Interview

Benjamin Suchar, co-fondateur de Yoopies.fr et du mouvement des Moineaux

Co-auteur d’une tribune réagissant au mouvement des Pigeons, Benjamin Suchar souhaite faire entendre la voix des jeunes entrepreneurs, et ce de manière tout à fait indépendante. Baptisé "les Moineaux", ce nouveau mouvement, qui souhaite s’inscrire dans la durée et se poser comme force de propositions, réunit pour le moment une petite centaine d’entrepreneurs.

Benjamin Suchar, co-fondateur de Yoopies.fr et du mouvement des Moineaux

Avec d’autres entrepreneurs, vous avez souhaité réagir au buzz médiatique et politique des Pigeons, via un communiqué de presse. Pour quelles raisons ?

Mon entreprise, Yoopies, exerce son activité dans une pépinière. En discutant avec d’autres jeunes entrepreneurs qui y sont installés, on est partis du constat que même si l’on se sentait aussi un peu des pigeons, on avait plusieurs problèmes avec ce mouvement. Le premier, c’est que ses représentants étaient, pour la plupart, soit des entrepreneurs à succès que l’on admire, soit des investisseurs dont on a absolument besoin, mais qu’il n’y avait aucun jeune entrepreneur qui pouvait représenter nos galères.
Ensuite, on n’a pas forcément apprécié le rapprochement, voire la tentative de reprise de ce mouvement par le patronat, notamment le Medef. On pense que les entrepreneurs ne doivent pas être marqués idéologiquement. De notre point de vue, il est très important, pour être crédibles et écoutés, de rentrer dans une logique qui soit non partisane.
Et enfin, troisième point, nous avons regretté que le discours se soit cristallisé sur cette affaire de taxation des plus-values alors que, pour nous, ce n’est pas l’essentiel.

Votre mouvement se fait appeler les Moineaux. Comment se définit-il par rapport à celui des Pigeons ?

Ce sont les médias qui nous ont baptisés comme cela parce que nous avions dit que nous ne nous sentions pas des pigeons, à peine des moineaux…
Maintenant qu’il y a eu ce très bel écho donné au mouvement des Pigeons, nous souhaiterions saisir la balle au bond pour faire prendre conscience au gouvernement que l’entrepreneuriat et les start-up ne sont pas simplement un enjeu de la loi de finances 2013, mais un véritable enjeu économique pour l’avenir de la France, pour son innovation et sa croissance.
Avec d’autres jeunes entrepreneurs, nous refusons d’aller dans une logique jusqu’au-boutiste à uniquement discuter de l’impôt sur les plus-values de cession. Ce qui nous semble intéressant, en revanche, c’est d’être force de propositions et de faire prendre conscience des enjeux de l’entrepreneuriat, qui n’est pas, selon nous, valorisé à sa juste valeur.
On a lancé un pavé dans la mare avec cette tribune, mais on s’inscrit en fait dans une réflexion et une structuration à long terme. C’est pour cette raison que nous avons lancé une plateforme collaborative : elle permet à n’importe qui de faire des propositions. Cela pourrait aboutir, éventuellement, à la réalisation d’un rapport sur l’entrepreneuriat avec des mesures concrètes qu’on présenterait à la ministre des PME, Fleur Pellerin.

Quelles sont vos revendications ?

On nous a reprochés de dire qu’on n’est pas des patrons, mais des entrepreneurs. Il faut dire que le mot « patron » a pris une connotation tellement péjorative qu’on ne s’y reconnait absolument pas : un patron, c’est un dirigeant généralement âgé, à la tête d’une grosse entreprise… Ce n’est pas vraiment l’image de l’entrepreneuriat telle qu’on la vit.
Nous ne disons pas que nous sommes leur opposé, mais que nous sommes complémentaires. Nous représentons des start-up à forte croissance, qui s’adossent souvent au numérique et qui ne sont pas représentées aujourd’hui dans le débat public, politique et médiatique. Sans vouloir focaliser sur l’âge, je ne vois pas souvent une personne de moins de 30 ans s’exprimer alors qu’il y a énormément de jeunes qui entreprennent. Il faut donc moderniser le discours et changer l’image !
Nous souhaitons attirer l’attention sur la juste rémunération du risque et les enjeux de l’entrepreneuriat en France. Par exemple, plutôt que de focaliser le débat sur le pourcentage de taxation des plus-values, est-ce qu’on ne devrait pas étendre le dispositif de jeune entreprise innovante (JEI) à toutes les entreprises risquées, et par la même occasion, définir ce qu’est une entreprise à risque ?

