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Les grandes entreprises payent avec 13 jours de retard
C’est la moyenne dégagée par le premier indicateur sur les retards de paiement des 120 plus grandes entreprises françaises, publié par la Médiation inter-entreprises et Altares. L’exercice sera reproduit chaque trimestre.
La Médiation inter-entreprises (MIE) a soufflé ses cinq bougies ! 5 années au cours desquelles elle a cherché à faire baisser les délais de paiement entre fournisseurs et donneurs d’ordre. Bien décidée à ce que changent – enfin – les comportements, elle entame sa sixième année en présentant le premier indicateur trimestriel du comportement des 120 plus grands donneurs d’ordre en France.
Les chiffres ne sont pas bons… Le montant total des retards de paiement réalisés s’élève à près de 4 milliards d’euros à la fin du mois d’avril. Et le chiffre est en augmentation par rapport à l’année dernière (3,337 milliards d’euros calculés en avril 2014 pour 3,972 milliards d’euros cette année).
Jusqu’à 60 jours de retard
« Ces entreprises ne payent pas leurs fournisseurs correctement », lance Thierry Millon, directeur des études d’Altares, en charge de l’indicateur trimestriel pour la MIE. Elles accusent un retard de 13 jours en moyenne par rapport aux délais fixés par la loi LME (45 jours fin de mois ou 60 jours à compter de la date d’émission de la facture). Ce qui ferait des entreprises de l’Hexagone les championnes européennes en la matière, analyse l’indicateur (voir document joint).
Le nombre de jours retard de paiement augmente en fonction de la taille de l’entreprise |
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10,5 jours Artisans Commerçants |
12,5 SARL |
14,4 SA |
Certaines entreprises vont même « bien au-delà », avance Thierry Millon. Avec des retards pouvant culminer à 50, voire 60 jours, précise Pierre Pelouzet, le médiateur national des relations inter-entreprises.
Ce qui permet de conclure que neuf entreprises sur dix en France – ETI et grandes entreprises – règlent leurs fournisseurs avec retard. Loin devant l’Allemagne où seulement quatre entreprises sur dix ne jouent pas le jeu. Mais ce qui nous situe presque dans la moyenne européenne – qui s’élève à huit sur dix.
Entre maladresse et malhonnêteté
Pour Thierry Millon, « les comportements sont variables selon la nature de l’entreprise avec laquelle ils [les donneurs d’ordre, ndrl] travaillent ». Les « fournisseurs stratégiques » seraient payés en temps et en heure, analyse-t-il. Au contraire, les donneurs d’ordre se montreraient « moins courtois, moins assidus », vis-à-vis de « fournisseurs de seconde génération », avance-t-il.
Autre analyse portée par Pierre Pelouzet, celle d’un comportement plus ou moins volontaire. Certaines entreprises utiliseraient des systèmes de facturation tellement compliqués qu’elles-mêmes « n’arriveraient plus à suivre ». Le processus de règlement de la facture « prendrait plus de temps que le temps légal », estime-t-il. D’autres, au contraire, tenteraient « sciemment de se faire du cash sur le dos de leurs fournisseurs », lâche-t-il. A titre d’exemple, il note la panne informatique de fin d’année qui arrive juste à temps pour améliorer les ratios financiers de l’entreprise et faire plaisir aux actionnaires.
Tous les secteurs ne peuvent, cependant, être logés à la même enseigne. « C’est dans les services que l’on retrouve les plus mauvais payeurs », selon Thierry Millon. L’industrie « respecte plutôt ses engagements », même si cette affirmation ne se vérifie pas pour toutes, poursuit-il. Enfin, et contre toute attente, le « bâtiment est le secteur le plus vertueux ». Sans doute parce qu’on y retrouve beaucoup de PME…
Dans l’optique de rendre publics les comportements des retardataires, le Premier Ministre, Manuel Valls, a annoncé, mardi, que les sanctions administratives instaurées par la loi Hamon seraient publiées pour les grandes entreprises.
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