Interview

Marc Klughertz, dirigeant de Sadamec, PME industrielle à Eckbolsheim (67)

À l'aube de la retraite, Marc Klughertz, ex-cadre de Hewlett Packard, a retroussé ses manches et pris les rênes d'une PME industrielle alsacienne, Sadamec. Deux ans plus tard, il a rationalisé et diversifié son activité et déménagé l’entreprise sur un site unique.

Marc Klughertz, dirigeant de Sadamec, PME industrielle à Eckbolsheim (67)

Pour quelles raisons avez-vous jeté votre dévolu sur Sadamec ?

Je cherchais une PME à très fort rendement, quel que soit son secteur d’activité, avec deux prérequis : qu’elle dispose d’une activité scindée en au moins deux départements distincts, et que les salariés aient une excellente connaissance à la fois des produits et des clients. Sadamec, société spécialisée dans les ponts de levages et les télécommandes, m’a tout de suite séduit. Mais les codirigeants de cette entreprise familiale, qui souhaitaient prendre leur retraite, effrayés par mon CV, ont longtemps refusé de m’accorder un entretien. Après huit mois de tractations et une rencontre décisive, ils ont finalement accepté de me céder l’entreprise.

Quelle était alors sa situation ?

En l’absence de repreneur, cette société créée en 1928 se serait éteinte de sa belle mort. La situation financière était, à mon arrivée, catastrophique. À une trésorerie déjà malmenée, notamment à cause de problèmes de fournisseurs, s’est greffée la crise économique. Cette première année a été difficile, j’ai investi beaucoup de mon argent personnel pour maintenir à flot l’entreprise, en attendant que la nouvelle stratégie de développement porte ses fruits. Pour relancer Sadamec, j’ai surtout capitalisé sur le savoir-faire technique des salariés (27 à la reprise, 30 personnes aujourd’hui). J’ai été contraint de me séparer de quelques personnes ces derniers mois, mais il était primordial de préserver au maximum le savoir-faire interne.

Qu’avez-vous changé à votre arrivée ?

Le premier chantier a été de moderniser l’outil informatique : nous avons investi dans un ERP, des logiciels de comptabilité, etc. Nous avons ensuite mis à plat toute l’organisation. En conservant les deux départements déjà en place. SADlev, activité historique de la société de ponts de levage, représente aujourd’hui 45 % de notre chiffre d’affaires. SADtec, pour l’activité télécommandes, a vu son service R&D étoffé. En innovant sans cesse, nous essayons de toucher de nouvelles niches, dans l’aéronautique, le nucléaire, le naval… avec déjà à notre actif quelques premières mondiales. Nous avons ensuite créé trois nouveaux départements : SADfab, né du rapatriement en interne des activités auparavant sous-traitées, SADpro, une activité de service mettant à profit nos compétences en process industriel, et enfin SADac, nouvellement créée, autour d’un volet formation.

Vous avez aussi choisi de déménager…

À Illkirch, les deux départements de la société étaient scindés en deux sites. J’ai souhaité rationaliser l’organisation et notre façon de travailler. Tout en réduisant les coûts – dans les process mais aussi en termes de location des bureaux- le nouveau site d’Eckbolsheim étant de 30 à 40 % moins cher, avec en bonus des locaux plus sympas et fonctionnels. Le déménagement a aussi facilité les synergies entre les différentes équipes.

Et maintenant ?

Du fait de la crise, le marché français ne suffit plus. Nous avons déjà un portefeuille clients conséquent, et un taux de pénétration de 70 %. Maintenant que les produits et les hommes sont mûrs pour le faire, on commence à travailler le développement à l’export : la Pologne, le Vietnam, le Canada, l’Inde, le Mexique aussi.

Propos recueillis par Adelise Foucault
Le Journal des Entreprises

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