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Un quart des TPE/PME sont en sous-effectif chronique

Si les TPE-PME ont embauché en 2015, un quart d’entre elles estiment être en sous-effectif chronique. En cause ? Le coût du travail, bien loin devant le manque de visibilité économique.

Un quart des TPE/PME sont en sous-effectif chronique

« Ce sont les TPE-PME les plus grosses contributrices en termes de création nette d’emplois » assure Philippe Deljurie, cofondateur du site d’emplois Meteojob. En 2015, 66,7 % des PME (entre 10 et 250 salariés) et 26,2% des TPE interrogées ont déclaré avoir embauché au moins un collaborateur en CDI ou CDD. Il assure qu’« il va encore y avoir de très nombreux postes à pourvoir cette année dans les PME. Elles continuent à créer de l’emploi là où les grandes entreprises en détruisent ». Néanmoins, les perspectives d’embauches dans les TPE PME seraient en très léger recul : en 2016, 64,2 % des entreprises interrogées ont indiqué qu’elles ne recruteront pas de collaborateur cette année, contre 63,1 % l’année dernière.

Des freins liés au coût et à la rigidité des contrats de travail

Première explication, le manque de visibilité économique avec un pilotage à vue des chefs d’entreprise depuis près de 10 ans. Philippe Dokès, cofondateur de Companeo, comparateur de fournisseurs pour les TPE-PME, explique que ce ne serait néanmoins pas la première cause. Et met en avant la rigidité du marché du travail en France. « Trop de protection tue la protection. L’économie est là mais il y a un gros problème d’ajustement. Nous avons des réserves d’emplois qui sont des puits inexplorés. Les TPE et PME représentent 99 % des entreprises et 50 % de l’effectif salarié français. Il est prioritaire de les aider à surmonter leurs problèmes de recrutement ». Du côté des entreprises, c’est le même constat puisque seulement une sur trois déplore le manque de visibilité sur les perspectives économiques. De la même manière, la volonté de dépasser un seuil avant d’être soumis à d’autres obligations n’est citée que par 6,8 % d’entre elles. Pour 66,2 % des dirigeants, c’est le coût du travail qui freine le nombre d’embauches potentiellement réalisables en 2016. Arrive en seconde position le manque de flexibilité dans le contrat de travail (51,4 %) face à une activité qui varie fortement au cours de l’année. Conséquence, un quart des TPE PME se disent régulièrement en sous-effectif. Ce chiffre monte à 60 % si l’on prend en compte les TPE et PME qui se disent ponctuellement en sous-effectif. « Nous avons des réserves d’emplois de 750 000 entreprises en situation potentielle d’embauche qui sont des puits inexplorés », explique Philippe Dokès.

Insiders vs outsiders

« Il faut libérer le travail ! clame Philippe Deljurie. Le phénomène du sous-effectif est le résultat d’une absence de visibilité ? conjuguée à la rigidité du marché du travail : le chef d’entreprise préfère absorber les éventuels pics de charge avec les personnes déjà en poste. L’alternative serait bien sûr de recruter, mais la rigidité du contrat de travail n’encourage vraiment pas à le faire. Cela crée un déséquilibre qui n’est profitable à personne : d’un côté des “insiders” avec toujours plus de travail, au risque d’aller vers l’épuisement ; de l’autre les “outsiders” qui ont du mal à rentrer sur le marché du travail ». Autre paramètre, les TPE-PME ne communiquent pas assez sur leurs offres qui ne sont de fait pas assez visibles pour les potentiels candidats. « Elles recrutent de manière unitaire donc on les voit moins, concède Philippe Deljurie. De fait, elles ne trustent pas le paysage médiatique. C’est la double peine car les meilleurs candidats ne viennent pas à elles et cela les freine dans leur développement ». Reste à trouver un modèle économique qui permettrait aux petites entreprises de publier leurs offres d’emploi sans qu’elles aient à trop débourser.

 

Enquête « Les perspectives d’emplois dans les TPE et PME » de Meteojob et Companeo, 3e édition réalisée en mars 2016 auprès de de 1 056 chefs d’entreprises de TPE ou PME

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