Actu
Conférence sociale : un plan d'urgence pour l'emploi mais aucune nouvelle mesure
Traque aux emplois non pourvus, service dédié au recrutement pour les TPE/PME, réforme de la formation professionnelle, mise en oeuvre du compte personnel de formation… A l'issue de la conférence sociale, le gouvernement a esquissé quelques pistes de réforme pour inverser la courbe du chômage.
C’est l’une des rares mesures concrètes de la conférence sociale : Jean-Marc Ayrault a annoncé un plan de formation pour 30 000 demandeurs d’emploi, d’ici à décembre prochain, pour que les emplois non pourvus trouvent preneurs. En précisant que les « chômeurs longue durée » seraient prioritaires.
Pour y parvenir, Michel Sapin réunira syndicats et patronat, en juillet, afin de « recenser les besoins par région et par secteur ». L’objectif étant de rendre ce plan opérationnel dès septembre. Parmi les dispositifs pédagogiques, outre les formations qualifiantes, la Préparation opérationnelle à l’emploi (POE), qui permet à une entreprise de former un demandeur d’emploi à un poste précis, via une aide financière de Pôle emploi, a été particulièrement évoquée à la conférence. Mais cet outil, créé à l’initiative des partenaires sociaux et entérinée par la loi du 25 novembre 2009, est encore peu utilisé : le Medef pensait actionner 60 000 POE en 2012. Or, moins de la moitié l’ont été.
Le difficile chiffrage des emplois non pourvus
Autre zone d’ombre : de quels emplois s’agit-il ? Chaque année, un grand volant d’offres d’emploi restent non pourvues. Mais il est très difficile de les comptabiliser. Prudent, Michel Sapin évoque un chiffre compris entre « 50 000 et 300 000 ». Le Medef avait tenté, en avril dernier, de circonscrire le problème avec le lancement d’un baromètre trimestriel « Tendance emploi compétence » (TEC). 112 088 postes vacants au troisième trimestre 2012 avaient été repérés. Pôle emploi, avançait, lui, 126 000 offres d’emploi non satisfaites faute de candidats en 2012.
Accélérer les négociations sur le contrat de génération
Le Premier ministre a demandé « aux grandes entreprises » et aux branches « d’accélérer les négociations sur le contrat de génération ». Pour l’heure, seules deux branches professionnelles (sur 175), l’assurance et la métallurgie, ont bouclé leurs discussions ; une trentaine d’autres sont en cours de négociation. Les entreprises de plus de 300 salariés ont, elles, jusqu’au 30 septembre, pour parvenir à un accord. Un délai très serré selon Jean-Christophe Sciberras, DRH de Solvay et président de l’ANDRH. « Dans notre entreprise, le contrat de génération sera intégré à la discussion sur le renouvellement de l’accord de GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et les compétences). Or, le texte comprend plus de 100 pages ! »
Des emplois d’avenir ouverts au privé
Pour les jeunes peu ou pas qualifiés, l’objectif est d’atteindre 100 000 emplois d’avenir d’ici à la fin de l’année (30 000 actuellement). Mais les moyens pour y parvenir sont vivement critiqués par les syndicats. En cause ? L’ouverture de ces emplois, subventionnés pour trois ans par l’Etat, au secteur marchand, depuis avril. Les modalités d’accès étant précisées par arrêté
Par ailleurs, l’exécutif a confirmé la création d’un service dédié aux TPE/PME afin de les accompagner dans leurs processus de recrutement.
Formation professionnelle : un projet de loi avant fin 2013
La réforme de la formation professionnelle est lancée : le document d’orientation du gouvernement fixant les grands axes de la négociation à venir sera envoyé « dans les 10 jours » aux organisations syndicales et patronales en vue d’un projet de loi « d’ici à la fin de l’année ». L’enjeu ? « Réorienter davantage les moyens vers les demandeurs d’emploi et les salariés qui en ont le plus besoin et ainsi contribuer à la compétitivité des entreprises », a précisé Jean-Marc Ayrault. Elle permettra notamment la mise en œuvre du compte personnel de formation, prévue par la loi de sécurisation de l’emploi, promulguée mi-juin. L’alternance et l’apprentissage figureront également au menu du projet de loi. L’objectif est d’atteindre 500 000 apprentis dans les trois prochaines années (485 000 actuellement). Un chiffre « bien timoré » de l’avis de Jean-Christophe Sciberras. « L’apprentissage est reconnu comme la voie royale de l’insertion professionnelle. Pourquoi ne pas aller au-delà ? L’Allemagne en forme trois fois plus ». Pour que ce contrat débouche sur un emploi durable, François Hollande propose également la création d’un contrat d’apprentissage avec un engagement d’embauche de l’entreprise à l’issue de la qualification ainsi requise.
Vers un bonus malus formation ?
De très nombreuses questions restent cependant à régler. Derrière cette réforme, c’est toute la mécanique du financement entre Pôle emploi, les régions, l’Etat et l’accompagnement des demandeurs d’emploi qui devraient évoluer. Les entreprises seront également concernées. Laurence Parisot, la présidente du Medef, souhaite que « les entreprises qui forment le plus de salariés payent moins de cotisations d’assurance-chômage ». Un bonus-malus, en quelque sorte, qu’elle souhaite négocier lors de la négociation sur la convention Unedic qui débutera en septembre.
De même, la création du compte personnel de formation aura un impact sur le montant et la ventilation de la contribution financière des employeurs, notamment celle des plus de 20 salariés (1,6% de la masse salariale brute). « On peut supposer qu’une partie de la contribution professionnalisation (0,5%) qui finance le droit individuel à la formation migre sur ce compte si le DIF disparaît, avance Jean-Pierre Théry (CFTC). Avec un abondement Etat, régions (pour les bas niveaux de qualification) ainsi que des salariés ». Reste donc aux partenaires sociaux à s’entendre sur cette ambitieuse réforme. « Nous faisons le pari que les partenaires sociaux sont capables de trouver un accord », indiquait, vendredi soir, l’entourage du ministre du Travail.
Des thèmes absents des discussions
Les organisations syndicales sont, toutefois, restées sur leur faim. La CFDT a fustigé le « manque d’élan et d’effectivité » du plan gouvernemental. D’autant que certaines revendications n’ont pas été prises en compte. La CGT regrette que « l’évaluation des aides publiques versées aux entreprises ne figure pas dans la feuille de route du gouvernement ». De même, elle déplore que « la consolidation de l’Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes), au bord de la faillite l’an dernier, n’ait pas été évoquée alors que 70% des stagiaires formés trouvent un CDI en six, sept mois ».
Enfin, sur les filières d’avenir, un seul secteur a été cité par le rapporteur de la table-ronde consacrée à ce thème, l’économiste Jean Pisani-Ferry, « celui de la transition énergétique ». Un rapport portant sur les métiers du futur, attendu au premier trimestre 2014, devrait compléter la liste des secteurs porteurs.
Vous devez être connecté(e) pour poster un commentaire.
Commentaires