Interview

Laurent Bérail, co-fondateur et Président de La Manu

Faire tomber les murs qui séparent les entreprises, notamment les PME, des étudiants, tel est le credo de Laurent Bérail, co-fondateur de La Manu. Une ambition qui passe avant tout par un langage commun…

Laurent Bérail, co-fondateur et Président de La Manu

Quel est votre parcours avant La Manu ?

Je suis attaché territorial et depuis quatre ans, je siège au Conseil économique et social. J’y ai conduit, il y a un an, un rapport sur la question du travail étudiant et des compétences transversales qu’on y acquiert, notamment en ce qui concerne les codes liés au monde de l’entreprise. J’y ai dégagé des propositions concrètes pour valoriser le travail étudiant.

Pourquoi avoir choisi de travailler sur ce thème ?

J’ai moi-même travaillé pendant mes études. 7 étés comme électricien monteur dans le milieu industriel et 2 ans comme gardien. Quand je suis passé dans le monde professionnel, je ne parlais jamais de cette expérience, ce qui, avec le recul, était une véritable erreur. D’ailleurs, quand j’ai commencé à l’évoquer auprès de mes collègues, leur regard a changé. Ces expériences professionnelles m’ont en effet permis d’intégrer des notions comme le respect des horaires, des délais, le travail en équipe, etc.

Comment est née La Manu ?

Depuis la crise du CPE, Julie Coudry n’a pas lâché l’affaire sur les conditions d’accès à l’emploi des jeunes issus de l’université (à la tête de la Confédération étudiante, elle a été l’une des figures médiatiques de la contestation étudiante vis-à-vis du contrat première embauche. Elle est aujourd’hui la directrice générale de La Manu, NDLR). Avec ses équipes, elle a pas mal travaillé sur cette problématique. Elle a d’ailleurs beaucoup contribué à l’introduction d’une troisième mission pour l’université : l’insertion professionnelle des jeunes, inscrite dans la loi relative aux libertés et responsabilités des universités.
La naissance de La Manu s’est construite sur le raisonnement suivant : pour faire de nouvelles choses, il faut un acteur nouveau. L’idée, c’est de fabriquer un lien non pas entre l’université et les entreprises, mais directement entre les étudiants et les entreprises.

Quelles actions vont être mises en place ?

Nous voulons initier des rencontres sur les campus et lieux de vie des étudiants. Dès 2009, nous allons développer l’agence sur les territoires. Nous souhaitons être présents sur dix territoires d’ici quatre ans, de manière à pouvoir impacter 600.000 étudiants.

Quel est la cible des entreprises visées ?

Notre volonté est de permettre aux étudiants de se représenter la réalité du monde de l’emploi. Et cette réalité, ce sont les TPE et les PME locales.

Quel est l’intérêt pour les PME de prendre part à cette initiative ?

La première raison est démographique. Dès 2009, les départs des baby boomers commencent sérieusement. Or, les universités représentent un vivier intéressant pour éviter la consanguinité dans les entreprises, résultant du recours à un profil unique. Par ailleurs, notre performance économique de demain est basée sur notre capacité à valoriser la matière grise. C’est par ce biais que l’on pourra rester dans la compétition.

Les étudiants vont-ils vraiment intéresser tous les secteurs, notamment l’artisanat ou l’hôtellerie-restauration ?

Oui, je le pense, en particulier tous ces étudiants qui arrivent à l’université sans savoir ce qu’ils y font et ceux qui en sortent sans la licence. Ces secteurs sont en mesure de leur apporter la formation professionnelle qui leur manque.

Quels sont vos moyens pour mener à bien votre mission ?

La Manu est une association loi 1901, soutenue par des fonds publics et des entreprises, mais on préfère la présenter comme une agence. On tient en effet à l’exigence de professionnalisme dans ce que l’on va faire.

Le contexte économique actuel ne risque-t-il pas de peser sur cette initiative ?

Le retournement démographique aura lieu, quelle que soit la conjoncture. Certes, la crise va avoir des effets sur l’emploi, les nécessités de recrutement se feront moins pressantes, mais sur le fond, cela ne change rien à la tendance des dix ans à venir. Néanmoins, les jeunes servant souvent de variable d’ajustement dans les contextes de crise, il est d’autant plus important de leur donner des outils pour mieux se valoriser et découvrir le monde de l’entreprise. Dans le cas contraire, beaucoup de jeunes accepteront le travail qui se présentera, même si ce n’est pas le bon, avec les risques de turn-over et de contre-performance que cela induit.

Avez-vous un message particulier à adresser aux dirigeants de TPE et PME ?

Les étudiants ont du talent et ils représentent une partie de vos salariés de demain ! Soutenez l’initiative de La Manu en vous inscrivant au Club Partenaires. Par ce biais, vous pourrez vous faire connaître des étudiants, élargir le spectre de vos recrutement et limiter les erreurs de casting. Enfin, n’hésitez pas à venir nous voir jeudi 6 novembre à la Cité des Métiers, à Paris ! De 9h30 à 13h, quelque 300 acteurs du monde économique, social et universitaire et notamment des PME s’y rencontreront pour lancer officiellement La Manu…

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME

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