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Covid-19 : les chefs d’entreprise « seniors » seraient les premiers touchés par la crise

Les dirigeants seniors et expérimentés seraient davantage impactés par la crise de Covid-19 que les autres entrepreneurs, selon la dernière étude de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs réalisée par Altares et l’association GSC.

Covid-19 : les chefs d’entreprise « seniors » seraient les premiers touchés par la crise
Les dirigeants seniors et expérimentés manqueraient d'agilité pour pivoter et rebondir en période de crise. © Adobe Stock

Too big to fail ? Si la grande majorité des indépendants ayant perdu leur emploi en 2020 employaient moins de 5 salariés (9 dirigeants sur 10, comme avant la crise), une plus grande proportion de dirigeants PME « installés depuis plusieurs années dans leur secteur » auraient mis la clef sous la porte (+ 20,9 % par rapport à 2019), selon une étude[*] publiée hier, réalisée par Altares et l’association GSC. 151 entrepreneurs à la tête d’une société dont le CA est supérieur à 10 M€ ont été recensés, soit une augmentation de perte d’emploi de + 42,5 % par rapport à 2019. D’une manière générale, « les gérants d’entreprise avec un chiffre d’affaires supérieur à 2 M€ ont moins bien résisté », signalent les auteurs de l’étude. Des données à corréler avec l’augmentation de l’âge médian des dirigeants concernés (48 ans en 2020, contre 46 ans en 2019).

En cause ? « « Cette nécessaire agilité dans un contexte de crise [qui] n’est pas toujours aussi bien ancrée dans des structures d’envergure », soulèvent-ils. « La crise s’attaque à des chefs d’entreprise installés dans leur vie personnelle qui peuvent avoir des charges familiales et une pression financière lourdes, retient Anthony Streicher, président de l’association GSC. Ces dirigeants seniors et expérimentés auront davantage de difficultés à rebondir après le prononcé de la liquidation judiciaire de leur entreprise. » De quoi insister sur l’importance de se garantir contre la perte d’emploi. « Un enjeu social et économique majeur », pour Frédéric Barthe, directeur général d’Altares, qui prédit une « augmentation du nombre de dirigeants en situation de perte d’emploi en 2021 et plus encore en 2022 ».

Un bilan en trompe l’œil

Sur le papier pourtant, les derniers chiffres de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs sont très bons : seulement 33 189 entrepreneurs ont perdu leur emploi en 2020, contre 48 358 en 2019, soit une baisse de – 31,4 %. Un trompe-l’œil dû aux aides massives prodiguées par l’État. « Un record de création d’entreprises, un nombre de défaillances au plus bas depuis 30 ans ! Dans un contexte économique et sanitaire inédits, ces remarquables indicateurs de performance ne font toutefois pas illusion. En 2020, l’économie réelle a mis un genou à terre et les entrepreneurs se sont efforcés de tenir au prix d’efforts humains et financiers exceptionnels », explique Frédéric Barthe.

« Nous ne pouvons pas nous réjouir de cette baisse historique du nombre de chefs d’entreprise en situation de chômage. Ces chiffres ne sont malheureusement qu’un mirage qui doivent inciter à redoubler de prudence. L’arrêt progressif des aides va provoquer un raz-de-marée pour des milliers de chefs d’entreprise », prévient Anthony Streicher.

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Le BTP et le commerce en première ligne

Les entrepreneurs du BTP (7 179, 23,1 %) et du commerce (7 056, 22,7 %) représenteraient près de la moitié des pertes d’emploi en 2020, malgré une baisse respective de – 36 % et – 33 % par rapport à 2019. Les services aux entreprises (4 372, 14,1 %) et le secteur HCR (4 377, 14,1 %) concentreraient également un grand nombre de liquidations judiciaires.

Du côté des formes juridiques, les gérants de SARL représenteraient plus de la moitié des pertes d’emploi en 2020 (15 864, 51,1 %), devant les dirigeants de SAS (10 436, 33,6 %). Les régions Île-de-France (23,9 %), Auvergne-Rhône-Alpes (10,8 %) et PACA (10,7 %) représenteraient près de la moitié des liquidations en France.

[*] 5ème Observatoire de l’emploi – Association GSC et Altares. Les données sont issues de l’étude des entreprises en liquidation judiciaire prononcée par le Tribunal de Commerce ou de Grande Instance. Ne sont pas intégrées les procédures à l’amiable de dissolution ou de liquidation, de même que les révocations des mandataires sociaux.

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Matthieu Barry

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