces proposent une location au mois (91%), à la journée pour certains (61%) ou encore à l’heure (27,5 %) pour d’autres. Généralement, il n’y a aucun bail à signer et les prix sont nettement plus bas que des bureaux en location classique avec une moyenne de 320 € par mois en 2015. Si une jeune société ne parvient pas à trouver son modèle économique et fait faillite, aucun frais à verser, les procédures de départ sont extrêmement simples.

C’est aussi une bonne solution lorsque l’activité exercée par l’entrepreneur demande un investissement important qu’il n’est pas certain de rentabiliser immédiatement. Linda Ouhbi est céramiste et partage le même atelier que Camille et Clémentine à la Maison Revel. Elle voit cet espace de coworking comme une dernière étape avant de prendre son envol et de s’assumer financièrement : « Je suis quelqu’un de plutôt solitaire donc j’aimerais beaucoup avoir mon propre espace. Mais pour un débutant ça demande trop d’investissement. Ici, j’ai le temps de tester mes créations, de m’essayer à de nouvelles techniques et de créer ma première collection. A terme, j’aimerais quand même posséder un atelier rien qu’à moi. Ça se fera, mais plus tard, quand j’aurai constitué un univers qui me convient. »

2017 : les géants du coworking débarquent en France

Il y avait de grandes chances que le succès bruyant du coworking attire de grands groupe désireux de surfer sur la tendance. L’année de leur arrivée est annoncée ! En 2017, Paris sera la capitale du coworking. Deux géants ont décidé d’y installer leurs immenses locaux de bureaux partagés. D’abord WeWork, entreprise américaine qui possède 141 bureaux dans 34 villes autour de la planète. La société a été créée en 2010 et héberge une partie des salariés de Google, IBM, Microsoft et même BlaBlaCar. Un de leurs vastes bâtiments ouvrira au printemps prochain aux côtés des Galeries Lafayette. Au programme : internet fourni, boissons gratuites et évènements en tous genres qui illustrent bien le slogan de la marque : « Profiter de la vie en travaillant. »

L’homme d’affaire français Xavier Niel  a, lui aussi, décidé d’ouvrir son espace de coworking nommé Station F à Paris le 1er avril. Au total, 34 000 mètres carrés seront consacrés à ce qu’il nomme « le plus grand campus de start-up au monde. » Pas moins de 8 espaces évènementiels ont été construits pour distraire salariés et entrepreneurs.

Le coworking pour la vie ?

Comme tout modèle, le coworking pose aussi ses limites et il n’est parfois pas possible d’en profiter éternellement. Certains espaces comme la Maison Revel ont décidé d’accompagner les céramistes dans la création de leur univers et de proposer diverses formations pour aider les coworkeurs à intégrer la vie professionnelle bien armés. Les séjours dans cet espace sont donc limités de 6 mois à deux ans. Marina Ribiero, responsable d’équipement à la Maison Revel, détaille cette démarche : « J’ai eu l’idée de créer un espace de coworking pour les céramistes car beaucoup d’entre eux me contactaient pour louer un local à peine sortis de l’école. Ils n’étaient encore pas prêts à s’assumer complètement. J’ai donc imaginé un lieu qui les accueillerait  en leur offrant un atelier où fabriquer leurs premières créations et qui les accompagnerait grâce à des formations.» Un pari qui remporte un franc succès avec plus de 20 candidatures en deux semaines lorsque l’annonce est parue, en septembre 2016.

Pour Sébastien Loste, qui a installé son entreprise chez Nextdoor, la limite du coworking sera d’ordre financière : « Nous pouvons agrandir notre bureau en installant le nombre de places que l’on souhaite, on ne nous impose pas de limite. Mais nous avons calculé qu’à partir d’une petite dizaine de personnes le coworking ne serait plus rentable pour nous. Mieux vaudra alors trouver un local pour s’y installer durablement. »
Retrouvez demain le deuxième article du dossier « Coworking » : « Les entreprises ont besoin de redonner du sens au travail » : le coworking en plein boom.

 

Melissa Carles

 

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