88 % des chefs d’entreprise sont stressés par leur travail

« Le stress fait partie du quotidien du chef d’entreprise » affirme Jean Emmanuel Roux, fondateur et président de TeePy Job, une plateforme d’emploi dédiée aux 50 ans et plus et de TeePy Interim (12 salariés). 88 % des chefs d’entreprise interrogés par la plateforme technologique Square* reconnaissent qu’ils ressentent le stress lié à leur travail. 10 % admettent même être « très souvent stressés ». Ce, sur de multiples sujets : développement, trésorerie, paiements, RH…

« Quand on a 50 salariés, on a potentiellement 50 problèmes sur la table le matin : lorsqu’ils ont un problème cela se répercute sur vous », confie Jean Emmanuel Roux. Néanmoins, le stress est selon lui un moteur qui permet d’être plus performant. Louis de La Barthe, co-fondateur et CEO de Savr, solution anti-gaspi pour l’événementiel et la restauration collective, distingue de son côté charge mentale et stress. « J’ai en permanence une petite charge mentale, que les affaires soient florissantes ou non. En revanche, dans mon cas, le stress n’intervient que dans les moments de tension : difficulté de trésorerie, échec d’un gros contrat, etc. ».

De la gestion opérationnelle à la stratégie, les dirigeants jonglent avec une multitude de responsabilités, tout en essayant de maintenir un équilibre entre leur vie professionnelle et personnelle. A ce sujet, un quart éprouve des difficultés à maintenir cet équilibre. « Quand on a son entreprise, il est difficile de « couper » mentalement quand on quitte le travail car c’est un peu notre bébé et le travail nous suit sans arrêt mentalement. Les périodes de bonnes nouvelles, il est plus facile de couper quand on rentre chez soi le soir ou bien le week-end, mais dans les périodes plus compliquées, les problèmes nous rattrapent et restent dans la tête, et peuvent même aller jusqu’à nous réveiller la nuit », confie Kévin Gougeon, directeur général de N’go Shoes, qui conçoit et fabrique des baskets éco-responsables.

Leur charge mentale est exacerbée par une conjoncture économique complexe, qui crée une incertitude quotidienne. « Nous sommes face à des éléments que nous ne pouvons pas maîtriser mais avec lesquels nous devons composer : inflation, problèmes géopolitiques ayant un impact sur les conteneurs maritime, baisse du trafic dans les magasins, etc. » commente Kévin Gougeon. Face à ces défis, un professionnel sur trois évoque la solitude du chef d’entreprise qui ne fait qu’aggraver ce risque de charge mentale.

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Incertitude financières

« La charge mentale principale est l’épée de Damoclès que chaque entrepreneur a : faire rentrer du CA ! » confie Sandrine Hueber, fondatrice de Sand’rions, qui propose des team buildings et des séminaires pour les entreprises. Ce que confirme Kévin Gougeon : « Le facteur de stress le plus grand, ce sont les problèmes de trésorerie. Dans les périodes où la trésorerie vient à manquer, cela génère du stress ».

L’incertitude financière constitue ainsi la première source d’appréhension pour les chefs d’entreprise. Lorsqu’ils sont interrogés sur les freins à la création, 47 % des personnes interrogées citent en premier lieu l’instabilité financière, tandis que 32 % soulignent leur incapacité à se verser un salaire. Ainsi, l’augmentation des coûts de production liée à l’inflation, conjuguée à la baisse des dépenses des ménages, sont des préoccupations pour respectivement 39 % et 33 % des dirigeants. Cette situation crée un environnement commercial encore plus compétitif.

Deuxième source de difficultés, l’acquisition de nouveaux clients (pour 36 % des personnes interrogées).

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S’organiser et prendre du recul

Parmi les autres défis auxquels sont confrontés les dirigeants et les freins à la création d’entreprise, citons la complexité de la gestion administrative, comptable et juridique, y compris les déclarations à l’Urssaf et la gestion de la facturation, pour 40 % des personnes interrogées. Cela démontre le poids important des tâches administratives et de la gestion quotidienne pour un chef d’entreprise. Heureusement, les outils technologiques, dont l’intelligence artificielle, sont considérés comme des solutions essentielles pour soulager la charge mentale. Autre recours, la méditation, reconnue comme une manière efficace pour soulager le stress, est pratiquée par la moitié des chefs d’entreprise.

Jean Emmanuel Roux conseille de son côté d’anticiper le stress et de bien s’entourer. « Il faut apprendre à le gérer et prendre du recul. Et ne pas paniquer ou s’énerver, au risque sinon de perdre du temps et la santé ». Si pour le chef d’entreprise, « certaines personnalités le supportent mieux que d’autres », il consent que « cela s’apprend avec l’expérience, même si cela ne s’apprend pas à l’école ». « Avec le temps et l’expérience, on apprend à vivre et composer avec ce stress permanent », assure lui aussi Kevin Gougeon. Sandrine Hueber, elle, s’est formée sur le sujet pour essayer de l’éviter au maximum. « Je suis super organisée. J’organise mes plannings de travail par tranches de 2 h pour un sujet. Je m’octroie du temps pour moi, et surtout je m’oblige à partir en vacances ».

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* Etude Square réalisée en partenariat avec Ipsos. Digital auprès de chefs d’entreprises de moins de 5 000 salariés et d’auto-entrepreneurs

Charlotte de Saintignon