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Export : « il ne faut pas encore écarter le Royaume-Uni »

Les négociations entre les chefs d’États européens sur la prochaine sortie du Royaume-Uni, le 19 et 20 octobre 2017, ont été infructueuses. L’avenir du Brexit reste donc incertain. Christian Fatras, chef du service économique de l'Ambassade de France à Londres, partage ses craintes.

Export : « il ne faut pas encore écarter le Royaume-Uni »

Un Conseil européen a réuni le 19 et 20 octobre 2017 les 28 chefs d’États à Bruxelles afin de statuer sur l’avenir du Royaume-Uni après l’annonce du Brexit le 23 juin 2016. Le résultat n’a pas été concluant : il « reste beaucoup de travail à faire » avant de passer à la deuxième étape des négociations selon la chancelière allemande Angela Merkel. « La France souhaite avant tout régler trois problèmes majeurs, éclaire Christian Fatras, chef du service économique de l’Ambassade de France à Londres. Le cas de l’Irlande, le statut du citoyen européen et tout ce qui concerne le volet financier. Et je précise qu’il n’y a pas de volonté en Europe de faire payer l’Angleterre pour sa sortie de l’Union Européenne. » Le futur incertain du Royaume-Uni inquiète tout de même l’expert, qui identifie des difficultés pour les PME françaises qui commercent avec les Britanniques.

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Le droit de douane : un sérieux enjeu

Un des pires scénarios serait que les droits de douane augmentent énormément. En effet, dans le cas d’une transaction commerciale entre la France et un autre pays de l’Union Européenne (UE), les droits de douane sont exonérés et la TVA française est soumise à un traitement fiscal simplifié. Au contraire, une marchandise provenant d’un pays hors UE est soumise aux droits de douane et à la TVA française. Cela augmente alors de manière significative le prix de la marchandise. Il est donc dans l’intérêt du Royaume-Uni de conclure un accord de libre-échange avec l’Europe afin de rester compétitif.

De plus, le temps de transport risque d’être allongé : « ce que l’on craint, c’est un ralentissement des passages en douane, des blocages, des files de camions sans fin… d’autant que l’essentiel des échanges entre le Royaume-Uni et la France sont des produits industriels qui passent en moyenne 6 à 7 fois la douane » alerte Christian Fatras. Le chef du service économique conseille donc aux entrepreneurs qui font affaire avec le Royaume-Uni de contacter les douanes de leur région afin de glaner des conseils pour le futur.

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« Il y a quand même des opportunités d’échanges »

Mais l’avenir du Brexit est encore incertain et de nombreuses opportunités de business sont à saisir dès à présent. Il existe des solutions pour contourner les futures contraintes : « pour réduire les droits de douane pourquoi ne pas acheter des entrepôts au Royaume-Uni ? » s’interroge Christian Fatras. Aussi, certains marchés qui ont été abandonnés lors du Brexit sont à récupérer. Selon une étude réalisée par le spécialiste des sondages YouGov en novembre 2016, 33 % des entreprises qui avaient des projets d’investissement en Angleterre ont décidé de les reporter ou de les abandonner à cause des possibles effets négatifs du Brexit, soit un total de 76,1 milliards d’euros. Parmi les sociétés qui se sont désistées figuraient 23 % de TPE-PME.

« Concernant les startups, il y a quand même des opportunités d’échanges même si ce n’est pas le meilleur moment pour s’y implanter » juge l’expert en économie. « Mais il ne faut pas tout de suite écarter le Royaume-Uni quand on cherche à s’implanter sur le marché anglophone. En ce moment, c’est très ouvert. »

La sortie du Royaume-Uni de l’UE ne sera, il est vrai, effective qu’après les négociations conclues entre les 28 chefs des États européens. Elles peuvent s’étendre sur 2 ans et la période peut être prolongée si besoin. Le meilleur scénario comme le pire peuvent encore se dérouler. C’est peut-être pour cela que Christian Fatras « ne ressent pas un vent de panique de la part des entreprises, juste une inquiétude. »

 

Relations France - Royaume-Uni

 

 

Melissa Carles

 

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