Interview

Carlos Diaz, co-fondateur et PDG de Bluekiwi Software, à Paris

Permettre aux collaborateurs, aux partenaires et aux clients de l’entreprise de partager leurs idées, leurs connaissances et leurs pratiques, facilement et en toute sécurité, tel est le credo de Carlos Diaz, dirigeant de Bluekiwi Software. Avec son logiciel désormais accessible aux PME, cet entrepreneur qui n’en est pas à son coup d’essai, veut gommer les frontières de l’entreprise, avec un grand « E ».

Carlos Diaz, co-fondateur et PDG de Bluekiwi Software, à Paris

Comment êtes-vous devenu entrepreneur ?

J’ai un parcours assez atypique puisque j’ai commencé par être professeur d’espagnol dans l’Education Nationale. Au bout de deux ans, je m’ennuyais déjà. C’est alors qu’internet m’est tombé dessus. On était en 1996, j’avais 23 ans, personne ne connaissait ce monde et avec mon frère qui avait 18 ans, nous avons fait partie des pionniers en créant Reflect, une agence web, à Limoges. Nous n’avions aucune expérience, pas de notions claires de la réalité économique, mais la volonté de participer à un mouvement. Cette société, je l’ai dirigée pendant 11 ans. Et lorsque je l’ai revendue, elle comptait une trentaine de personnes et un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros.

Comment vous est venue l’idée de créer Bluekiwi Software ?

J’étais encore à la tête de Reflect, quand est né ce projet. On voyait le web 2.0 arriver depuis 2005. On n’est pas du genre à faire des coups, mais à suivre une logique. Or, on développait plutôt des démarches participatives et on avait été parmi les premiers à adopter le blog pour les entreprises. Nos clients nous disaient régulièrement que ce serait génial si on pouvait avoir les mêmes outils adaptés pour l’interne. C’est comme ça que nous avons eu l’idée d’importer les usages du web 2.0 à un environnement professionnel interne. Une révolution car, jusqu’alors, les outils personnels étaient plus performants que les outils professionnels.

En quoi consiste exactement votre activité ?

Editeurs de logiciels, nous nous positionnons sur un marché nouveau, celui des réseaux sociaux à destination des professionnels. On nous qualifie souvent de Facebook de l’entreprise, même si ce n’est pas tout à fait exact. L’idée, c’est de proposer une communication spontanée des salariés entre eux, mais toujours dans un objectif professionnel. Par exemple, une entreprise rencontre un problème et elle est certaine d’avoir la réponse en interne. Sauf qu’elle est incapable de mettre la main sur la bonne personne. Notre outil va permettre de régler ce type de problème et, du même coup, de réduire les coûts, d’améliorer la productivité. Mais aussi d’accélérer le business. Aujourd’hui, en effet, les frontières de l’entreprise ont disparu. Nous, par exemple, nous sommes une PME de 30 salariés mais notre réseau interne est composé d’un réseau de clients et de partenaires avec lesquels nous avons continuellement besoin de communiquer.

A quelle typologie d’entreprises ce logiciel s’adresse-t-il ?

Cet outil intéresse aussi bien les TPE que les PME, plutôt dans le domaine des services. C’est par exemple un cabinet de recrutement qui va vouloir louer un espace conversationnel avec ses clients pour une proximité plus forte. Ou une agence de conseil en marketing qui possède plusieurs disciplines. Quand elle a une opportunité commerciale, elle peut ainsi la relayer auprès de tous ses partenaires, ce qui lui permet d’être plus réactive.
L’avantage, avec ce produit, c’est que les évolutions sont quasiment permanentes, le web allant très vite. Par exemple, en ce moment, on travaille sur la mise en place d’un profil intelligent. Aujourd’hui, en effet, le profil de chaque collaborateur est déclaratif. Demain, toutes ses contributions viendront compléter automatiquement son profil. Ainsi, si vous parlez quotidiennement de nouvelles technologies, vous aurez la compétence correspondante sans avoir à la déclarer.

Les entreprises françaises sont traditionnellement réticentes à utiliser les TIC (technologies de l’information et de la communication). Pour quelles raisons selon vous ?

Pour moi, l’explication est avant tout culturelle. On n’a pas, en France, la culture des technologies nouvelles comme aux Etats-Unis par exemple, où l’on consomme du logiciel comme on consomme du yaourt. Il faut aussi dire que l’offre est souvent moins bonne. Ainsi, nous sommes le seul acteur référent en France à évangéliser le marché quand ils sont 50 aux Etats-Unis… Néanmoins, nous somme en train de vivre une profonde transformation de notre société. Avec la crise, tout le monde doit réinventer sa façon de travailler. Par ailleurs, nous avons la volonté de nous développer à l’international. Aujourd’hui, 80 % de notre chiffre d’affaires est réalisé en France. Le but, c’est d’inverser la tendance. Nos principaux concurrents sont aux Etats-Unis ? On compte aller sur leur terrain !

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME

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