Actu

ETIncelles veut faire grandir les PME et ETI

Faire de l’accélération des PME et ETI une priorité nationale. C’est l’objectif du programme national ETIncelles lancé par le gouvernement le 21 novembre dernier. Après une phase pilote entamée début 2023 avec une première promotion de 50 PME en croissance, le programme a intégré 50 nouvelles PME représentatives de la richesse de l’économie française. Objectif, créer « 1 000 ETI de plus avant la fin du quinquennat » et contrer ainsi la fragilité du tissu des PME en France.

ETIncelles veut faire grandir les PME et ETI
Sur le modèle de la French Tech, le dispositif vise à accompagner et faire grandir « les PME qui ont le potentiel et la volonté de devenir des ETI, en identifiant notamment les freins administratifs à leur croissance pour mieux les lever et dans les meilleurs délais ». © Getty Images

« 146 000 PME au sein desquelles 20 000 PME de croissance dont vous êtes des symboles. 10 % de croissance annuelle sur les deux dernières années, plus de 2 milliards de chiffre d’affaires cumulés en 2022, 122 salariés en moyenne ». C’est avec ces différents chiffres que la ministre déléguée chargée des Petites et moyennes entreprises, Olivia Grégoire, a entamé le lancement du programme ETIncelles, pour montrer à la fois « la performance » et « la puissance » de ces PME de croissance, « le poumon économique » du pays.

Sur le modèle de la French Tech, le dispositif vise à accompagner et faire grandir « les PME qui ont le potentiel et la volonté de devenir des ETI, en identifiant notamment les freins administratifs à leur croissance pour mieux les lever et dans les meilleurs délais ». Sa mission : fluidifier au maximum les relations des entreprises du programme avec l’ensemble des services de l’État. Ce qu’a confirmé Olivia Grégoire : l’objectif, « Vous accompagner pour lever ces cailloux » en tant « qu’assistant maîtrise d’ouvrage ». « On est là pour faire l’AMO de nos PME de croissance qui parfois ont du mal à rentrer en contact nos administrations ».

Crédit d'impôt recherche (CIR) - kit d'estimation et de justification
Passez à l’action :

Crédit d'impôt recherche (CIR) - kit d'estimation et de justification

Blocages et difficultés

Restituant les échanges avec les chefs d’entreprises, la ministre est revenue sur les blocages et difficultés récurrentes liés à leur développement qu’ils peuvent rencontrer au quotidien : accès aux marchés publics, problème de recrutement, manque de visibilité sur les aides et subventions… Ce qu’Emmanuel Macron a également reconnu : « À chaque fois que l’on passe une catégorie, que l’on est face à un nouveau défi, on a des nouvelles complications administratives, on a des nouvelles difficultés et tout le temps qui est passé sur de l’administratif, c’est du temps que l’on vous fait perdre ». Et de résumer ainsi : « C’est une petite équipe qui vous aide à traiter la complexité sur les projets qui sont les plus structurants et qui vous fait gagner du temps ». Seule contrepartie de cet « accompagnement bienveillant », « que vous alliez encore plus vite et que vous redoubliez d’ambition », a-t-il indiqué.

L’entreprise aixoise Aramine (120 collaborateurs), qui exporte vers 92 pays la totalité des machines d’exploitation minière qu’elle produit – chargeurs, camions et foreuses – et réalise 30 % de croissance annuel depuis 2020, était jusqu’alors confrontée à de nombreuses difficultés. « Aujourd’hui on appelle toutes les personnes du programme ETIncelles et de la DGE et dans la journée même tout ce que l’on demande est débloqué », témoigne Geneviève Melkonian.

