Inculquer des compétences numériques à ses salariés : mode d’emploi

« D’ici 2020, il va manquer 40 millions de compétences digitales en France. Ce ne sont pas des métiers, mais des activités qui vont disparaître. » Réunis à l’occasion de l’Université numérique du Medef le mercredi 21 mars 2018, 4 acteurs de la transition d’entreprise partagent leurs astuces afin que les salariés acquièrent ces compétences technologiques essentielles au développement de leur société. Une question d’autant plus importante que « 18 % de nos métiers peuvent déjà être remplacés par l’automatisation » alarme Céline Laurenceau, dirigeante de l’activité de conseil en gestion des talents au sein d’Accenture Strategy en France. Le monde de l’entreprise tel qu’on le connaît n’existera bientôt plus, continue l’invitée. Pour preuve, « 65 % des enfants à l’école élémentaire vont exercer des métiers que l’on ne connaît pas encore ». Mais en attendant que ces futurs chevronnés des technologies soient en âge d’entrer sur le marché du travail, les dirigeants doivent se concentrer sur les talents déjà présents au sein de leur entreprise.

Le coaching permanent stimule l’égo

« Les compétences techniques ne sont pas si difficiles à obtenir » juge l’entrepreneur Antoine Amiel. Les jambes croisées, assis sur le canapé dédié aux invités, il déploie son argumentaire : « On trouve les informations que l’on recherche partout de nos jours. » Fondateur de LearnAssembly, il conçoit des expériences d’apprentissage à l’heure du digital. Il prône le « coaching permanent », qui rebooste l’égo des salariés. « Se former en ligne permet de fractionner l’apprentissage et de s’adapter aux emplois du temps différents du personnel », vante-t-il. Révéler et développer les « soft skills » de ses salariés, ces compétences que chacun possède sans même sans rendre compte, grâce à une formation continue, voici « sa » solution alliant digital et humanité.

L’âge ne fait pas le moine

Une double vision que partage Erwan Salmon, managing director chez le constructeur en télécommunication Avaya. Il attache une haute importance à « ne laisser personne sur le carreau. » Sa solution, elle, mise sur une coopération entre salariés de l’entreprise et nouvelles recrues. « Nous avons mis en place un système de coaching en binôme, explique-t-il. Nous créons des duos employé de longue date/nouvel arrivant issu de l’extérieur, afin qu’ils s’épaulent et échangent sur leurs expertises. » Une initiative basée sur l’expérience et non sur l’âge du salarié. Car contrairement aux idées reçues, les salariés les plus âgés ne sont pas les plus en difficultés selon le professionnel. « Les plus âgés témoignent d’une certaine appétence pour la technologie. En réalité, ce sont les salariés d’âge intermédiaire, vers 40 ans, qui ont le plus de mal à s’approprier le digital. »

Quand l’entreprise veut changer l’homme

Très pragmatique, David Gildas, directeur innovation, digital et data chez Malakoff Médéric, tient à rappeler qu’avant les salariés, c’est surtout aux entreprises de changer. « La technologie reste au service de l’humain et les collaborateurs n’attendent que d’évoluer. Ce qui est le plus important c’est de transformer la société. Cela demande du temps et de l’argent, mais l’entreprise doit évoluer de manière permanente. »

Pour lui, il ne faut pas s’enfermer dans les compétences. Il faut aussi changer le modèle de management : « en Occident, on distingue les penseurs et les exécuteurs. Mais cette culture de l’exécution doit désormais être développée aux plus hauts », milite-t-il. Les nouvelles méthodes de travail, la Qualité de Vie au Travail (QVT), le homeworking… font partie d’un package que le dirigeant doit adopter pour pouvoir évoluer avec ses salariés. « Il ne faut pas sous-estimer la capacité de l’humain à changer, recommande l’expert en innovation. On est surpris tous les jours… »

Melissa Carles