Interview

Benoît Rousseau, dirigeant de la Pâtisserie des Flandres qui avait entièrement brûlé, à Erquinghem-Lys (59)

Spécialisée dans la confection de gaufres, la Pâtisserie des Flandres a été entièrement détruite par le feu en 2008. Un an après, non seulement Benoît Rousseau et ses salariés l’ont fait renaître de ses cendres, mais elle aborde désormais un nouveau tournant avec le e-commerce.

Benoît Rousseau, dirigeant de la Pâtisserie des Flandres qui avait entièrement brûlé, à Erquinghem-Lys (59)

Comment avez-vous vécu la perte de votre entreprise il y a un an ?

C’est un énorme traumatisme. Tout s’effondre d’un coup. Je n’aurais pas su continuer si j’avais été seul. Heureusement, je suis bien entouré par mon responsable d’atelier, Eric Blanchegorge et à la qualité, par Thomas Sabin. Nous n’avions plus rien à vendre, mais il fallait préparer le terrain, réagir vite. Que pouvait-on faire ? Tout ça ne s’apprend pas à l’école. Il faut être un peu fou, mais c’est agréable de ne pas être fou tout seul. La page est tournée, c’est maintenant que la véritable histoire commence.

Côté assurances, quelle expérience en tirez-vous ?

Nous étions bien assurés, mais jamais assez. Je ne comprenais pas ce que pouvait être un sinistre total. Nous avions heureusement une assurance perte d’exploitation.

Comment avez-vous géré votre communication de crise ?

Quand le feu a anéanti notre outil de travail, je me suis fait une réflexion : à défaut d’être dans les rayons des magasins, nous étions dans les journaux, présents quelque part. Il faut montrer qu’on est là, qu’on existe ! Quand on ne fréquente pas la presse, on a tendance à s’en méfier. Or, le journaliste n’est pas là pour la polémique. Il faut avoir des relations avec la presse. C’est dommage de se priver de cette fenêtre de lancement fabuleuse.
Cela m’a beaucoup aidé, un peu comme un miroir. Et puis, en interne, ça donne le moral aux salariés. A l’extérieur, ça joue très certainement sur l’indice de confiance. L’important dans ces moments-là, c’est de ne pas traîner. Je n’ai pas voulu que nos partenaires sentent un flottement. On a trouvé un atelier provisoire et redémarré la production en à peine deux mois. Là encore, il fallait communiquer. L’effet réseau a beaucoup joué… Je me suis rendu compte trop tardivement de l’importance des réseaux. En PME, le dirigeant est souvent isolé. Or, les informations viennent du réseau. C’est ce qui m’a aidé dans la reprise de ma société. Il faut oser le faire savoir.

Sur le plan économique, où en êtes-vous un an après le sinistre ?

Notre chiffre d’affaires 2009 devrait rester au niveau de celui de 2008, soit 1,7 million d’euros mais dans des conditions vraiment très différentes. Sans rien changer à notre nouvel outil, nous pouvons facilement doubler la production, de 300 tonnes aujourd’hui. La moitié de l’atelier est utilisée. Nous n’avons plus de problème immobilier, mais il faudra des bras évidemment. Avant l’incendie, nous avions 29 salariés. Ils sont 22 aujourd’hui, mais nous réembauchons pour retrouver notre effectif à fin 2009.

Quel est votre prochain cap ?

Le cap maintenant pour nous, c’est surtout le développement commercial. Nos grands axes de développement sont l’international et le commerce de détail. Il faut se développer en dehors de la région. Le e-commerce peut nous aider. Il faut au moins être sur internet. Trop souvent, nous avons dû refuser des ventes. Cela a été un crève-cœur. Aujourd’hui, nous pouvons répondre favorablement à toutes les demandes. Je ne sais pas si le web représentera une part significative de notre activité, mais internet permet de compléter notre offre. C’est un vecteur fabuleux de développement, mais il y a encore énormément de choses à inventer. Il faut donner un cap à son entreprise, avoir une feuille de route et pouvoir dire à ses partenaires : « c’est là que je vais ».

Propos recueillis par Géry Bertrande
Le Journal des Entreprises

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