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Le manque de perspectives d’évolution pousse les cadres à entreprendre

Quelles sont les motivations des salariés cadres qui quittent leur entreprise pour devenir entrepreneurs ? La récente étude de l’Apec répond à la question.

Le manque de perspectives d’évolution pousse les cadres à entreprendre

Devenir entrepreneur n’est pas toujours une vocation innée. La création du régime auto-entrepreneur, en 2008, a relancé, chez les Français, l’envie de se mettre à son compte et a même séduit des employés qui cherchaient « un mode de production alternatif au salariat ». C’est ce que nous rappelle l’association pour l’emploi des cadres (l’Apec) dans une étude publiée le 14 décembre 2017. La catégorie des cadres n’échappe pas à cette tendance, le micro-entrepreneuriat est le statut le plus populaire chez cette population : 87% le connaissent. Certains ont même décidé d’abandonner leur poste pour créer leur entreprise. Mais que les a-t-il convaincus ? L’échantillon de cadres interrogé par l’Apec cite en priorité l’autonomie, corroboré à manque de perspectives d’évolution au sein de leur société.

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Un équilibre vie professionnelle/vie privée

Le principal avantage qu’offre l’entrepreneuriat est une flexibilité de l’emploi du temps : plus de hiérarchie, le chef d’entreprise peut s’organiser comme il le souhaite. C’est cela que regrettaient le plus les cadres devenus indépendants : le manque d’autonomie ainsi qu’un équilibre entre le travail et la famille souvent difficile à conjuguer. Les sondés sont pourtant bien conscients de la charge de travail conséquente qui les attend en étant à leur compte, mais leur planning malléable rend la chose plus acceptable.

Le sentiment de ne plus progresser

Malgré tout, le rapport de l’Apec précise que la flexibilité seule n’est pas suffisante pour persuader les sondés de changer de statut. Le manque de perspective d’évolution est l’élément déterminant. Si le cadre estime qu’il a atteint la maturité nécessaire et qu’il n’a plus rien à apprendre à son poste actuel, il préférera lancer son activité plutôt que d’avoir le sentiment de ne plus progresser. « L’entrepreneuriat peut, en effet, permettre de valoriser des compétences, de les faire évoluer dans un rapport au travail renouvelé, notamment par une relation client plus engagée en offrant une offre de service plus personnalisée » développe l’Apec.

Des cadres peu aventureux

Mais tout ce changement ne se fera pas sans un minimum de sécurité. Prudents, les cadres attendent, en majorité, de bénéficier d’un environnement favorable pour lancer leur activité. Créer sa société est une prise de risques financière que les sondés veulent minimiser. Ils ne se lanceront donc pas sans un soutien parental (pour les plus jeunes) de type hébergement gracieux ou aide administrative, ou bien sans la présence d’un conjoint impliqué dans le projet ou possédant un salaire capable de faire vivre la famille.

Entrepreneur par obligation

Enfin, certains cadres optent pour l’entrepreneuriat par nécessité après un licenciement, tempère l’étude. Face aux difficultés rencontrées lors de la recherche d’emploi, les anciens cadres préfèrent alors devenir indépendants, sans avoir de vocation particulière pour ce statut. Il ne suscite d’ailleurs que peu d’inquiétudes en ce qui concerne la protection santé, chômage et retraite. Cette relative sérénité se justifie par le fait que le projet d’entreprise est considéré comme un test, ou bien par l’urgence de créer son activité avant le chômage, ce qui relègue la question de protection au second plan.

 

*L’étude a été réalisée auprès d’une trentaine de cadres, expérimentant ou ayant expérimenté ces formes d’emploi au cours des trois dernières années. Ils ont été interrogés par téléphone (entretiens semi-directifs), de juillet à septembre 2017. Quelques résultats issus de l’enquête quantitative « Situation professionnelle et rémunération des cadres » ont été utilisés (enquête en ligne menée auprès de 18 000 cadres).

 

Melissa Carles 

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