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Le Medef qualifie la France d'enfer fiscal

Niveau des prélèvements obligatoires devenu insupportable pour les entreprises, instabilité des dispositifs… Les universités du Medef ont exprimé le ras le bol fiscal des patrons.

Le Medef qualifie la France d'enfer fiscal

« La France s’est choisie pour enfer la fiscalité ». Comme d’habitude, l’économiste Nicolas Baverez ne mâche pas ses mots. D’autant plus quand il s’exprime en terrain conquis, en l’occurrence hier, sur le campus d’HEC, lors de la deuxième journée des universités d’été du Medef. Si le célèbre économiste se fait l’écho du soi-disant enfer fiscal, d’autres en parlent pour l’avoir vécu. « J’ai croisé l’enfer fiscal personnellement suite à une décision [en 1997] d’Alain Juppé et de son gouvernement de déplafonner l’ISF, lâche Denis Payre ». Devant plusieurs centaines d’entrepreneurs, le co-fondateur de Business objects, un éditeur de logiciels appartenant aujourd’hui à SAP, détaille sa mésaventure qui l’a conduit, à l’époque, à quitter la France.

Taxation d’un patrimoine virtuel

« J’avais un patrimoine papier à 90 % constitué d’actions de ma société que je pouvais très difficilement vendre parce que j’étais un initié aux yeux de la Sec, le gendarme américain de la bourse. Donc je ne pouvais vendre que de toutes petites quantités d’actions tous les trimestres, pendant trois jours, poursuit-il. Ce patrimoine n’était pas liquide, fluctuait en permanence et ne me rapportait rien parce que les sociétés de technologie ne paient pas de dividendes. C’était donc un patrimoine complètement virtuel mais qui était taxé en monnaie sonnante et trébuchante chaque année sur la base du cours de bourse au 31 décembre. J’étais dans une situation très compliquée. Je n’avais pas les moyens de payer cet impôt donc j’ai quitté la France, la mort dans l’âme. J’ai vraiment eu l’impression que les hauts fonctionnaires des cabinets ministériels nous tiraient dans le dos », ajoute-t-il.

« On est chez les fous »

Quelques minutes plus tôt, René Ricol avait critiqué lui aussi l’ISF. « Si vous avez 10 milliards d’euros d’œuvres d’art, vous payez 0 ISF. Mais si vous avez l’ambition, étant jeune, de posséder un appartement dans Paris, ce qui vous prendra 25 ans d’économie, eh bien vous paierez évidemment un ISF. On est chez les fous », lâche l’ancien expert-comptable.

Président de Tenthorey, une PME française du textile, Yves Dubief en a ras le bol de la fiscalité française. « Il y a 10 ans, j’ai construit un nouveau bâtiment dans mon entreprise, se souvient-il. Il n’était pas prévu de réformer la taxe professionnelle. Maintenant, il y a deux volets dont un qui est la CFE (cotisation foncière des entreprises) qui fait que je double mon imposition sur ce bâtiment et que j’atteins 180000 euros d’impôt. Pour mon entreprise de 60 personnes, ça fait 3000 euros par salarié soit grosso modo un 14ème mois chargé que j’aurai pu leur offrir », regrette-t-il.

Le Medef pour une baisse des prélèvements obligatoires de 100 milliards d’euros

La veille, Pierre Gattaz avait déjà sonné la charge contre l’ISF qu’il demande de supprimer. Et plus globalement, il souhaite une baisse de la fiscalité des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises : 50 milliards sur la fiscalité, par une diminution des dépenses publiques, et 50 milliards sur les cotisations sociales, via un transfert de charges vers des mécanismes type CSG et TVA. Une façon de mettre la pression sur le gouvernement au moment où se profile le projet de loi de finances pour 2014.

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