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Financement participatif : un levier supplémentaire pour développer sa TPE/PME

Le financement participatif (ou crowdfunding) est-il un feu de paille ou un mouvement de fond ? En 2015, 14 % de Français ont financé des projets par ce biais à hauteur de 300 millions d’euros. Même faible au regard des prêts bancaires, ce dispositif destiné à prêter ou récolter des fonds mérite d’être étudié par les investisseurs et par les TPE et PME.

Financement participatif : un levier supplémentaire pour développer sa TPE/PME

Le financement participatif « permet à chacun de porter un projet qui lui est cher à l’échelle humaine » : c’est la définition donnée par Nicolas Lesur, président de Financement Participatif France lors du préambule d’une rencontre (1) sur ce thème qui s’est tenue au Sénat le 27 juin 2016. Ce dispositif, encadré par un décret depuis septembre 2014, est directement lié à l’évolution numérique qui touche la société. Le financement participatif est en effet « un outil de collecte de fonds opéré via une plateforme internet permettant à un ensemble de contributeurs de choisir collectivement de financer directement et de manière traçable des projets identifiés », indique Financement Participatif France. « La finance participative est un enjeu et une promesse pour le développement de projets variés, marchands ou d’intérêts général », poursuit André Jaunay, vice-président de l’association. Les  motivations des financeurs peuvent être variées, allant de la démarche de mécène à celle de la recherche d’un intérêt financier. Quant aux porteurs de projets, ils se répartissent en trois catégories : don avec récompense ou sans récompense ; prêt avec intérêt ou sans intérêt ; investissement en capital, en obligations ou en royalties. Les plateformes de crowdfunding ont collecté près de 300 millions d’euros en 2015 auprès de 14 % de Français contre 152 millions d’euros en 2014, selon le baromètre réalisé par Compinnov pour Financement Participatif France : 196,3 millions d’euros pour les prêts (dont 137,5 millions en prêt rémunérés aux particuliers et 31,6 millions en prêts rémunérés aux entreprises), 50,2 millions pour les dons (dont 41,9 millions pour ceux avec récompense),  et 50,3 millions pour les investissements (dont 50,1 millions d’euros en capital).

Pour être crédible, « donner du sens à son projet »

Cet outil repose sur « deux dynamiques », souligne Gilles Babinet, multi-entrepreneur et « digital champion » auprès de la Commission européenne : la connexion qui permet à « une multitude » de personnes sur la planète d’avoir accès à l’information et donc « la capacité à chacun d’émettre des signaux », et « le data via les algorithmes qui permet d’optimiser l’offre et la demande ». Tout le monde est concerné, un jour porteur de projet, un autre, contributeur.  « C’est un tournant… on est dans la globalisation et dans le capitalisme, mais ce qui est nouveau, c’est que l’on accélère le rêve de l’économie sociale et solidaire car on se réapproprie l’économie que l’on veut. Cette économie permet de révéler des ressources cachées », décrit Bernard Pecqueur, économiste spécialiste du développement local. Ainsi, « donner du sens à son projet » permet à son concepteur d’être crédible auprès de son premier cercle de connaissances qui vont abonder la collecte. « La définition du projet est au moins aussi importante que sa réalisation. Tirez le fil le rouge », insiste-t-il. Les starts-up, les TPE, PME en phase de constitution ou qui  veulent se développer en levant des fonds, peuvent réfléchir à ce mode de financement qui ne peut être que complémentaire à d’autres apports. Mobiliser rapidement de l’argent en est le principe. Le Crédit Agricole ne s’y est pas trompé : « ce qui intéresse nos clients, c’est le sens en devenant prêteur ou actionnaire », précise son représentant, Nicolas Layous. « Le porteur de projet doit travailler la dimension commerciale. Cela le pousse vers son marché, avec une communauté de premiers acheteurs », analyse-t-il.

Évaluer le niveau de risque et donner de l’information

Il faut aussi se mettre à la place des épargnants ou donateurs qui surferont sur les plateformes de crowdfunding. Sans concession. « Un taux élevé révèle le niveau du risque », souligne un intervenant. « Dès qu’on touche à de l’argent, il y a la notion de « risque » », répond Tanguy de la Fouchardière, président de France Angels qui est une sorte de grand frère du financement participatif. « Chacun doit s’interroger : « sur quelles bases d’informations je prends ce risque ? » Dans le système des starts-up, cela change très rapidement. Elles ont rarement un cahier de bord. L’épargnant ne voit pas grand-chose. Notre rôle est de voir comment va l’entreprise et d’accompagner le projet c’est-à-dire voir comment l’argent confié est utilisé », confie-t-il. L’adoubement par un business angel est donc un gage à mettre en avant dans sa communication. « Restez simples, donnez de l’information », martèle Maxime Chipoy de la direction des relations avec les épargnants à l’Autorité des marchés financiers. « Et choisissez plutôt une plateforme agréée », concluent les participants.

  1. « Finance participative et territoires »

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