Interview

François Bergerault, co-fondateur et DG de l'Atelier des chefs

Que pensent les entrepreneurs du CICE? Voici l'opinion de François Bergerault, DG de l'Atelier des chefs, qui, bien qu'il y ait eu recours, est loin d'être conquis par ce dispositif.

François Bergerault, co-fondateur et DG de l'Atelier des chefs

1) Avez-vous eu recours au CICE ? Quel a été votre sentiment sur ce dispositif ?

Oui nous y avons eu recours en septembre 2013. Au milieu du marasme et des augmentations de charges, c’était une façon de récupérer un peu de cash. Comme j’ai la chance d’avoir un DAF, la procédure n’a pas été très contraignante. En revanche, nous avons fait appel à la Banque publique d’investissement (BPI) pour bénéficier d’une avance sur notre CICE. Cette avance n’est bien sûr pas gratuite, et, au même titre que pour un prêt, le taux d’intérêt est décidé en fonction de la taille de l’entreprise, de sa santé financière etc. Mais nous savons aussi que la relation préalable entre l’entreprise et la BPI compte aussi…

Je comprends que les petites entreprises hésitent à y avoir recours. Beaucoup n’ont pas de DAF, et il y a aussi la peur du contrôle fiscal !

2) Ce dispositif vous semble-t-il adapté aux besoins des entreprises ?

L’objectif du CICE est de financer les entreprises à hauteur de 20 milliards d’euros, ce qui est louable. En revanche, il aurait été beaucoup plus simple de baisser les charges de 20 milliards ! A la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, elles ont considérablement augmenté. Etant donnée notre activité, l’Atelier des chefs est assimilé à de la restauration. On nous a donc supprimé toutes les aides dédiées aux entreprises de main d’œuvre, sous prétexte que la TVA allait baisser. Finalement, l’Atelier des chefs n’a pas pu bénéficier totalement de cette baisse de TVA et de toute façon, celle-ci réaugmente en 2014, alors qu’on ne peut pas augmenter les prix.

Le problème majeur est qu’aujourd’hui on réfléchit à l’envers. On sollicite nombre de fonctionnaires pour traiter le CICE, alors qu’en baissant les charges tout était beaucoup plus simple. Et nos salariés aussi en pâtissent.

3) En quoi les salariés pâtissent du CICE ?

Le CICE est calculé sur le montant des rémunérations n’excédant pas 2,5 fois le Smic. Cela n’incite vraiment pas les employeurs à augmenter les salaires. Quand j’ai fait mon budget 2014, j’ai bien entendu pris en compte le calcul du crédit d’impôt, ce qui limite automatiquement les augmentations salariales. Cela crée un plafond de verre pour l’ensemble des salariés. Encore une fois, la baisse des charges aurait été plus naturelle, et il n’y aurait pas eu de tels effets pervers. Aujourd’hui, les gens qui gagnent 2500 à 3000 euros sont considérés comme des nantis. Mais un pays où il est impossible de gagner plus de 1500 euros, c’est un pays qui meurt.

Propos recueillis par Sophie Roy

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