Interview

Jean-Charles Goetz, co-fondateur et associé d’Avob, à Boulogne (92)

Acteur de l’informatique éco-responsable, Avob propose aux entreprises comme aux particuliers de réduire leurs factures énergétiques et d’alléger l’empreinte carbone de leurs ordinateurs. L’un des co-fondateurs, Jean-Charles Goetz, dévoile les ambitions de cette jeune société.

Jean-Charles Goetz, co-fondateur et associé d’Avob, à Boulogne (92)

Votre entreprise a développé une solution innovante. De quoi s’agit-il ?

Avob – Alternative Visions Of Business – propose des solutions logicielles pour économiser en moyenne 60 % sur la facture énergétique liée à l’informatique et réduire considérablement son empreinte carbone.
Nous avons reçu le prix Green IT Innovation2011 pour notre produit « Green Sergeant » lors du plus grand salon informatique mondial : le Cebit. Cette innovation se situe en fait à trois niveaux.
D’abord, ce logiciel permet de forcer la mise en veille du poste de travail, tout en adaptant les paramètres en fonction du jour et de la nuit. Il existe en effet un tas de raisons pour lesquelles un ordinateur ne se met pas en veille.
Ensuite, on réduit la consommation, alors même que l’ordinateur est actif, en adaptant automatiquement la puissance de calcul en fonction des besoins réels de l’utilisateur, et ce, sans qu’il s’en rende compte : cela ne ralentit pas le travail, ni l’ouverture d’une application. Nous savons ainsi qu’en moyenne, un utilisateur n’a besoin que de 8 à 9 % de puissance de calcul du processeur, sauf que généralement celui-ci fonctionne à la puissance maximum.
Enfin, l’utilisateur peut suivre en direct, sur son écran, les économies réalisées et le gain écologique.

Qui sont vos clients ?

Nous nous sommes d’abord adressés aux grands comptes, pour lesquels les économies étaient logiquement importantes. Aujourd’hui, nous en comptons une centaine, dans l’industrie et le tertiaire essentiellement. Nous avons aussi des clients publics comme les mairies, les caisses d’assurance maladie, etc.
Depuis quelques mois, nous avons également décidé d’attaquer les marchés des petites entreprises et du grand public. On s’est en effet rendu compte très vite qu’un tel logiciel avait de l’avenir auprès de cette cible. Il nécessite moins d’une minute pour l’installation et, contrairement aux outils standards, qui requièrent une démarche compliquée – ce qui fait que personne ne les utilise -, là, le logiciel pense pour vous.
Autre atout : sur un ordinateur portable, notre logiciel permet d’augmenter l’autonomie. En revanche, là, l’utilisateur peut sentir une baisse de la puissance de calcul qui se traduit par un ralentissement. Mais il a toujours la possibilité de désactiver ce mode si ça le gêne.

Les économies pour les petites structures sont forcément moindres que pour les grands comptes. En quoi votre solution peut-elle les intéresser malgré tout ?

Les enjeux financiers sont évidemment différents, mais l’argument financier reste valable, d’autant que cela ne nécessite que 12 euros d’investissement…
Il y a bien des petites entreprises qui font attention au papier qu’elles consomment, là les économies sont plus importantes, d’autant qu’il y a aussi un impact non négligeable sur les coûts de maintenance. Or, on sait que les PME ne renouvellent pas leurs PC tous les trois ans. En chauffant moins vite, ils tombent moins en panne, ce qui nécessite moins d’interventions, donc moins de PC à changer !
Et puis l’aspect environnemental peut être important aussi, par exemple pour démontrer à un client du secteur public que l’on fait des efforts… Bien sûr, cela dépend aussi du secteur d’activité, mais dans le tertiaire, l’empreinte carbone est loin d’être négligeable.

Comment vous positionnez-vous par rapport à votre marché ?

En 2007, à l’époque où l’idée a germé dans la tête de trois jeunes ingénieurs, le marché de l’informatique éco-responsable n’était pas très mature. Il y avait deux manière d’y contribuer sur le plan informatique : soit en étant moins polluant, c’est ce qu’on appelle le « Green IT », soit, en mettant l’informatique au service de l’environnement pour aider à ce que le monde soit plus vert, c’est « l’IT for Green ».
Le processeur a nécessité plus de deux ans et demi de travail. Et quand Avob a finalement été créé, en 2009, c’était l’époque du Grenelle de l’environnement : nous avons bénéficié d’une vague de sensibilisation très forte des pouvoirs publics.
Nos concurrents principaux se trouvent aujourd’hui aux Etats-Unis, mais ils ne sont pas présents sur le grand public. Nous sommes actuellement les seuls à nous positionner sur les trois marchés.

Quels sont vos objectifs de développement ?

2010 a marqué le début de l’internationalisation, avec la création d’un bureau aux Etats-Unis en fin d’année. Mais nous nous sommes aussi lancés dans des pays comme l’Inde, le Mexique, le Brésil ou Israël, ainsi qu’en Europe de l’ouest. Notre volonté ? Etre un acteur global, car le marché est global !

Quels sont vos moyens pour atteindre de tels objectifs ?

C’est possible grâce à notre approche : nous comptons actuellement 40 partenaires commerciaux, des revendeurs et importateurs qui travaillent essentiellement sur l’approche grands comptes. Le but c’est de plus que doubler leur nombre.
Parallèlement, depuis le 7 juin, nous avons lancé un nouveau canal qui vise le volume afin que n’importe quel utilisateur puisse acheter notre produit là où il trouve ses autres solutions logicielles.
Pour accompagner ce développement, nous avons prévu de muscler nos effectifs, notamment en R&D et dans les fonctions services et supports, même si l’on s’appuie beaucoup sur nos partenaires.
Notre ambition cette année est de pratiquement multiplier par 4 notre chiffre d’affaires. Nous avions un produit, nous en avons désormais 3 et nous travaillons beaucoup sur les alliances stratégiques. Celles avec Intel et AMD nous ont déjà beaucoup aidés…

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME

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