Interview
Ludovic Michetti, fondateur d'UNC Pro
Fin 2011, NetPME consacrait un article au tout jeune créateur d’un concept novateur de mobilier gonflable, Ludovic Michetti. Un an et quelques réajustements de stratégie plus tard, on retrouve le mobilier de la jeune start-up au salon des Entrepreneurs et le fringant dirigeant de 27 ans, toujours aussi enthousiaste… L’occasion de dresser le bilan d’une première année décisive et, dans le cas d’UNC Pro, plutôt réussie.
Rappelez-nous le concept de votre entreprise :
UNC Pro propose la première ligne de meubles gonflables, designs, 100% personnalisable, sur le marché européen de l’événementiel. Le mobilier gonflable, conçu en polyuréthane thermoplastique, et la matière textile, brevetée et fabriquée en France, répondent à toutes les exigences d’un événement : étanchéité, résistance à l’abrasion et aux températures élevées, assises fermes, dimensions fines et bien pensées, recyclables, etc. La personnalisation se fait soit en broderie soit en sublimation (impression en haute résolution). Dans les deux cas, nous conservons des critères de qualité élevés, avec une housse textile développée en France par UNC Pro. Quiksilver Europe, Carlsberg, Monster Energy, Hugo Boss, Tag Heuer, Canal + Events, sont les premières entreprises à nous avoir fait confiance. En 2012, année du lancement commercial, nous avons commercialisé plus de 1200 meubles, avec 60% de pièces personnalisées. Et sur le mois de janvier 2013, plus de 200 produits ont d’ores et déjà été vendus.
Vous avez eu l’idée de votre entreprise alors que vous étiez jeune étudiant, ensuite vous avez cherché un associé, comment l’avez-vous choisi ?
J’étais assez lucide pour savoir que je ne pourrai pas supporter seul la pression et la charge de travail que représente une entreprise en création, alors j’ai très vite cherché un associé pour partager cette aventure. J’ai mis en concurrence quatre candidats potentiels et les ai jugés à l’aune de leur implication dans le projet et de la pertinence de leurs propositions pour le faire avancer. Le résultat a été largement en faveur de mon associé actuel, Nicolas Vidalenche, qui réunissait à la fois la motivation la plus importante et des qualités complémentaires aux miennes pour former un duo efficace. En plus, à trente-deux ans, il a déjà à son actif plusieurs créations d’entreprises, ce qui comble mon inexpérience en la matière.
Quelles ont été les principales erreurs de débutant que vous avez commises ?
Le plus difficile a été de maîtriser le processus de fabrication. Que ce soit pour les éléments usinés en Chine ou pour les finitions réalisées en France, superviser toute la chaîne de production et traquer les défauts de fabrication ont été une véritable gageure. Mais nous sommes plutôt satisfaits du résultat : sur 1200 produits vendus à 160 clients, nous n’avons eu besoin d’assurer le SAV que pour une dizaine de clients.
Notre argumentaire marketing a aussi évolué pour nous adapter aux demandes des clients. Initiaement, nous axions notre communication sur l’aspect gonflable et donc facilement transportable de nos produits mais cet argument avait peu de portée pour des clients habitués à la logistique évènementielle et très bien équipés en matériel de transport, ils étaient en revanche beaucoup plus sensible au côté fun, haut de gamme et personnalisable de nos produits, ce qui nous a amenés à focaliser notre communication là-dessus.
Enfin, erreur classique de débutants, nous nous sommes un peu trop dispersés la première année en voulant cibler à la fois la clientèle professionnelle et le grand public (d’où le changement de nom de bubble à UNC puisque la dénomination commerciale bubble était trop largement utilisée pour d’autres types de produits et risquait de créer une confusion dans l’esprit des consommateurs). Face à l’accueil mitigé des particuliers qui ne sont pas encore tout à fait mûrs pour ce type de produits, nous avons décidé de nous recentrer sur la clientèle professionnelle évènementielle.
Créer son entreprise à 26 ans demande une discipline et une rigueur peu compatibles avec les traits couramment prêtés aux jeunes d’aujourd’hui, en quoi êtes-vous différent ?
Je ne dis pas que c’est facile, ça demande un engagement non stop au détriment de la vie personnelle et des loisirs, sans perspective de vacances pour très longtemps… Je crois que ce qui m’aide le plus à tenir, c’est mon passé de sportif de haut niveau qui m’a appris un sens de la discipline et du travail acharné pour atteindre un but. Cette culture de la gagne est un héritage de mon adolescence à l’Olympique Lyonnais, bien plus qu’un apprentissage lors de mes études à l’ESCP. Je ne peux pas dire que le passage en école de commerce nous prépare correctement à la création d’entreprise. Je suppose aussi que mon passé de sportif m’a donné le goût pour le terrain et les réalisations pragmatiques plutôt que pour la manipulation de concepts théoriques, même si j’apprécie d’avoir des outils analytiques pour mieux comprendre et améliorer le fonctionnement de mon entreprise. D’ailleurs après une année 2012 artisanale basée sur l’expérimentation, nous entrons cette année dans une optique de rationalisation de nos process et de meilleure compréhension de notre business et notre marché.
Vous fonctionnez en télétravail avec votre associé et vos trois collaborateurs, comment se passe ce mode d’organisation 2.0 ?
Grâce à skype, nous sommes continuellement en contact et nous arrivons à communiquer aussi bien (voire mieux !) que si nous étions dans les mêmes locaux. Je crois que, à l’inverse d’une équipe située au même endroit, ce mode d’organisation, nous oblige à plus de rigueur et de formalisation, plutôt que de tout baser sur la communication orale, ce qui est un gain de temps appréciable pour une jeune structure. Cela dit, nous ne dédaignons pas du tout l’aspect convivial et fédérateur de la communication physique et il nous arrive de skyper aussi juste pour des moments de détente entre collègues, comme autour de la machine à café !
Propos recueillis par Houda El Boudrari, Rédaction NetPME.