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Mounir Mahjoubi dévoile son plan pour numériser les TPE/PME

Présenter un catalogue en ligne, être présent sur une plateforme… les pistes sont nombreuses pour faire ses premiers pas vers le numérique. Dans le cadre d’une rencontre organisée par l’Association des journalistes des PME (AJPME), Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat en charge du numérique auprès du Premier Ministre, s’est confié sur la transformation digitale des petites entreprises. D’ici la fin du premier semestre, le gouvernement va lancer un site pour aider les entreprises à se lancer, rassemblant des témoignages, des adresses de prestataires et des fléchages vers tous les financements disponibles.

Mounir Mahjoubi dévoile son plan pour numériser les TPE/PME

« Depuis qu’un opticien implanté dans une ville de moins de 5 000 habitants a mis en ligne les 300 montures de son magasin, il a vu son CA augmenter de 50% » raconte Mounir Mahjoubi. Des histoires comme celles-ci, le secrétaire d’Etat en charge du numérique auprès du Premier Ministre en a plein. « Aujourd’hui le numérique a un impact réel pour tous les publics. » Il ne s’agit pas pour les TPE/PME de se lancer dans de grandes technologies mais simplement d’adopter des produits numériques simples où elles pourront y trouver un intérêt direct et un ROI à court terme. Conscient du retard numérique des TPE-PME françaises – la France est au 16e rang européen pour l’utilisation du numérique pour le commerce, l’industrie*–, Mounir Mahjoubi veut lancer un dispositif d’appui ciblé sur les entreprises de moins de 50 salariés, afin de leur permettre de faire « les premiers pas » décisifs en matière de numérisation de leur activité. Le 30 octobre dernier, il annonçait ainsi au Parisien son objectif « d’aider l’an prochain 1 million d’entreprises ».

Plateforme numérique avec prestataires de proximité d’ici la fin du 1er semestre

Concrètement, une plateforme en ligne devrait voir le jour d’ici la fin du premier semestre. Conçue sur le modèle de la plateforme www.cybermalveillance.gouv.fr/ réalisée avec l’ANSSI (agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), celle-ci contiendra à la fois des recommandations et des conseils de produits numériques, les coûts estimatifs, les aides disponibles, des contacts de prestataires de proximité et l’impact de chaque initiative via des témoignages d’entreprises similaires. Sur la question de la certification des prestataires, libres de s’inscrire sur la plateforme, Mounir Mahjoubi a répondu ne pas vouloir sécuriser le dispositif pour ne pas laisser la porte ouverte aux seuls grands opérateurs, qui ne répondent pas aux besoins des TPE/PME. « Les petites entreprises veulent des offres de proximité accessibles. » Néanmoins, le secrétaire d’Etat pointe du doigt le manque de prestataires de proximité. D’où une nécessaire mise en relation entre entreprises et jeunes formés aux métiers du digital au sein de la Grande Ecole du Numérique. L’idée est de donner confiance aux nombreuses TPE-PME qui hésitent à sauter le pas, freinées par la masse d’informations et les « injonctions contradictoires » qu’elles reçoivent depuis une quinzaine d’années. «  Cela crée une paralysie car elles ne savent pas par où commencer. » Citant en exemple les démarches de créateurs de mini-sites vitrines gérés de manière automatique qui au final nuisent plus à l’image des entreprises qu’autre chose car elles ne peuvent pas le mettre à jour.

Mieux flécher les financements vers les PME et proposer des concours bancaires adaptés

Autres freins, outre la difficulté à accéder à la bonne information opérationnelle, le manque de moyens humains et financier. « Il faut les motiver quand elles ont peu de moyens » reconnaît le secrétaire d’Etat. En ce sens, la mission d’information confiée à Philippe Arraou, ancien président du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables visait à mobiliser tous les partenaires, publics ou privés (Bpifrance, CCI, régions, prestataires de services, etc.), à la fois pour accompagner et financer les premiers pas numériques et la transformation digitale des TPE PME. L’idée est de mieux flécher les financements et les aides régionales et nationales vers les PME, notamment grâce au budget prévu à cet effet : « Les régions ont des chèques PME numérique mais ne touchent pas le commerce de proximité » regrette Mounir Mahjoubi. Le secrétaire d’Etat s’est en revanche dit hostile à l’idée de créer un « crédit d’impôt numérisation » sur le modèle du CIR. Pour que les banques commerciales jouent le jeu, le gouvernement réfléchit à un « dispositif de diminution du risque », via des garanties de type Bpifrance ou BEI, pour leur permettre de proposer des prêts de 4 000 ou 5 000€ plus adaptés aux petits chantiers de numérisation des petites entreprises. La difficulté étant que les facilités existantes concernent plutôt des gros chantiers et non des microprojets de numérisation correspondant aux besoins des TPE, commerçants ou artisans.

* Classement 2017 d’Eurostat sur 28 pays interrogés

Charlotte de Saintignon

 

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