Actu

[Dossier 3/3] Le coworking décalé : quand les indépendants investissent des espaces originaux

Les espaces de travails sont en pleine mutation. Les jeunes entreprises délaissent peu à peu les locaux classiques au profit de lieux moins institutionnels et plus flexibles. Exploration de ces concepts originaux qui s’installent un peu partout en France.

[Dossier 3/3] Le coworking décalé : quand les indépendants investissent des espaces originaux

Travailler dans un ancien bâtiment Sncf désaffecté à Paris, un ancien atelier automobile à Marseille ou une antique caserne militaire à Bordeaux, ça vous tente ? Ces espaces de coworking atypiques se développent rapidement et le classique « local par société » n’est plus au goût du jour. Désormais, les travailleurs indépendants, TPE, PME et même les filiales de grandes sociétés se réunissent pour partager un espace de travail quitte à réinvestir des lieux oubliés. Ce désir de faciliter les relations professionnelles et de recréer du sens au quotidien en y apportant une bonne dose de convivialité oblige les acteurs du secteur à s’adapter et ouvre les portes d’un nouveau business.

« Notre espace accueille des coworkeurs la semaine et abrite une église protestante le week-end »

Que ce soit pour rentabiliser leur espace ou favoriser les échanges entre divers univers, les espaces de coworking ont tendance à diversifier de plus en plus leurs activités. C’est le cas de Diane del Papa qui a créé l’espace Polygones dans le quartier de Saint-Georges à Lyon. Ce lieu a ouvert ses portes en octobre 2016 et divise son temps en deux : l’espace accueille la semaine 9 coworkeurs. Le dimanche, Polygones abrite une église protestante. Diane nous explique sa démarche : « J’ai rencontré dans un café du Vieux Lyon le pasteur actuel de l’église que nous abritons. Il recherchait un lieu de culte pour faire des réunions et moi je cherchais à ouvrir un espace de coworking  du coup on s’est dit pourquoi pas se lancer ensemble ? Je voulais que cet espace soit exploité à 100 %. » Cette cohabitation singulière reste pourtant un cas rare : «  Notre cas est particulier, explique la fondatrice du lieu,  car les Protestants Évangélistes n’ont pas besoin de représentation religieuse pour exercer leur culte, seulement une Bible et un pupitre. Il est donc facile de partager un espace avec eux. »

Diane del Papa envisage d’ailleurs de construire un autre espace de travail, toujours à Lyon et ne manque pas de projets pour diversifier son offre : « Nous réfléchissons même actuellement à organiser dans l’espace de coworking des expositions et des concerts le samedi. » Toujours dans cette quête de connecter différents univers, le coworking sait dynamiser les lieux tout en fructifiant ses affaires.

Les services de proximité ouvrent leurs portes aux indépendants

« Le coworking est un secteur inspirant en ce moment » rend compte Jean-Yves Dupuy, délégué régional de la Société Générale du Grand Sud-Ouest. La banque est la première à avoir exploité les bureaux inoccupés au sein de ses agences en les mettant à disposition des travailleurs qui le souhaitent. « L’idée est née d’une rencontre avec Base 10 (un site de location de bureaux ndlr). Nous avions l’ambition de faire évoluer la banque, c’est pourquoi nous proposons à la location nos espaces libres situés dans nos agences du Grand Sud-Ouest. Nous mettons ainsi à disposition d’indépendants, de commerciaux ou d’artisans des bureaux et salles de réunion pour la journée ou demi-journée. » Seul son smartphone suffit pour réserver un bureau et y avoir accès pendant les horaires d’ouverture de l’agence Société Générale. Si, pour le moment, l’initiative est en phase de test depuis début décembre dans les agences situées en Midi-Pyrénées, en Aquitaine, au Limousin et au Poitou-Charentes, elle ne tardera pas à se généraliser dans les autres régions françaises si le succès est au rendez-vous.

Les cafés sont eux aussi, et depuis bien longtemps, des lieux de travail pour de nombreux salariés et indépendants. C’est de cette constatation que sont partis Jérôme Introvigne et Sébastien Hordeaux, les fondateurs de FrenchWork. « Nous avons constaté qu’après un déjeuner d’affaires énormément de personnes restaient dans les restaurants pour débriefer leur réunion, nous livre Jérôme Introvigne. Tout le monde travaille aujourd’hui dans les cafés de manière officieuse, nous avons décidé de rendre tout cela officiel et convivial. » Ils proposent alors aux restaurateurs de rentabiliser leurs heures de creux en accueillant dans leur café des coworkeurs en quête d’un lieu calme. Une solution qui profite aussi bien au client qu’au propriétaire. « Tous les restaurants qui collaborent avec nous sont facilement accessibles, situés près des transports en commun. Ce sont des très belles adresses que les espaces de coworking n’auraient pas les moyens de se payer. Quand le coworkeur arrive, il est accueilli avec une boisson chaude comprise dans le forfait : 10 € la demi-journée. » Pour l’instant, FrenchWork s’est installé à Toulouse et Paris mais compte bien agrandir son champ d’action aux autres métropoles françaises en 2017.

 

Le coworking nous réserve de nombreuses surprises et son évolution constante ne cesse de passionner les professionnels. La preuve en est que les 1ères assises du coworking qui se tiennent le 3 février prochain à Lyon avec pour thème : Travail et coworking, mutuelles mutations ?

 

Melissa Carles

Laisser un commentaire

Suivant