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Les cadres vent debout contre les pratiques manageriales
Selon une étude d'opinion réalisée pour l'Ugict-CGT, les cadres déchantent. Ils ont le sentiment de ne pas être associés aux choix stratégiques, de subir les évaluations opaques tout en ayant une éthique professionnelle à contre-courant des choix de l'entreprise. Par ailleurs, un quart des cadres disent faire confiance aux syndicats pour défendre leurs droits.
Rien ne va plus pour les cadres ! C’est ce que révèle l’Ugict-CGT à travers son enquête sur les opinions et attentes du management, publiée le 22 mai, à l’occasion de son congrès à Dijon. Réalisée par Viavoice (*), elle met en évidence un profond malaise de cette catégorie de personnel, clef de voûte des entreprises.
Un temps de travail plus lourd
Première constatation : 73% des cadres estiment que leur rémunération n’est pas en adéquation avec leur implication et 68% pensent qu’elle n’est pas corrélée avec leur charge de travail. D’autant que leur temps de temps de travail s’alourdit, notamment sous la houlette des nouvelles technologies de l’information. A l’heure des tablettes, portables et Smartphones, 58% constatent un débordement accru de la vie professionnelle sur leur vie privée. Preuve que le droit à la déconnexion n’est pas reconnu dans toutes les organisations.
Les faibles augmentations de salaire perçues ces dernières années entament également leur moral. Au point où 40 % des cadres se dit prêts à prendre moins de jours de RTT pour gagner plus.
Manque de reconnaissance
Globalement, ils se sentent peu reconnus dans leur job. D’où une perte d’identité difficile à vivre. Ainsi, 75% d’entre eux estiment qu’ils ne sont pas associés aux choix stratégiques de leur entreprise. Un score en hausse de 10 points par rapport à 2012. « La tendance est donc à une dépossession accrue des attributions dévolues normalement aux cadres », alerte le syndicat. De même, leur évolution professionnelle plafonne. Un résultat toutefois à nuancer en fonction de l’âge. Car si les moins de 40 ans se disent plus enthousiastes, les plus de 50 ans, eux, déchantent.
Et leur avenir ne s’annonce guère plus rose : seuls 29% des cadres se disent optimistes. 14% penchent même pour une dégradation. D’autant qu’ils ne comptent guère sur leur entreprise pour intercéder en leur faveur. 6% des sondés uniquement font confiance à leur direction pour défendre leurs droits et leur emploi. Préférant d’abord compter sur leurs propres forces.
Critique des systèmes d’évaluation
Un pessimisme qui entraîne un sentiment de défiance vis-à-vis des états-majors. D’autant qu’ils notent une dégradation des pratiques managériales. Ils mettent en cause le système d’évaluation individuelle élaboré par les DRH, qualifié « d’opaque » pour 61% des sondés, c’est-à-dire reposant sur des critères peu objectifs. Or, c’est de ce rendez-vous que découlent les augmentations individuelles, les plans de formation et la gestion des carrières. Surtout, ils soulignent les contradictions entre la stratégie menée par l’entreprise et leurs aspirations, mettant à mal leur déontologie. Plus de la moitié d’entre eux avoue avoir une éthique professionnelle à contre-courant des choix et les pratiques réelles de leur société. Soit deux points de plus qu’en 2010.
25% des cadres font confiance aux syndicats pour défendre leurs droits
Pour l’Ugict-CGT, il « est temps de réhabiliter les cadres dans leur rôle contributif pour leur permettre d’exercer pleinement leur qualification ». Vaste tâche en perspective pour les DRH. D’autant que 6% seulement des cadres disent faire confiance à leur direction pour défendre leurs droits, alors qu’ils sont 10% à faire confiance pour cela à des avocats, 25% aux syndicats et 57% à…eux-mêmes.
(*) sondage réalisé auprès d’un échantillon représentatif de la population cadre de 1003 personnes, qui ont été interrogées en ligne du 3 au 10 avril 2014.
Manque de perspective professionnelle pour les techniciens |
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Côté techniciens, les indicateurs ne sont pas non plus au beau fixe. « Le sentiment d’être reconnu dans son travail s’est dégradé de 10 points depuis mars 2009 », constate l’Ugict-CGT, qui a fait réaliser une seconde étude sur cette catégorie de personnels (*). Ils dénoncent des fiches de paie au rabais au regard de leur implication et leur charge de travail. D’autant que les heures supplémentaires se banalisent, sans paiement, ni récupération en contrepartie. Autre motif d’insatisfaction : le manque de perspective professionnelle. Les formations suivies ne se traduisent pas par une mobilité. 47% d’entre eux souhaiteraient pourtant passer cadre. Pour autant, ils estiment que leurs responsabilités ont tendance à augmenter (50%). Mais l’autonomie professionnelle n’est pas au rendez-vous dans leur travail. Enfin, ils sont plus nombreux que les cadres à faire confiance aux syndicats pour défendre leurs droits (29%). (*) enquête réalisée auprès d’un échantillon représentatif de la population des techniciens de 1 000 personnes, interrogées en ligne du 3 au 10 avril 2014. |
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