Interview

Arnaud Knobloch, co-fondateur et co-dirigeant de Vadequa.com, à Montpellier (34)

Tester rapidement et de manière abordable l’adéquation d’un candidat avec la culture de son entreprise, telle est la solution proposée par Vadequa, via son logiciel. Cet outil, disponible en ligne, est proposé par une jeune start-up, qui a su s’adjoindre les compétences qui lui étaient nécessaires. Explications d’Arnaud Knobloch, son co-fondateur.

Arnaud Knobloch, co-fondateur et co-dirigeant de Vadequa.com, à Montpellier (34)

Comment est née l’idée d’un logiciel dédié au recrutement ?

Avec Martin Delemotte, l’autre co-fondateur de Vadequa, on avait depuis longtemps le désir de créer une entreprise. Nous avions tous les deux une passion pour l’entrepreneuriat. L’envie est donc venue avant l’idée. Cette dernière est née lorsque, à la fin de nos études, nous avons cherché à intégrer une entreprise. Nous avons eu la chance d’avoir beaucoup de propositions. Ce qui nous a fait nous demander : « comment savoir si je serai satisfait et heureux dans telle ou telle entreprise ? ». Tous les responsables de ressources humaines que nous rencontrions vantaient bien entendu leur entreprise…
Sachant que la plus grande cause d’échec d’un recrutement est due à l’inadéquation entre la personnalité d’un candidat et la culture de l’entreprise qu’il intègre, c’est comme cela que l’on a commencé à imaginer un logiciel.

Sur quoi votre idée se base-t-elle ?

Sur l’importance du savoir-être par rapport au savoir-faire dans un recrutement. Plusieurs études à travers le monde ont mis en évidence que pour mesurer la performance d’un individu, les années d’études et l’expérience ne comptent que pour 3 % ! Résultat : si l’on se base simplement sur ces critères, on ne prédit pas grand-chose sur le succès d’un recrutement…
A contrario, le comportement, c’est-à-dire la personnalité d’une personne dans un environnement donné, couplé à l’intelligence compte pour 40 % des performances. Sachant que ces 40 % constituent un maximum de ce que l’on peut prédire et qu’il restera donc toujours une part d’aléatoire, inhérent à l’humain.
Notre but à travers notre logiciel, c’est donc de permettre aux entreprises de recruter sur le long terme des salariés qui seront intégrés et épanouis, donc fidèles, alors que l’on sait que les erreurs de recrutement leur coûtent très cher. C’est aussi d’encourager la diversité au sein des entreprises puisqu’alors on ne recherche plus forcément un profil unique…

En quoi consiste votre logiciel concrètement ?

Le processus se déroule en deux étapes. La première nécessite de connaître l’entreprise. Le logiciel enquête donc pour déterminer ses valeurs. C’est une sorte d’audit, de profiling, soumis aux salariés. Une étape néanmoins facultative car on s’est aperçu que beaucoup d’entreprises n’ont pas envie de savoir ce que leurs salariés pensent d’elles. Dans ce cas-là c’est l’employeur lui-même qui répond à une série de questions permettant de définir la culture de son entreprise.
La deuxième étape consiste à tester les candidats pour vérifier leur adéquation avec les valeurs de l’entreprise.
Il est possible de tester la solution. Pour cela, il suffit de remplir un formulaire en ligne qui permet de planifier une démonstration, à distance ou en réel. On explique alors à l’entreprise comment se passe le profiling, la campagne de recrutement et les rapports que nous générons tant à son sujet qu’à celui des candidats.

Combien ça coûte ?

Pour bien faire, il faudrait que l’entreprise teste toutes les candidatures.
Actuellement, quand elle en réceptionne 100, elle fait généralement un tri sur CV un peu aléatoire. Elle en sélectionne 20, reçoit finalement 10 personnes et teste les 5 derniers en lice. Nous, ce que nous conseillons, c’est de tester les 100 dès le départ. Cela implique que les tests effectués par l’entreprise soient illimités.
Nous proposons donc un paiement par campagne de recrutement et non par test, soit 1200 euros par poste recruté, avec un paiement par abonnement mensuel de 100 euros, ce qui permet un décalage de trésorerie.
Il faut savoir que dans un cabinet de recrutement, il faut compter entre 4000 et 5000 euros la prestation.

Qu’est-ce qui fait de votre logiciel un outil fiable ?

Pour développer notre logiciel, nous avons eu une démarche scientifique, ce que n’ont pas beaucoup de logiciels présents sur le marché. Cela nous a demandé deux années de travail pour répondre à cette problématique : comment être objectif avec de l’humain ?
Tous les modèles que l’on utilise viennent de travaux en psychologie, donc de l’humain, mais pour tester la personnalité, on s’appuie par exemple sur le Big Five, un test utilisé depuis 40 ans et éprouvé à travers le monde.
Après, sur les valeurs, on s’appuie sur des travaux plus récents, d’une dizaine d’années. On a certes moins de recul, mais ils ont quand même été validés.
Par ailleurs, nous nous sommes entourés car mon associé et moi étant scientifiques à la base et inexpérimentés, nous étions conscients de notre problème de crédibilité. Nous avons dès le début collaboré avec un laboratoire en psychologie. Puis, plus récemment, nous avons accueillis deux associés, l’un ayant des compétences en entrepreneuriat et l’autre en RH. Enfin, nous prévoyons d’intégrer rapidement un cinquième associé, lui aussi RH et psychologue du travail.

Comment pouvez-vous garantir la sincérité des réponses des candidats ?

Nos questionnaires intègrent une échelle du mensonge, des questions dites « à forte désirabilité sociale », c’est-à-dire des pièges, disséminés tout du long. Ces questions permettent de montrer la sincérité du répondant. Lorsqu’on fournit à nos clients les rapports sur les candidats, ils incluent un indice de sincérité en pourcentage. Quand celui-ci n’est pas bon, il leur appartient de vérifier les points douteux en entretien.

Qui sont vos clients ?

Pour l’instant, on a toutes les typologies, de l’entreprise qui travaille avec un cabinet de recrutement qui va utiliser notre logiciel, à celle qui n’a pas les moyens de recourir aux services d’un cabinet.
On vise les PME de moins de 500 salariés, et plus particulièrement celles de 100 personnes, car les plus grosses sont déjà très bien équipées en logiciels. On s’aperçoit que les petites structures sont intéressées par notre solution car le dirigeant qui recrute au feeling s’est déjà fait avoir une ou deux fois et ne veut plus reproduite les mêmes erreurs.

Quels sont vos projets à venir ?

On a prévu de continuer à améliorer notre logiciel : on va ainsi intégrer une partie « intelligence » (tests de QI) avant la fin de l’année pour proposer une solution vraiment complète.
Par ailleurs, si les petites entreprises sont souvent plus ouvertes d’esprit, on s’aperçoit que le discours qui consiste à dire que recruter sur les diplômes n’a pas de valeur scientifique est parfois difficile à faire entendre, surtout pour des DRH de plus de 50 ans. On développe donc parallèlement une formation d’une demi-journée sur « comment recruter scientifiquement ».
On envisage également de trouver des cabinets RH qui deviendraient nos partenaires et qui pourraient s’appuyer sur notre logiciel pour faire du conseil, par exemple sur le climat social dans les entreprises.
Pour tout cela, il est maintenant nécessaire de développer rapidement notre force commerciale. Pour y parvenir, on a prévu d’effectuer une levée de fonds début 2013 d’un montant de 200.000 à 300.000 euros.

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME

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