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Le non-salariat n'est pas une tendance en voie de généralisation

Selon France Stratégie, « le non-salariat est loin de se généraliser partout ». Le nombre des indépendants est en baisse : ils représentent aujourd’hui 12 % de l’emploi total, contre 18 % en 1982. Toutefois, la mutation des métiers a entraîné celle du visage des indépendants : « traditionnels » il y a 30 ans, ils sont micro-entrepreneurs ou indépendants en solo aujourd’hui.

Le non-salariat n'est pas une tendance en voie de généralisation

Halte aux idées reçues !  Le nombre d’indépendants n’est pas en augmentation constante. « Entre 1982 et 2016, le nombre de travailleurs indépendants a diminué de 883 000 », indique la note d’analyse de France Stratégie (Salarié ou Indépendant : une question de métiers), publiée le 21 septembre 2017. Sur la même période,  l’intérim et le CDD ont progressé plus vite (de 5 % à 11 %) que les CDI et fonctionnaires qui restent toutefois majoritaires, à 75 % en 2016 (contre 77 % en 1984). Mais en tente ans,  « deux mouvements contraires » se manifestent : augmentation des contrats à durée limitée et  hausse du salariat en CDI chez les indépendants traditionnels. Ainsi, « les contrats à durée limités [CDD et intérim]  se sont diffusés dans tous les métiers, comme réponse aux besoins de flexibilité des employeurs que la législation a pu accompagner », notent les auteurs.  Le non-salariat s’est quant à lui principalement développé dans les métiers de services, surtout depuis 2005.

Le patron de bar, le fromager et le médecin libéral en forte baisse

En trente ans, les métiers des indépendants ont changé. À l’aube des années 1980, l’indépendant était avant tout agriculteur exploitant, propriétaire de magasin ou patron de bar. Mais dans la plupart de ces professions où la part des non-salariés était supérieure à 20  % des emplois en 1984, cette part a reculé essentiellement au profit du CDI. Nulle profession n’échappe à cette règle : le déclin du nombre de médecins et les nombreux départs en retraite expliquent la chute de la médecine libérale, les nouveaux entrants exerçant davantage en milieu hospitalier ou en établissements médico-sociaux dont le nombre a crû avec le vieillissement de la population. Chez les commerçants et artisans, l’indépendance statutaire est également moins fréquente qu’il y a trente ans. Le recul des petits commerces au profit des grandes surfaces et la croissance des industries agroalimentaires qui emploient les trois cinquièmes des bouchers, charcutiers et boulangers expliquent que le salariat ait progressé au détriment des indépendants.

Renouveau du travail indépendant majoritairement dans le secteur des services

Selon l’étude,  le travail indépendant est devenu une forme de flexibilité et d’externalisation de la main-d’œuvre dans les métiers à fort contenu cognitif et les professions paramédicales, ainsi que chez les artisans de la construction.  Concrètement, l’indépendant de 2016 est  graphiste, imprimeur, peintre, formateur ou kinésithérapeute, artiste ou électricien. Pour ce dernier, « ouvrier qualifié du second œuvre » comme les plombiers, menuisiers, ou peintres en bâtiment, la part des indépendants «  qui avait peu évolué jusqu’en 2008, demeurant autour de 35 %, a bondi depuis la crise et la création du statut d’autoentrepreneur en 2009 pour s’établir à 44 % en 2014 ».

Livraisons via les plateformes : une bulle ou la prochaine mutation des travailleurs indépendants ?

En revanche, le recours à des indépendants est très peu développé dans les activités de la logistique (transport et entreposage) et a même eu tendance à décroître pour les conducteurs de véhicule (taxis, livreurs et chauffeurs routiers). Et en dépit de la croissance des plateformes tels Uber ou Deliveroo qui recourent essentiellement à des micro-entrepreneurs comme prestataires de services de mobilité, leur volume d’emploi reste encore marginal (et très urbain) par rapport à un métier exercé très majoritairement en CDI (à 82 %). Les auteurs ne s’aventurent pas sur l’avenir de ces métiers, ouvrant la porte à de nouvelles mutations : « Il est toutefois possible que la gig economy (l’économie des petits boulots) et l’externalisation accrue favorisent désormais une forme de flexibilité de la main-d’œuvre encore peu développée dans ces métiers, sinon comme complément d’activité ».

Claire Padych

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