« Jusqu’alors, on ne rentrait pas dans les cases des appels à projet : trop petit, trop gros, pas assez techno […] Avec ETIncelles, on a trouvé un moyen de faire rentrer notre projet de production d’équipement de radiologie en France dans les cases des appels à projet »

La chef d’entreprise se félicite également de pouvoir exposer ses machines dans les pays étrangers aux côtés de Business France. « Avant nous étions seuls », reconnaît-elle. Le PDG de DMS Group, Samuel Sancerni, a également témoigné en ce sens. L’entreprise de 120 collaborateurs spécialisée dans la conception et la fabrication de systèmes d’imagerie médicale hautes performances réalise 80 % de son chiffre d’affaires à l’international dans 145 pays et ambitionne de devenir une ETI à horizon 2025. « N’étant ni une start-up ni une industrie 4.0, on nous a souvent dit « on peut vous financer la R&D mais on ne peut pas faire grand-chose pour vous. Jusqu’alors, on ne rentrait pas dans les cases des appels à projet : trop petit, trop gros, pas assez techno […] Avec ETIncelles, on a trouvé un moyen de faire rentrer notre projet de production d’équipement de radiologie en France dans les cases des appels à projet ». Elle va ainsi pouvoir monter une ligne de production pour des mobiles de radiologie.

Pour pouvoir intégrer le programme, les entreprises doivent répondre à trois principaux critères : avoir un effectif compris entre 60 et 220 salariés ; connaître une forte croissance au cours des deux dernières années et maintenir une trajectoire importante de développement pour devenir une ETI et être présent ou avoir la volonté de se développer sur les marchés à l’export ou consacrer d’une part conséquente de dépenses à la R&D.

Concrètement, pendant les 12 à 18 mois d’accompagnement, les entreprises intégrées au dispositif bénéficient d’un suivi individualisé par un interlocuteur unique. En tant que contact de premier rang des entreprises, celui-ci réalise un diagnostic, propose des solutions opérationnelles, fait avancer les demandes et assure leur suivi.

Dans les organismes publics et les principales administrations type Business France, Apec, France Travail, Union des Groupements d’Achats Publics (UGAP) ou Direction des Achats de l’État (DAE), un réseau de 45 correspondants ETIncelles est mobilisé. Les chefs d’entreprise ont également la possibilité de partager des informations via une plateforme collaborative, de participer à des webinaires et d’avoir des temps d’échange entre pairs pour mutualiser les bonnes pratiques.

Lire aussi « Mission Transition Écologique » : une nouvelle plateforme à destination des TPE/PME

« Révolution culturelle »

Pendant la phase d’expérimentation, les entreprises issues de la première promotion, qui avaient identifié l’export et la commande publique comme des leviers de développement importants ont ainsi pu définir une stratégie à l’export, prendre connaissance des outils à leur disposition et se familiariser avec les marchés publics et le référencement pour de futurs appels d’offres. Autre problématique récurrente, le recrutement. Sur ce sujet, elles ont été accompagnées pour structurer leur stratégie, poser un diagnostic de leur marque employeur et la travailler.

Sur les difficultés rencontrées liées aux demandes d’aides et de subventions et au manque de visibilité sur les dossiers de recouvrement des CIR, CII et crédits de TVA, l’appui des correspondants au sein de l’administration (DGFiP) doit leur permettre de fluidifier les échanges, d’être au clair sur l’état d’avancement des dossiers, de faciliter l’identification des éventuels points de blocage et d’accélérer les remboursements.

« Quand on aide les plus volontaires à réussir, en tout cas à faciliter la montée, ils tirent derrière eux beaucoup d’autres »

Le programme, qui se veut évolutif, doit permettre à la France « d’être des vrais compétiteurs avec l’Outre-Atlantique », formule Emmanuel Macron. Rappelant que « quand on aide les plus volontaires à réussir, en tout cas à faciliter la montée, ils tirent derrière eux beaucoup d’autres », le président de la République a réitéré sa détermination à aider les PME en forte croissance et les ETI à grandir. Son objectif, « développer une culture de l’accompagnement et de la bienveillance et pas simplement de l’autorisation et du contrôle » et évoluer ainsi vers une « culture de l’agilité, […], du droit à l’erreur, de la simplification ». Et faire en sorte que l’administration soit « une aide à la réussite pour découvrir de nouveaux marchés, ouvrir de nouvelles portes, trouver de nouveaux leviers de croissance ».

Lire aussi Défis, priorités et inquiétudes des entreprises pour 2024

Charlotte de Saintignon

Laisser un commentaire

Suivant