Quelles problématiques rencontrez-vous personnellement dans votre activité ?

Yoopies est une jeune entreprise innovante. Ce statut nous permet de bénéficier d’exonérations de cotisations sociales, mais pour cela la JEI doit être purement technologique. Dans notre cas, cela veut dire qu’il a fallu monter un dossier un peu tiré par les cheveux pour expliquer en quoi on fait de la recherche, même si ce n’est pas complètement ça. En France, malheureusement, l’innovation est très limitée…
A côté de cela, il existe un dispositif de simplification administrative pour aider les petites entreprises qui s’appelle le Tese, mais il est incompatible avec le statut de JEI.
Je serais donc pour un allègement de cotisations sociales sur le premier ou les deux premières embauches d’une entreprise, cela permettrait de relancer l’emploi et de lancer de jeunes entreprises.

Pourquoi les entrepreneurs ne parviennent-ils pas à faire entendre leur voix sur ces autres problématiques qui, pour un certain nombre, ne sont pourtant pas nouvelles ?

Il y a plusieurs blocages. D’abord, nous constatons qu’il n’y a pas beaucoup de personnes issues du monde de l’entreprise dans le gouvernement. Pourquoi un jeune entrepreneur ne pourrait-il pas y entrer et apporter l’expérience de la création d’entreprise ?
Autre blocage : cette culture partisane que j’évoquais. Les personnes qui ont jusqu’ici porté ces messages sur les préoccupations des entrepreneurs se sont finalement rangées du côté des organismes patronaux. Or, je suis convaincu qu’à partir du moment où l’on mélange un message d’une grande entreprise avec celui d’une PME, on perd toute crédibilité : il ne faut pas hésiter à se mettre en opposition avec des organismes comme le Medef, à piocher dans des mesures à droite à gauche, à mettre en avant des sujets différents comme l’entrepreneuriat social … L’innovation doit être aussi dans le message porté !

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME

Yoopies fait entrer le baby-sitting dans l’ère du 2.0

Cette jeune entreprise se présente comme une alternative aux agences et aux petites annonces pour les parents à la recherche dune garde pour leur progéniture. Yoopies propose en effet un système de recherche multicritères et géolocalisé, qui permet aux parents de trouver la perle rare comme une assistante maternelle anglophone, titulaire du permis de conduire, ou une baby-sitter ayant l’expérience des nourrissons, etc. 

La plateforme se rémunère via un système d’abonnement, à partir de 4,90 euros par mois qui permet aux parents d’accéder à des idées de sorties et des deals orientés famille et enfant.
Les baby-sitters, assistantes maternelles et autres nounous s’inscrivent librement, mais doivent suivre un processus assez long et fastidieux, garantissant un filtre naturel par la motivation. Yoopies peut aussi effectuer une vérification manuelle des informations fournies. En liant leur compte Facebook à leur compte Yoopies, les parents ont également la possibilité de connaître les recommandations de leur réseau sur telle ou telle baby-sitter.
Objectif de Yoopies ? Devenir l’un des leaders européens des sites de mise en relation dans les services à la personne. Pour ce faire, l’entreprise prépare une levée de fonds de 1,5 million d’euros pour début 2013, afin d’étendre le concept à d’autres services et se développer à l’échelle européenne.

Pour en savoir plus : www.yoopies.fr  

 

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