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Reprise d’entreprise : « reprendre une société en difficulté n’est pas forcément une bonne affaire »

Le salon de la transmission et de la reprise d’entreprise a eu lieu le 4 et 5 décembre 2017 au palais Brongniart à Paris. L’occasion, pour Daniel Ramakichenane, associé du cabinet Wingate et expert en restructuration des entreprises en difficulté, d’exposer les opportunités et les risques que représente la reprise d’une société en difficulté.

Reprise d’entreprise : « reprendre une société en difficulté n’est pas forcément une bonne affaire »

« On entend souvent parler dans le monde des affaires de reprises d’entreprises en difficulté pour un euro symbolique. Il faut en finir avec cette idée préconçue. Reprendre une société à la barre du tribunal n’est pas forcément une bonne affaire. » Daniel Ramakichenane, associé du cabinet de conseil financier aux entreprises Wingate, présente le sujet de sa conférence à l’événement Transfair au palais Brongniart, ce 4 décembre. Selon ses chiffres, sur les 60 000 procédures de recouvrement qui ont lieu chaque année, 92 % vont directement en liquidation judiciaire et 7 % finissent en plan de redressement. Le taux de sociétés en difficultés reprises est donc très faible. Pourtant, reprendre une entreprise en mauvaise posture peut présenter une belle opportunité si l’on sait repérer les pièges et valoriser son profil. « Trois éléments sont principalement examinés par les tribunaux, selon le conseiller. Ils sont : la continuité de l’exploitation, le sort des salariés et la somme que le repreneur peut débourser. » Le reste est un mélange d’accompagnement et de stratégies.

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Trois avantages majeurs

Autre que l’avantage financier que peut représenter la reprise d’une entreprise en difficulté, la confidentialité est aussi de mise. Ainsi, lors d’une reprise à l’amiable, l’acquéreur peut essayer de négocier les créances bancaires contre un achat immédiat ou bien discuter avec les fournisseurs. Comprendre « ce que l’on peut attendre de la société en terme de rentabilité » rapidement est un avantage certain pour prendre la bonne décision.

Lors des procédures collectives, le repreneur peut demander à être inscrit sur les listings mails d’administrateurs judiciaires qui envoient régulièrement à leurs contacts la liste des entreprises à revendre. Une opportunité qui permet de se positionner en amont lorsqu’une société intéressante cherche à être cédée.

Enfin, « rien n’empêche de s’allier avec d’autres repreneurs lorsque l’on est en compétition et que notre dossier est limite » conseille Daniel Ramakichenane. En effet, rien ne sert d’être seul dans la reprise, combiner ses efforts avec d’autres acquéreurs potentiels peut permettre d’acquérir une société impossible à obtenir seul.

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Une reprise sans garantie

Pour autant, il ne faut rien attendre des banques lors d’une reprise à la barre du tribunal. « Les leviers de financement classiques sont quasi inexistants » prévient l’expert. Il ne tient alors qu’au repreneur de choisir la bonne affaire, d’autant plus qu’il n’y a aucune garantie lors du rachat d’une société en difficulté. C’est une vente dite « aléatoire ». De grandes investigations sont donc à mener pour être sûr de ne pas commettre une erreur. Par exemple, mieux vaut vérifier les stocks d’un commerce soi-même, afin de s’assurer que ses stocks ne sont pas périmés avant l’achat.

Autre précaution à prendre : les offres proposées successivement ne peuvent qu’être mélioratives. Ainsi, il est indispensable de travailler sur sa stratégie afin que la meilleure proposition vienne en dernier. Par exemple, il n’est pas possible de proposer d’abord de reprendre 10 salariés pour, finalement, n’en sélectionner que 4.

Limiter ses risques

Pour limiter ses risques, un repreneur doit en priorité réaliser des audits (financier, juridique, fiscal, social, RH, environnement), évaluer le travail fourni par les salariés, s’assurer de locaux en bon état et garder à l’esprit qu’il ne reprend que le fonds de commerce. Il est aussi préférable qu’il choisisse un secteur qu’il connaît afin de présenter le bon pedigree et de maîtriser son futur business.

Au final, l’essentiel est de présenter un dossier cohérent entre son profil, les offres proposées et le futur imaginé pour la société reprise. Un seul mot d’ordre : « il faut que le projet tienne la route. »

 

Melissa Carles

 

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