Interview

Valérie et Patrice Boudier, dirigeants de La Bande Dessinée

A l'origine, sans expérience du secteur de la librairie, Valérie et Patrice Boudier participent pourtant depuis six ans à la vie commerçante du quartier de la Croix-Rousse, à Lyon, où fans de BD et de mangas se retrouvent. Zoom sur un couple à la ville comme à la boutique…

Valérie et Patrice Boudier, dirigeants de La Bande Dessinée

Comment en êtes-vous venus à travailler ensemble ?

Valérie Boudier : Nous vivions à Paris quand Patrice, mon mari, est devenu responsable d’une agence SSII à Lyon. J’étais alors assistante commerciale dans le milieu du prêt-à-porter et je l’ai suivi. Au chômage au moment de fêter mes 40 ans, j’ai eu envie de me mettre à mon compte. Et comme Patrice avait un salaire suffisant pour que je monte ma boîte sans mettre notre famille en péril, je me suis lancée en créant ma librairie spécialisée, La BD. Finalement, il m’a rejointe quelques mois plus tard : l’entreprise fonctionnait et j’envisageais d’embaucher…

Comment ça se passe au quotidien ?

V.B. : Au début, nous étions dans un petit local de 30 mètres carrés à la Croix-Rousse et l’on se marchait sur les pieds. Au sens propre ! Par exemple, on n’avait qu’une seule banque pour accueillir les gens, faire les encaissements, les retours, etc. Résultat : ça a été l’enfer au niveau relationnel ! Aussi, lorsqu’on a déménagé à quelques mètres de là, dans la même rue, pour une surface de vente d’une centaine de mètres carrés, ça a tout changé. On n’a pas eu besoin de faire de mise au point, ça s’est fait tout seul.

Comment vous répartissez-vous les rôles ?

V.B. : Lui, c’est le passionné, moi je le remets dans le droit chemin ! En fait, Patrice s’occupe de tout ce qui concerne la bande dessinée, les relations avec les auteurs, les éditeurs… Moi je gère la partie administrative et financière. Toutes les prises de commande se font ensemble, de même que les décisions importantes, comme la fermeture cet été de notre seconde boutique consacrée aux mangas et la création d’un espace dédié à l’intérieur de La BD.

Sur le plan juridique, de quelle façon êtes-vous organisés ?

V.B. : Sur le plan privé, nous nous étions mariés sous le régime de la séparation de biens, car je suis issue d’une famille de commerçants qui m’avait expliqué que c’était plus prudent si l’un de nous envisageait de créer son activité un jour. Au final, nous sommes tous les deux devenus entrepreneurs. Nous sommes associés à 50-50 dans une SARL. Je suis TNS (Travailleur non salarié, NDLR) et lui est salarié de l’entreprise.

Patrice Boudier : On voulait être tous les deux au même niveau et se protéger. On a pensé à toutes les portes de sortie et notamment au fait que ça ne puisse plus marcher.

Qu’est-ce que ça a changé pour votre couple ?

P.B. : Sur le plan familial d’abord, c’est très différent. Nous sommes ouverts 6 jours sur 7 et le samedi. Les enfants allant à l’école le lundi, cela signifie qu’on ne part plus en week-end. De plus, je pense qu’ en couple on en fait moins qu’à deux associés classiques. Par exemple, je suis le seul à aller voir les salons, les festivals. Si je n’y vais pas, personne n’y va.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui voudraient faire comme vous ?

P.B. : D’avoir un bon caractère ! Plus sérieusement, c’est vrai que ce n’est jamais évident de travailler à deux et encore moins en couple. On a tendance à ramener les problèmes qu’on a dans le travail à la maison. Il faut beaucoup arrondir les angles, discuter quand il y a des problèmes, communiquer encore plus que dans n’importe quel couple.

V.B. : Quand on s’est marié il y a 18 ans, je n’aurais jamais imaginé bosser un jour avec lui ! Il est important de bien se connaître pour que ça marche, d’attendre d’avoir un certain nombre d’années de vie commune avant de se lancer. Il faut aussi respecter les terrains de l’un et de l’autre et avoir les mêmes envies.

Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction NetPME

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