Interview

Salim Jernite, Clevy : « Les salariés adoptent facilement notre chatbot »

Fondée il y a à peine un an par 3 professionnels aux parcours atypiques, la startup Clevy propose aux entreprises de créer un chatbot sur mesure pour répondre aux questions de leurs salariés. La dernière nouveauté ? Un chatbot RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) qui aide les sociétés à répondre aux questionnements de leur personnel sur ces nouvelles obligations. Rencontre avec Salim Jernite, CEO et co-fondateur de la jeune pousse.

Salim Jernite, Clevy : « Les salariés adoptent facilement notre chatbot »

Comment est née la startup Clevy ?

Nous sommes 3 co-fondateurs aux parcours très différents. Bastien Botella est développeur depuis 15 ans. Il a été barman en Angleterre pour finir par diriger un hôtel en France. Il a ensuite été formé à l’école 42 (établissement privé d’autoformation en informatique fondée par Xavier Niel). Il y a rencontré François Sechet, ancien violoncelliste professionnel, champion de France de Rubik’s Cube et photographe. À la sortie de l’école, ils finissaient toujours premiers aux hackatons auxquels ils participaient. Ils ont donc tous deux décidé de monter une société ensemble sous le nom de EUN Digital. Je les ai rencontrés alors qu’ils recherchaient un troisième collaborateur et ça a tout de suite matché ! En janvier 2017, ils m’ont montré un petit produit incroyable qu’ils avaient mis au point pour Hack The Office en 2016 et qu’ils avaient continué à peaufiner. Quand j’ai vu ce chatbot je me suis dit : « C’est trop cool, créons une startup ! » et Clevy est née.

Comment fonctionne votre chatbot ?

Notre chatbot est boosté à l’intelligence artificielle. Tout d’abord, l’entreprise qui l’a commandé lui inculque une centaine de questions-réponses. Les salariés peuvent ensuite le contacter via n’importe quel canal qu’ils utilisent au quotidien : Skype entreprise, Messenger, Whatsapp… Lorsqu’on lui pose une question, le robot va essayer de comprendre l’intention et donne la réponse qui correspond le plus à cette probabilité. C’est un chatbot comprenant. S’il ne sait pas répondre, il va demander à une personne référente (le chef d’entreprise, le responsable RH…) la solution. Une fois qu’elle lui aura été donnée, il l’enregistrera. En moyenne, entre 70 et 78 % des réponses sont automatiques sur les 300 à 1500 questions posées chaque mois.

Autre avantage de Clevy : on a un bon taux d’adoption ! Les salariés sont déjà habitués aux messageries professionnelles par lesquelles ils contactent le chatbot, donc ils n’ont aucune difficulté à se l’approprier !

Quelles sont les questions les plus posées par les salariés ?

Il faut savoir d’abord que toutes les interactions avec le chatbot sont anonymisées. Nous avons une dizaine de gros clients (entre 900 et 100 000 salariés) qui l’utilisent actuellement parmi lesquels Danone ou encore la SNCF. Les demandes les plus récurrentes concernent les droits du personnel comme : « Quels sont les droits à congés ? » qui est la question la plus posée. En deuxième position nous avons : « Comment ouvrir mon compte épargne-temps ? » et troisième au classement : « À qui remettre mon arrêt de travail ? ». Tant de questionnements qui libèrent 25 % de temps aux ressources humaines et qui économise des milliers de mails. Le chatbot facilite aussi le quotidien des employés : il y a trop d’outils donc ils ne savent plus où chercher l’information.

Avez-vous un nouveau projet de chatbot en vue ?

On est en train de travailler sur une version de notre robot dédié aux PME et ETI, que nous lancerons en octobre. Il aidera les salariés sur des questions techniques comme les problèmes d’informatique, ou encore sur l’apprentissage de l’utilisation de nouveaux outils, qui génère beaucoup de questions de la part des salariés généralement. Ce modèle sera totalement adapté aux besoins des petites entreprises, bien différents de ceux des grands groupes. Ces derniers ont besoin d’un accès très sécurisé au logiciel et de nombreux profils d’utilisateurs alors que pour les PME l’enjeu est d’automatiser un maximum le chatbot pour qu’elles n’aient pas besoin d’assistance. Le prix aussi sera adapté au budget des petites sociétés.

Selon vous, quel est l’avenir du chatbot ?

On est persuadés que l’avenir sera conversationnel. Pourquoi ? La population en a marre d’apprendre à utiliser une vingtaine d’outils différents : on veut de la simplicité. Par exemple, nous avons beaucoup trop d’applications sur nos smartphones. Un jour, tout sera réuni dans une seule application vocale. Mais avant d’arriver à cette étape, il y a encore beaucoup de chemin à faire.

 

Propos recueillis par Melissa Carles 

 

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