Interview

Martin Lauquin, étudiant et entrepreneur incubé à Audencia, à Nantes (44)

Etudiant à l’école de management Audencia, Martin Lauquin a profité de son année de césure pour valider son projet de création d’entreprise. Il a monté son agence de conseil en design en bénéficiant de l’incubateur de l’école. Et se sent aujourd’hui à la croisée des chemins…

Martin Lauquin, étudiant et entrepreneur incubé à Audencia, à Nantes (44)

Comment est née votre agence de conseil en design ?

J’ai créé Mood design Consulting en janvier 2009, mais je travaillais sur le projet depuis mi-2008. Ma première idée était de créer une agence de design car je suis un passionné, mais en faisant un stage en agence, j’ai rapidement compris que mes compétences en création étaient limitées. Pour cette raison, j’ai réorienté mon projet d’entreprise vers la création d’une agence conseil. Je suis parti de ce constat : un designer, c’est un créatif et il n’a généralement pas une vision business. A l’inverse, l’entreprise est souvent incapable de rédiger le cahier des charges demandé par le designer. Mon rôle est celui d’interface.

Dans quels domaines intervenez-vous ?

Aujourd’hui, mon cœur de métier c’est le design des points de vente, même si j’interviens aussi dans beaucoup d’autres domaines. Par exemple, pour le groupe Casino, je suis intervenu dans un projet concernant les hypermarchés afin de créer des ambiances et un environnement agréables : ce qui permet à une entreprise de se différencier, c’est la manière dont on présente et valorise les produits. Cela nécessite une mise en scène, et dans ce contexte, le design constitue une ressource stratégique.
Très rapidement, je me suis d’ailleurs rendu compte que je pouvais aller encore plus loin dans l’opérationnel si je réussissais à m’entourer des compétences nécessaires. L’idée, c’était de créer un réseau de designers. Aujourd’hui, je travaille avec une quinzaine de partenaires de confiance. Mais je sais qu’on peut aller encore plus loin : mon réseau est surtout local pour le moment car centré sur Audencia, même si c’est de moins en moins vrai grâce à IES ! *. Je suis persuadé qu’il y a non seulement des potentialités au niveau national, mais aussi à l’international. Avec la Chine par exemple, il y a aujourd’hui une vraie nécessité de s’adapter aux besoins locaux, notamment pour tout ce qui touche au packaging.

Quel est le profil des entreprises intéressées par votre offre ?

Paradoxalement, les grands groupes et les petites structures, notamment en cours de création : quand il faut passer du stade de concept à la réalité, elles ont souvent besoin d’un outil marketing et design pour un positionnement crédible. Mon rôle est alors celui de chef d’orchestre : je m’occupe du logo, du site internet, des supports de communication… avec parfois aussi un rôle d’accompagnement pour conseiller sur les outils de communication les plus adaptés. Cela nécessite une véritable polyvalence, très stimulante.
Quant aux grands groupes, ce sont eux qui comprennent le mieux la valeur ajoutée de ma prestation, contrairement aux PME qui ne voient pas toujours l’intérêt et le retour sur investissement.

Vous avez choisi de vous lancer dans la création d’entreprise en étant encore étudiant. Pourquoi n’avoir pas attendu la fin de vos études ?

Il m’a semblé que mes années d’étudiant à Audencia étaient les meilleures pour me lancer car elles me permettaient d’avoir un filet de sécurité. Je bénéficie en effet d’un d’environnement très favorable. Si j’avais attendu d’être diplômé, il m’aurait été plus difficile de me lancer car souvent quand les étudiants sortent d’Audencia, on leur propose des postes avec des salaires et des conditions de travail confortables, qu’il est difficile de refuser…

En quoi consiste l’incubation chez Audencia ?

Tout d’abord, en amont, j’ai bénéficié d’un coaching pour m’aider à mûrir mon projet et mon positionnement. Depuis que je me suis lancé, l’accompagnement revêt une forme différente. Je bénéficie d’un bureau avec accès à Internet, au téléphone, à des logiciels. Avant, quand je travaillais chez moi, j’avais besoin de me mettre en costume pour me sentir au bureau, ici je suis entouré d’autres entrepreneurs, c’est beaucoup plus facile.
Et puis, ici je suis en contact permanent avec mon coach, professeur en Master Design. Son regard critique, dans le sens positif du terme, est très stimulant. Sans oublier qu’Audencia me fait bénéficier de son réseau d’entreprises et de professionnels. Du coup, même si je ne suis pas dans une équipe, j’ai le sentiment d’être entouré.

Quels sont vos objectifs ?

Mon objectif premier, c’est mon diplôme. Je suis actuellement en dernière année et le plus difficile pour moi aujourd’hui, c’est d’avoir une vision stratégique de mon activité, d’arriver à me projeter. J’ai le sentiment d’avoir validé mon projet, mais je considère que je suis encore en phase de test. Je ne prends pas trop de risques, je suis dans une logique d’externalisation, au risque de sous-traiter des compétences parfois stratégiques…
Je suis conscient que pour être à la hauteur de mes ambitions, je dois changer de braquet et adopter une nouvelle stratégie à beaucoup plus long terme. C’est une période charnière…

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME

IES !, un réseau au service de l’incubation
Les responsables d’incubateurs et de pépinières de 8 établissements d’enseignement supérieur viennent de créer un réseau consacré à l’incubation d’entreprises. Baptisé Incubateurs de l’Enseignement Supérieur (IES!), ce réseau a été initié par trois écoles de management (Audencia Nantes, HEC, Télécom Ecole de Management) et cinq écoles d’ingénieurs (l’Ecole Polytechnique, l’EFREI, ESIEE, Télécom Bretagne, Télécom SudParis). « Il est ouvert aux universités », précise Jacques Arlotto, président d’IES !
Le réseau souhaite avant tout partager les services des différents incubateurs et aller vers une professionnalisation : « nous mettons en place une charte de qualité de ce que doit être un accompagnateur d’incubateur », explique ainsi Jacques Arlotto. IES ! se veut aussi un interlocuteur des pouvoirs publics.
La plupart des structures adhérentes essaient d’aller plus loin que le simple hébergement de créateurs en mettant à la disposition des incubés un réseau d’appui constitué d’anciens de l’école concernée, de partenaires bancaires, et parfois des sociétés de capital risque.

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