Interview

Yohan Zibi, fondateur d’EveryCheck : « une mauvaise embauche coûte très cher »

Yohan Zibi a créé en 2015 EveryCheck, une PME qui se charge de vérifier les références des candidats à l’embauche en moins de 48 heures. Un mauvais recrutement peut être couteux pour une petite entreprise, pourtant, la majorité ne contrôle pas le parcours professionnel du futur salarié avant de signer un contrat. Rencontre avec cet entrepreneur qui puise son inspiration dans la culture anglo-saxonne.

Yohan Zibi, fondateur d’EveryCheck : « une mauvaise embauche coûte très cher »

Les vérifications de CV par les recruteurs sont-elles fréquentes en France ?

J’ai vécu 6 ans à Londres et à New York pendant 1 an. Dans ces pays, le contrôle des références est très développé et quasiment systématique. En France, au contraire, les recruteurs n’en ont pas l’habitude. Nous sommes d’ailleurs les seuls sur le marché à proposer ce service. Or, 65 % des CV que nous vérifions affichent au moins une information fausse. Et, malheureusement, une mauvaise embauche coûte très chère à une entreprise : environ 6 500 €, dans le meilleur des cas et à condition que le salarié soit payé au smic. La moyenne est plus proche des 30 000 € si l’on ajoute notamment les frais de formation et autres dépenses qu’un recrutement implique.

Est-il possible de vérifier le parcours du candidat soi-même ?

Pour contrôler les références d’un candidat, il faut que ce dernier signe une autorisation préalable. Ensuite, la vérification peut prendre beaucoup de temps à l’employeur. Chez EveryCheck, nous nous engageons à rendre notre verdict en 48 heures maximum. Le candidat est invité à se connecter sur notre plateforme pour remplir une autorisation. Une fois que nous la possédons, nous appelons les universités, les lieux de formations et les entreprises indiqués sur son CV. On s’apparente à une société de ménage : les dirigeants peuvent le faire eux-mêmes mais leur temps est précieux, et, en nous recrutant, elles ont la certitude que le travail sera bien fait.

Conseillez-vous les employeurs sur l’embauche des candidats ?

Non, nous ne vérifions que les faits actés tels que les dates de recrutement, le poste occupé, le cadre de fin d’embauche… Nous ne sommes pas dans l’interprétation, nous nous limitons au qualitatif car il se peut que le candidat ait une bonne raison d’avoir enjolivé son CV. Je peux citer la fois où une femme avait allongé la durée d’un emploi. Elle l’avait fait car elle avait donné naissance à son enfant et ne voulait pas qu’un trou apparaisse dans son parcours professionnel. Notre rôle n’est donc pas de conseiller le recruteur, seulement de rendre compte de nos vérifications.

Les chiffres sur la falsification des CV évoluent-t-ils ?

Non, ils restent assez stables. Il y a certains secteurs où nous sommes plus sollicités comme le domaine médical ou bancaire : ils concentrent de nombreux postes à risques donc les employeurs sont très vigilants. Certaines professions sont aussi plus sujettes aux enjolivures sur les CV comme le métier de commercial. Ce n’est pas très étonnant : les commerciaux savent se vendre donc aussi se survendre. On note tout de même une évolution dans le comportement de nos clients qui ont de plus en plus recours à nos services. Ils abandonnent peu à peu la mentalité du : « on fait confiance et on verra bien ».

Un conseil pour repérer les informations falsifiées sur un CV ?

Dans 75 % des cas où les CV sont faux, le mensonge concerne les dates et les raisons de fin d’embauche. Il faut donc porter une attention toute particulière aux contrats courts. Que ce soit un CDD de 3 ou 6 mois, ils sont souvent utilisés par les candidats pour combler les périodes d’inactivité dans un CV. Autre conseil pour trier les candidats : leur annoncer que leurs qualifications vont être soumises à une vérification. Environ 20 % d’entre eux disparaissent lorsque l’on met en place le processus.

 

Propos recueillis par Melissa Carles 

 

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